Il s’observe ces derniers temps au niveau de la jeunesse africaine une effervescence qui se traduit par une remise en question de la façon dont le monde occidental voit l’Afrique et les Africains. Des voix s’élèvent ici et là pour dire au reste du monde que les prismes sous lesquels ils ont toujours regardé l’Afrique et les Africains doivent changer comme, du reste, tout dans le monde⁵ est en train de changer.
Un nouveau narratif et une nouvelle citoyenneté africaine ne sont plus à l’étape de gestation mais d’affirmation et d’expression. Une nouvelle génération de ce qu’on peut appeler des « néo-panafricanistes » est en train de voir le jour et leur argumentaire est incisif et très tranchant.
Des voix de Nathalie Yamb, d’Alain Foka, d’Alpha Blondy, d’Omotunde Kalala qui vient de nous quitter (paix à son âme), de Kémi Séba et de beaucoup d’autres Africains ne cessent de percer le firmament pour porter hauts des messages qui dénoncent une vision manichéenne, figée et déshonorante de l’Afrique et qui exigent une remise en cause des accords de coopération économiques et militaires derrière lesquels les Occidentaux se cachent pour continuer à piller les ressources de l’Afrique.
La dénonciation d’un « empire françafricain », les manifestations de protestation de la jeunesse africaine pour exiger des départs immédiats des opérations de maintien de la paix dans les pays africains, le vandalisme de certains établissements consulaires, les discours offensifs des jeunes panafricanistes africains sont autant des formes de ce combat pour l’émancipation et l’autodétermination africaines.
Sur la trace de leurs aînés et précurseurs tels Williams Du Bois, Marcus Garvey, Edwards W. Blyden et Kwame N’krumah, ces jeunes africains et africaines assument aujourd’hui la responsabilité de porter l’estocade sur ce néocolonialisme économique qui appauvrit l’Afrique et est la cause de toutes les guerres qu’elle connaît aujourd’hui. Que ça soit au Mali, en République Démocratique du Congo, au Mozambique et en Centrafrique, ce sont les raisons économiques qui sont la cause de toutes ces guerres.
Les multinationales et derrière elles leurs pays d’origine préfèrent traiter, en contrebande, avec les terroristes et les rebelles qu’elles arment plutôt qu’avec les Etats normalement constitués afin de se soustraire à leur fiscalité.
Quoiqu’il en soit, la jeunesse africaine s’est aujourd’hui abreuvée d’une rhétorique qui la tire de sa somnolence et la met en face de ses devoirs : lutter pour sauver la mère Afrique de tous ces vautours et systèmes prédateurs qui l’encerclent et qui sont prêts à la dévorer.
Il faut que cette jeunesse africaine s’imprègne des contenus de nouvelles thématiques telles que l’intégration des peuples africains, la gouvernance citoyenne, les aspirations à l’autodétermination de la jeunesse africaine, la lutte contre le pillage des ressources naturelles de l’Afrique, la dénonciation des accords de défense bidon.
Les soubresauts politiques et sécuritaires que connaissent le Mali et la République Démocratique du Congo pour ne prendre que ces deux cas ne sont rien d’autre que des douleurs qui annoncent l’enfantement d’une autre Afrique, une Afrique nouvelle. Une Afrique dont les jeunes très bien formés sont au parfum de tous les enjeux géostratégiques et qui sont prêts à défendre leur mère patrie.