Tiré de l’Alternance.cd
La locution latine selon laquelle « Errare humanum est, perseverare diabolicum » qui signifie « l’erreur est humaine, persévérer [dans son erreur] est diabolique », parfois attribuée à Sénèque, semble s’appliquer au directeur général a.i de la société des Transports au Congo (TRANSCO), Chief Tshipamba. Critiqué pour avoir bêtement décidé de déployer des bus de cette société dans les provinces du Grand Kasaï pour de raisons essentiellement de flatterie à l’endroit du chef de l’État, il a déliré le lundi 31 octobre 2022 à l’arrivée de dix bus à Kananga dans la province du Kasaï Central.
Visiblement sonné, il a prétendu que tous les bus sont arrivés à Kananga tels qu’il les a retirés des entrepôts à Kinshasa, « sans aucune égratignure » et que pendant son périple sur les routes trouées de la capitale à Kananga, il n’a enregistré même pas une crevaison. Et dans son orgueil insoutenable, le DG a.i de TRANSCO s’est permis de classer les respectables journalistes qui ont dénoncé sa désinvolture, à la même enseigne que les agresseurs rwandais qui font la guerre à la République Démocratique du Congo.
Pour lui, et c’est à ce niveau que le peuple congolais devrait comprendre que TRANSCO est entre des mains inexpertes, fustiger sa décision du déploiement des bus dans le Grand Kasaï revient à combattre la vision du chef de l’Etat étant donné que ce dernier est originaire de cette zone. Quelle faiblesse d’esprit !
Notez que comme révélé par alternance.cd dans son article TRANSCO: Le DG ai Chief Tshipamba bousille 10 bus sur l’autel du populisme, la Direction technique de TRANSCO a bel et bien donné un avis défavorable au déploiement des bus dans cette partie du pays.
Quant à la présence des responsables de ladite direction dans la délégation qui accompagne les bus, il faut ne pas connaître la nature des relations entre les gestionnaires des entreprises publiques congolaises et leurs subalternes pour être surpris.
Et le Sankuru et la Lomami dans tout ça ?
Par ailleurs, étant donné qu’il prétend avoir pris cette décision « pour satisfaire la population sur instruction du président de la République », on est en droit de demander à Chief Tshipamba ce qu’il a prévu pour alimenter en carburant les bus envoyés au Sankuru et à la Lomami sachant qu’il n’y a aucune station-service dans ces provinces. Or, les bus TRANSCO sont alimentés en carburant par les stations-services sur un quota prévu par le gouvernement dans le cadre de la subvention octroyée à cette société. En d’autres termes, pour mettre en circulation les bus envoyés au Sankuru et à la Lomami, TRANSCO devra acheter le carburant vendu par les Kadhafi pour rouler sur des routes qui n’existent pas.
Plus grave, ce mandataire public a usé, dans son intervention sur la très respectée et suivie TOP Congo FM, d’un discours ordurier, en déclarant notamment que « Kananga est une ville où l’homme blanc est passé » et qu’à ce titre, elle réunit les conditions pour une circulation sans problème des bus TRANSCO. Pathétique !
Le DG a.i de TRANSCO devrait savoir que l’on ne flatte pas le chef à « le Corbeau et le renard », mais l’on mérite son estime et son admiration par le travail bien fait. Et aux observateurs de croiser les doigts et prendre rendez-vous avec l’histoire sur l’avenir et la survie de TRANSCO à Kananga, Tshikapa, Mbuji-Mayi, Kabinda et Lusambo, chefs-lieux de cinq provinces issues du Kasaï occidental et Kasaï oriental où les bus sont envoyés. Cette histoire donnera comme d’habitude la raison aux journalistes que Chief Tshipamba place à la même enseigne que les agresseurs rwandais qui font la guerre à la République Démocratique du Congo.