Décédée samedi 10 décembre dernier à Kinshasa, l’artiste chanteuse Élisabeth Mubikay dit Tshala Muana n’a visiblement pas été oubliée par la famille Kabila, après avoir passé un temps au service de l’ex-parti politique au pouvoir, le Parti du peuple pour la reconstruction et le démocratie (PPRD), où elle a occupé des hautes fonctions.
En effet, l’épouse de Joseph Kabila qui revenait de Lubumbashi dans le Haut-Katanga, accompagnée de certains cadres du PPRD et quelques proches, était très attristée, mercredi 14 décembre 2022, quand elle consolait la famille de l’illustre disparue. D’un air bouleversé, l’ex-première dame de la République démocratique du Congo, Marie-Olive Lembe a même versé quelques gouttes de larmes lors de sa visite à la résidence familiale de Tshala Muana dans la commune de la Gombe à Kinshasa.
Par ailleurs, pour plusieurs observateurs la présence de celle qu’on appelle affectueusement « Mama wa Roro » (Ndlr : entendez « Femme de cœur », en français) serait très significative, au regard des nombreuses fonctions assumées par la défunte, au sein de cette grande formation politique, cher à l’ancien chef de l’Etat et sénateur à vie, Joseph Kabila Kabange.
En outre, l’auteure de la chanson « Malu » avait, de son vivant, prêté allégeance à l’ancien président de la République Laurent-Désiré Kabila, puis à son fils Joseph Kabila durant son long règne qui a duré près de deux décennies à la tête de la RDC.
Alors ancienne danseuse de feue Mpongo Love, cette légende de la musique congolaise et africaine qui a valorisé le folklore luba en la modernisant, s’en est allée à l’âge de 64 ans, laissant derrière elle non seulement un répertoire varié et très riche. Sa chanson fétiche, jouée même dans les mariages de non-Kasaïens est « Malu », entendez : « Problèmes ». Mais les mélomanes n’oublieront jamais aussi « Nasi nabali », « Tshibola », Grand-prêtre maison », « Cicatrice d’amour », « Dikeba », « Tshanza », « Moyo », « Nkumba », « Lua tuye », « Menteur », « Mashala », « Bena dianyi », « Nyoka wa bulanda » et tant d’autres chansons bien arrangées artistiquement par le maestro Souzy Kasseya, mais aussi un album en chantier intitulé « Kantu ».
Dans les couloirs, plusieurs communs de mortels s’interrogent sur la qualité des larmes versées par les caciques du PPRD. Car selon un message audio de la « Reine de Mutuashi » s’adressant à une tierse personne qui circule dans la toile, l’on peut clairement attendre la concernée d’un air angoissé se plaindre des nombreuses menaces de la part de ses compagnons du parti qu’elle aurait subies, après avoir chanté pour l’actuel chef de l’État Félix Tshisekedi, pourtant dans le cadre de son travail. À elle seule, connaissait la vraie vérité véritable sur les vécus de ces derniers moments sur terre. Olive Lembe à son deuil, oui, mais beaucoup auraient souhaité y voir Joseph Kabila en personne. Peut-être l’ex-président de la République attendrait le jour de l’inhumation.
Mais il y a lieu de rappeler que Tshala Muana rejoint au frigo de la morgue du Cinquantenaire, un autre baobab de la musique congolaise, Verckys Kiamuangana Mateta, décédé lui le 13 octobre dernier, dont l’inhumation est programmée selon un proche de la famille biologique, pour ce dimanche 18 décembre à Kinshasa.