Rien ne sert à courir, rien ne sert à se précipiter et surtout rien ne sert à se concurrencer, car chaque chose à son temps, disent les communs des mortels. Et les Luba de répéter souvent : « mesu a bantu akafuisha kazolo buntu », c’est-à-dire à vouloir prouver qu’il savait nager comme le canard, le coq s’est noyé et a eu honte. En effet, annoncé avec pompe, tout en promettant de mettre des pneus au stade des Martyrs, pour enfin le déplacer, la marmite de Lingwala a désillusionné Héritier Wata qui ne l’a pas remplie. Une vraie désillusion !
Le concert de l’artiste musicien Héritier Wata programmé le jour de la Noël s’est tenu malgré tout. Mas le stade des martyrs censé refouler le monde ne l’a pas été. Ses portes se sont ouvertes à 10 heures, une plus tard que prévu. Engouement timide aux alentours. Peut-être parce que beaucoup sont encore aux lieux de culte comme c’est un dimanche. La patience s’invite pour les supporters de La Pulga.
Quelques heures plus tard, le public débarque désormais en masse devant un dispositif sécuritaire commis à l’entrée du stade. Mais à l’intérieur, c’est très loin d’être fameux. Tout se déroule comme sur des roulettes et aucun incident signalé tout de même.
Jusqu’aux alentours de 18 heures, le « Grand Libulu » peinait encore à boucher ses tribunes orphelines du monde. Selon des sources concordantes, la moitié des fans a payé une place pour assister à ce concert-événement dans un stade de 80.000 personnes. Un résultat qui n’a pas été escompté en termes de public.
Il est presque 20 heures, lorsque le « dernier fils du clan Wenge » est monté sur scène habillé de son ensemble de survêtement bariolé, casquette vissée sur le crâne et des lunettes fumées dans les yeux. Chaude ambiance et cris du public. Moto Na Tembe n’a plus attendu que cette arène soit remplie, et a débuté son spectacle par une chanson qui n’est pas de son répertoire à savoir « On me dit souvent » de l’artiste gospel Likofo du Ciel. Ensuite, il demande au public d’observer une minute de silence en mémoire des victimes des atrocités dans la partie Est de la République démocratique du Congo et des artistes Tshala Mwana et Verckys Kiamuangana, tous décédés.
En contrepartie de ce concert non-rempli, Héritier Wata a tout de même fait forte impression livrant un bon spectacle, avec un bel répertoire des chansons choisies. Il ne regrettera pas d’avoir osé ce gros pari, certes, surtout que le résultat sur terrain n’a pas été escompté, nous ne pourrons lui faire des leçons sur son optimisme. Pourtant, beaucoup des analystes ont estimé qu’annoncer un concert en l’espace de deux mois au stade des Martyrs et surtout un dimanche de Noël, n’était pas une bonne idée. Était-il prêt ou pressé à prouver à Fally Ipupa qui venait d’y passer qu’il pouvait aussi faire les mêmes exploits ?
Une question qui vaut son pesant d’or au regard des différentes productions dans ce même endroit, concernant le temps de préparation. Tenez ! Si Fally Ipupa qui compte plus de sept albums dans sa carrière en solo avait pris plus de sept mois pour communiquer sur son concert au stade des Martyrs, le clan Wenge en a pris plus 8 mois, Héritier Watanabe n’en a pris que trois. Pas suffisant pour un si gros test, selon une autre opinion. Certains même ont pointé du doigt la communication du chanteur qui n’a pas été suffisamment à la hauteur.
Beaucoup estiment qu’Héritier Watanabe n’a pas tenu compte de certains paramètres. L’adversité l’a peut-être trahi. En plus, beaucoup ont préféré fêter Noël à la maison, certains craignant pour leurs vies si l’on sait que le dernier concert de Fally Ipupa a causé la mort de plus de quinze personnes, selon des sources policières. Dans tout le cas, malgré ce fiasco, l’histoire retiendra le courage de Gogane, sa détermination. À la prochaine fois peut-être il déplacera ce lourd stade, l’un de plus grands d’Afrique et du monde.