La sixième édition du salon de la construction et des infrastructures, Expobéton 2022 ouverte le 30 novembre dernier au palais du peuple à Kinshasa, a fermé ses portes le samedi 3 décembre avec à la clé, plusieurs recommandations émanant d’éminents intervenants ayant pris part à cette dernière journée. En effet, cette dernière journée a mis en valeur l’analyse du fonctionnement des trois pouvoirs : central, provincial et local dans la ville de Kinshasa entre autres ; l’environnement, politique foncière et de l’habitat : le plan particulier d’aménagement des Entités Territoriales Décentralisées (ETD) et de la province ; enfin les finances, l’accès au crédit public et régies financières.
Après les exposés des panelistes du jour qui ont expliqué que les financements publics comme privés étaient disponibles, mais que des projets viables étaient en souffrance que ce soit au niveau des administrations provinciales, qu’au niveau des privés. S’en est suivi un échange riche en intervention qualitative entre participants et panelistes.
A cet effet, le sénateur Didier Molisho a dressé un tableau sombre pour la ville de Kinshasa en affirmant par exemple que « les normes existent et sont claires, mais elles ne sont malheureusement pas appliquées. Ce qui fait de Kinshasa une ville monstre« . Pour le sénateur, cela est vrai du point de vue environnemental, foncier et de l’habitat. Et pour cela, il préconise la coercition prévue dans les textes légaux et réglementaires qui comptent la ville de Kinshasa.
Robert Luzolanu, l’un des panelistes du jour quant à lui, recommande la vulgarisation des outils de planification, identification et protection des réserves foncières, octroi du pouvoir foncier au gouverneur de province, un moratoire sur le lotissement, mise en place d’une seule commission de bâtir, etc. Il est anormal que l’on puisse « by passer » ainsi la planification lorsque l’on veut moderniser Kinshasa. Emboîtant le pas au gouverneur Gentiny Ngobila lors de l’ouverture de cette sixième édition Expobéton, il affirme sans le dire que l’environnement, l’habitat, l’urbanisme de Kinshasa ne pourront être en ordre si le foncier de la ville échappe à l’autorité urbaine.
C’est ainsi que prenant la parole à son tour, la vice-premier ministre, ministre de l’environnement Eve Bazaiba sans remettre en cause les avis et considérations de ses prédécesseurs, oriente les kinoises et kinois vers un nouveau mode de vie à cause du changement climatique. Car dit-elle, Kinshasa connait un boom démographique inimaginable que cela dépasse l’entendement même des gouvernants. D’où en plus des lois et réglementations, un nouveau mode de vie est obligatoire pour que commence la transformation de la ville.
Le débat du jour est devenu passionnant lorsque les financiers sont entrés en scène, Nicolas Kazadi (Ministre des finances), Jean Ngoy (Ministre provincial des finances) et Célestin Mukeba (D.G EquityBCDC) qui ont tour à tour expliqué qui, les finances publiques, qui les régies financières provinciales et l’accès au crédit.
Pour le Ministre des Finances Nicolas Kazadi, « le budget des provinces doit être renforcé non seulement par le Gouvernement Central, mais aussi par la mobilisation locale dont 80% servent aux émoluments et très peu aux investissements publics« . Si depuis 2006, les gouvernements successifs ont eu du mal à appliquer la constitution en ce qui concerne la rétrocession de 40% des recettes nationales aux provinces, c’est à cause de rémunérations qui parfois atteignent les 80% des recettes, mises à part les dépenses des institutions républicaines comme la défense et le service de sécurité, les cours et tribunaux et autres. C’est pour cette raison dit le ministre, que le gouvernement travaille pour la mise en place d’une banque de développement digne de ce nom et devra être gérée selon les normes internationales. Ceci permettra aux nationaux d’accéder au crédit d’investissement à de taux acceptables.
Le professeur Lelo Nzuzi lui, affirme que « la grande majorité de Kinois vivent des secteurs informels et les femmes sont les plus grandes actrices ». Comme recommandations, il suggère « la protection de tous les sites qu’utilisent les maraîchers et d’élaborer un plan d’aménagement intégré du versant de la Lukaya ».
Célestin Mukeba directeur général d’EquityBCDC quant à lui, a rassuré que sa banque est prête et le fait déjà, de financer des projets de développement et d’investissement jusqu’à 400 millions de dollars voire plus. Partenaire de l’État congolais depuis sa création, EquityBCDC finance même des projets individuels pour de millions de dollars pourvu que le projet soit viable.
A l’issue de ces travaux en panel, les participants se sont rendus au site de la première zone économique spéciale (ZES) de Maluku pour une visite guidée.