Une chronique du Prof Voto
J’ai appris beaucoup de choses dans des recherches pour réaliser le film MON CAPORAL qui relate l’histoire des expéditions des Anciens Combattants congolais lors des deux guerres mondiales. Des choses qui ne m’avaient pas été suffisamment expliquées à l’école.
J’ai appris que la Force Publique « est la seule armée qui n’a jamais perdu une seule bataille, ni à la première, ni à la deuxième guerre mondiale ». Ces propos sont du Général Yassens, commandant de la Force Publique qui vantait son armée, à qui voulait l’entendre.
J’ai appris que lorsque la Belgique était envahie en 1940, les colons belges qui étaient au Congo ont adressé une pétition au Gouverneur Général Ryckmans pour demander que le Congo devienne indépendant, parce que le Congo qui n’était pas en guerre supportait tout le poids de la Belgique, par l’effort de guerre.
J’ai appris que la victoire de Tabora obtenue par 15.000 soldats congolais sous le commandement du général Tombeur en Afrique était la première victoire des Alliés sur l’Allemagne et qui donna du tonus à la Belgique.
J’ai appris que déjà à la première guerre mondiale, 32 Congolais, dont Panda Farnana, ont combattu pour la Belgique dans la bataille de l’Yser.
J’ai appris que lorsque les soldats congolais étaient mis à la disposition de l’Angleterre, Churchill se rendant compte que c’est une armée redoutable, les a envoyés partout : au Cameroun, au Nigeria, en Égypte, en Palestine, en Birmanie afin de combattre pour le compte des Alliés.
J’ai également appris qu’en Birmanie, les alliés américains minimisaient les soldats congolais par ce qu’ils étaient malingres et ne voulaient pas les voir combattre à leurs côtés. Mais quand la bataille a commencé, les Congolais qui combattaient sans se reposer se sont montrés redoutables face aux Japonais, si bien que les Américains préféraient dormir à côtés des Congolais et commençaient à appliquer du charbon sur le corps pour ressembler aux Congolais.
J’ai aussi appris qu’après la guerre, quand les Belges ont voulu établir la coopération militaire avec la Birmanie que leur armée avait libéré face aux Japonais, les Birmans étaient étonnés de voir que les Belges étaient Blancs, alors que les Belges qu’ils ont vus pendant la guerre étaient Noirs, c’est à dire des Congolais.
J’ai appris que la Force Publique était parmi les rares armées qui ont véritablement fait la guerre mondiale : ils ont combattu pour la Belgique, aux côtés des Alliés américains britanniques, indiens, kényans, ougandais. Ils ont combattu contre l’Allemagne, l’Italie, le Japon. Ils ont libéré le Rwanda, le Burundi, la Tanzanie, l’Éthiopie, le Cameroun, la Birmanie. Ils ont été au Nigeria, en Égypte, en Palestine. Une histoire véritablement mondiale.
J’ai appris que c’est grâce à la victoire des soldats congolais à Kigali et à Bujumbura que la Rwanda et le Burundi ont été donnés à la Belgique après la deuxième guerre mondiale. D’où l’appellation, Congo-belge-Rwanda-Urundi.
J’ai appris que la victoire de Saïo est l’une des grandes victoires des Alliés face à la puissante armée de Mussolini. Malgré une impressionnante supériorité numérique, les Italiens déposeront les armes et capitulent devant le feu de la Force Publique.
L’armée congolaise s’empare de : 250 camions, 20 voitures, 2 autos blindées, 20 motos, 20 canons avec 5000 obus, 4 mortiers, 72 mitrailleuses lourdes, 127 mitrailleuses légères, 7600 fusils, 330 pistolets, deux millions de cartouches, 15.000 grenades et 20 tonnes de matériel de TSF. Dans le même temps, plus de 7000 Italiens dont 370 officiers et 9 généraux sont faits prisonniers.
J’ai appris que l’armée congolaise a vaincu pendant les deux guerres sur plusieurs fronts, l’armée de Hitler, de Mussolini et de Hirohito, des puissantes armées de l’époque.
Je suis convaincu que le sang de ces aïeux coule toujours dans les veines des soldats congolais qui sont au front dans l’Est du Congo et de cette jeunesse qui, des quatre coins du monde, converge pour la défense de l ‘intégrité de leur Congo.