Les inspecteurs de l’Inspection générale des finances (IGF) sont-ils devenus des électrons libres ? Cette question mérite d’être posée au regard du dérapage doublé de zèle constaté dans le chef des agents de cette structure de contrôle relevant de la présidence de la République.
Tenez ! Jules Alingete, responsable numéro 1 de l’IGF envoie le 24 juin 2022 par un ordre de mission, une équipe de contrôle dans l’ex-Katanga pour des objectifs bien précis. En toute logique, il devait recevoir de cette équipe qui est passée aussi par la Sino-congolaise des mines (Sicomines), une joint-venture entre la Générale des carrières et des mines (Gécamines) et un consortium d’entreprises chinoises, un rapport qu’il devait à son tour transmettre à sa hiérarchie comme le recommande l’ordonnance n° 87-323 portant création de l’Inspection générale des finances, en abrégé « I.G.F ».
Mais curieusement, la Sicomines se voit signifier par l’IGF, le 21 septembre dernier, de la suspension des droits d’exonérations pourtant déterminés dans la convention entre la RDC et le Consortium d’entreprises chinoises. Pire, cette correspondance ne porte pas la signature de Jules Alingete, numéro 1 de l’IGF censé engager l’institution auprès des tiers, mais plutôt du chef de cette délégation. Véritable entorse !
Encore pire, le chef de cette délégation se permet d’instruire la Direction provinciale des Douanes et accises, DGDA/ex-Katanga qui, elle, ne doit obéir qu’à sa Direction générale à Kinshasa. Ce qui fait dire aux experts des finances qu’il s’agit ni plus ni moins d’une décision zélée et scandaleuse du fait que le chef de cette équipe de contrôle s’en fout de l’autorité de son chef Jules Alingete, ignore la Direction générale des Douanes et Accises à Kinshasa et usurpe l’autorité du ministre des Finances ayant pourtant seul la compétence d’accorder, de suspendre ou d’annuler les exonérations.
De l’avis des experts en finances, même si ces exonérations étaient mal accordées et constituaient une perte pour le Trésor public, il ne revenait pas à l’IGF de les suspendre d’autant plus qu’elles sont conventionnelles entre le gouvernement congolais et ce groupe d’entreprises chinoises dans le cadre de ce que l’on appelle « contrats chinois ». La moindre de chose à faire pour l’IGF était de faire rapport à sa hiérarchie (Président de la République) et lui proposer la suspension de ces exonérations. Et le président à son tour devait se rabattre sur le gouvernement, signataire de la convention, pour voir comment changer les clauses désavantageuses de celle-ci. C’est comme ça que les choses devaient se passer logiquement.
L’IGF joue-t-elle le jeu des Occidentaux contre les intérêts chinois ?
Il est étonnant que pendant que la Chine est acensée comme un allié de taille pour le redressement socioéconomique de la RDC (lire l’article de Scooprdc.net : Redressement socio-économique de la RDC : La Chine, un allié de taille ! ) que ce coup soit fourré à la Sicomines. Non sans raison, car l’Américain Peter Pham dont l’aversion envers la Chine et la proximité avec l’agresseur rwandais Paul Kagame qu’il soutient pour la balkanisation de la RDC, sont de notoriété publique, s’en est réjoui le premier. Jules Alingete a-t-il eu un mot de passe lors de son récent séjour aux Etats-Unis d’Amérique pour s’en prendre aux intérêts chinois ?
En tout cas, les observateurs avertis sont convaincus qu’il s’agit d’une opération initiée dans le but de discréditer et saper la coopération sino-congolaise.
Il faut rappeler que la célébration du 50ème anniversaire de cette coopération est intervenue le mercredi 12 octobre 2022 à Kinshasa dans un contexte innovant. En effet, à la place de manger, boire et danser, l’ambassade de Chine en RDC a préféré un séminaire d’évaluation des 50 dernières années et de prospective des 50 prochaines années.
Alors, qu’est-ce qui peut justifier le choix de la date du 13 octobre 2022, soit un jour après pour balancer dans un média occidental ce qu’on a voulu passer pour un « scoop », à savoir la suspension des droits d’exonération dont bénéficie la Sicomines, alors que la décision a été prise le 21 septembre dernier ?
Il n’y a pas de crime parfait comme dit-on, car mettre 22 jours pour rendre cette décision publique, ce qui n’est pas dans les habitudes de l’IGF Jules Alingete, prompt à tweeter lui-même sur son compte, laisse supposer qu’une main noire a bien téléguidé l’opération.
Mais si réellement cette décision qui ne porte pas sa signature a été prise en son insu, Jules Alingete a tout intérêt à reprendre la situation en main pour éviter de ternir non seulement l’image de son institution, mais aussi celle du gouvernement, signataire du contrat chinois.
Au niveau de la présidence de la République, l’ordre doit être rappeler à l’IGF pour qu’elle n’outrepasse pas ses prérogatives en agissant en décideur en lieu et place d’organe technique de contrôle devant se limiter à faire des rapports au président de la République ou à son délégué.