Par Antoine Mungu Etsoni
Les usagers de l’axe routier Aru – Durba reliant les provinces de l’Ituri et du Haut-Uele se plaignent du délabrement de ce tronçon routier, long d’environ 120 kilomètres. Servant de route d’approvisionnement en intrants de la mine d’or de Kibali implantée en territoire de Watsa, dans la province du Haut Uele, ce tronçon est marqué par un trafic intense des camions en provenance du Kenya et de l’Ouganda voisins.
Il y a encore très peu, des camions passaient des heures, mieux quasiment toute la journée dans des bourbiers se trouvant entre les localités de Edyong’a et Apinaka dans la chefferie des Aluru (territoire d’Aru) à cause de la stagnation des eaux des pluies sur la route, suscitant ainsi d’indignation des chauffeurs qui, d’une part accusent l’entreprise contractante de Kibali Gold Mine, Inter Orientale Bulders ( IOB) en l’occurrence, de l’incompétence ; d’autre part, des usagers se demandent pourquoi l’État congolais n’arrive pas à asphalter ce tronçon de la RN 26 !
L’indignation devient encore plus justifiée quand on sait que la mine d’or de Kibali qui se ravitaille en intrants à partir du port de Mombasa au Kenya apporte au pays un investissement valant plus de 2,5 milliards de dollars. Plus est, depuis son implantation dans la province du Haut-Uele, non seulement qu’elle paye des sociétés de sous-traitance pour la maintenance de cet axe routier, mais aussi elle paye son usage soumis à des droits de péage au Fonds national d’entretien routier (Foner) et aux régies provinciales de l’Ituri et du Haut Uele.
Après des enquêtes journalistiques, il s’avère que le délabrement de cette route est dû au fait que le gouvernement congolais a tout simplement abandonné cette route à la société Kibali Gold Mine, surtout depuis que cette dernière a lancé ses opérations d’exploitations industrielles dans la contrée. Cependant, le même gouvernement à travers ses services à tous les niveaux continue à percevoir des taxes et droits de péage route sur un tronçon oublié de ses programmes. Arnaque ou rançon ?
Avec l’insécurité grandissante dans la province de l’Ituri et l’envahissement des zones d’exploitations minières par les Chinois qui utilisent des gros engins, le trafic routier a sensiblement augmenté sur cet axe dans la mesure où tous les engins des opérateurs économiques qui passaient par l’Ituri pour gagner la province de la Tshopo ont tous opté pour cette même trajectoire, faisant d’elle l’axe routier le plus fréquenté de toute la grande orientale non démembrée.
Les gouvernements provinciaux (Ituri et Haut Uele) se trouvant en cheval perçoivent des frais de péages routes sans avoir à réhabiliter ne serait-ce qu’un seul centimètre. Ainsi, la mine d’or de Kibali paye non seulement des taxes liées à ses opérations, mais aussi des péages pour la route qu’elle réhabilite elle-même, face à l’irresponsabilité de l’État.
Est-ce là une meilleure façon d’assainir le climat des affaires dans un pays en quête d’investisseurs ? Nous y reviendrons.