Le monde footballistique congolais a été éclaboussé par une enquête du journaliste français Romain Molina publié le jeudi 3 novembre dernier sur le média sportif, Sport News Africa, dans laquelle il accuse plusieurs personnalités du football congolais d’être impliquées dans un vaste réseau pédocriminel qui sevit depuis plus d’une décennie.
En effet, dans son enquête, Romain Molina a interrogé plusieurs acteurs du monde footballistique congolais dont l’ancien capitaine des Léopards, Youssouf Mulumba et l’actuel sélectionneur des Léopards U-23, Papy Kimoto qui ont tous livré des témoignages cruciaux à cette enquête. Selon les propos de Youssouf Mulumbu rapportés dans cette enquête « c’est un système, et non un cas isolé de pédophilie. Certains coéquipiers et jeunes sont venus lui parler de ce qu’ils ont connu et des propositions qu’ils recevaient ». Pour sa part, le coach Papy Kimoto a affirmé avoir « interpellé le vice-président de la FECOFA devant presque tous les membres du staff en lui demandant de faire quelque chose car c’était trop et les enfants et certains joueurs souffraient de ces abus. Mais aucun résultat favorable s’en est suivi ».
Dans un autre registre, Hérita Ilunga, président de l’Union des footballeurs du Congo (UFC) a infiniment avoir « reçu plusieurs témoignages et preuves de ces abus. Des coachs qui demandent à des gamins de coucher avec eux, de faire des sacrifices. », avant d’ajouter qu’il « travaille de son côté depuis un moment pour répertorier cela et voir les actions possibles pour nettoyer le monde sportif et permettre aux enfants d’évoluer dans un environnement sécurisé ».
La réaction de Serge Nkonde et de la FECOFA
Face à ce scandale révélé dans le milieu sportif congolais, le ministre congolais des Sports, Serge Nkonde a dans un communiqué rendu public le 4 novembre instruit la Fédération Congolaise de Football Association (FECOFA) à initier une enquête sur ces pratiques et, éventuellement punir les responsables, si ces faits s’avéraient vrais. Le numéro 1 du sport congolais a appelé le Mouvement sportif, les fédérations et groupements sportifs à mettre en place des politiques de protection des jeunes athlètes et surtout des jeunes filles pratiquant les sports, contre toute forme d’abus et d’harcèlement sexuels.
Aussitôt instruite, la FECOFA a également publié dans la foulée un communiqué dans lequel elle a annoncé la mise en place d’une Commission d’enquête indépendante afin de recueillir les informations nécessaires, susceptibles de constituer des pièces à conviction en vue de mettre en œuvre les procédures administratives et disciplinaires prévues par les règlements sportifs. L’instance footballistique du pays a encouragé vivement toute personne victime éventuelle de ces abus de contacter ladite commission au numéro +243 808371230, qui est opérationnel à partir de ce lundi 07 novembre 2022.
La crainte de représailles
Bien qu’une enquête soit lancée pour tenter de tirer au clair cette affaire afin de sanctionner les coupables, les inquiétudes règnent toujours au sein de l’opinion publique. En effet, d’une part, certains joueurs ne rêvant que de devenir des stars planétaires « ne peuvent dénoncer leurs bourreaux par peur des représailles » et de voir une probable fin anticipée de leur carrière de footballeur ; d’autre part le fait que selon l’enquête, la pédocriminalité est un système dans le monde sportif congolais, la crainte est de voir les enquêteurs pouvant avoir des liens avec les coupables de « bâcler » les investigations pour ne pas les condamner et donner du tort à ces pauvres jeunes joueurs.
En attendant le début des enquêtes, les yeux sont désormais braqués sur la FECOFA, qui devra donner de la lumière sur cette affaire qui ternit l’image du football congolais.