Par Prinze (correspondance particulière)
Plusieurs photos du Dr Mukwege aux côtés des personnalités et des hommes d’affaires occidentaux ainsi que des caciques du régime Kabila ont circulé sur les réseaux sociaux, le présentant comme un valet de l’Occident, un complice de ceux qui entretiennent l’insécurité dans l’Est du Congo. Cette publication qui trahit maladroitement une manipulation politicienne présente justement le Dr Mukwege comme quelqu’un qui, de par son statut de prix Nobel, a un carnet d’adresse très fourni et qui peut justement servir le pays dans sa situation actuelle.
Cette campagne contre Mukwege a coïncidé avec les sorties médiatiques ratées des deux chantres du régime qui ont maladroitement raté leur cible Mukwege jusqu’à insulter la femme congolaise déjà victime de viol. Ce cas flagrant d’injures publiques à l’endroit d’une personnalité morale et qui mérite d’être poursuivi par la justice n’a été condamné, ni par le pouvoir, ni par les ONG de droits de l’homme. Les auteurs de ces propos révoltants sont revenus sur leur lieu de crimes pour demander pardon, trahissant le travail d’un laboratoire qui a mal fonctionné.
Lorsque les autorités congolaises, après plusieurs lobbyings des diplomates occidentaux à coup de dollars, rencontrent les hautes personnalités mondiales, ceci est brandi comme une preuve de reconnaissance et de crédibilité du régime. Mais lorsque ces mêmes personnalités atterrissent à leur initiative à Bukavu sans passer par Kinshasa pour chercher Mukwege, ceci devient une trahison. Pourtant on a vu Mukwege sur une photo au chevet de Étienne Tshisekedi, alors qu’il était malade. Mukwege, en tant que personnalité emblématique s’affiche avec tout le monde. Il ne peut refuser d’être photographié avec quelqu’un. Une photo prise en public ne veut rien dire.
On dirait que le nom du Dr Mukwege commence à donner des insomnies dans certains milieux depuis qu’il est pressenti candidat président de la République. Si tel était le cas, le carnet d’adresses fourni et le respect dont il jouit à travers le monde ne seraient-ils pas des atouts pour le pays ?
Si déjà aujourd’hui Mukwege, avec la petite voix que lui offre le prix Nobel, est à même de dénoncer les crimes commis au Congo en complicité des Occidentaux, combien serait-il plus efficace, s’il avait un mandat des Congolais ? Il suffirait peut-être qu’une personnalité mondiale assise dans un salon avec Mukwege passe un coup de fil à Kagame, pour qu’il retire ses troupes du Congo. Combien d’hommes d’affaires internationaux qui adulent Mukwege aujourd’hui se sentiraient sécurisés pour venir investir au Congo si Mukwege était à la tête du pays ?
Les Congolais ont quelqu’un qui pèse dans le monde et qui peut faire face à Kagame et aux autres ennemis du Congo mais refusent de l’aligner, pour des raisons égoïstes. Le Dr Mukwege paraît comme un joueur professionnel de football qui présente des atouts pour faire gagner l’équipe mais que le staff ne veut faire monter sur terrain par ce qu’on a peur de ne pas le maîtriser face aux intérêts personnels. Dans l’entretemps, l’équipe est toujours menée.