Les travaux préparatoires de la 27ème Conférence des Nations unies sur le climat (PRE-COP27) se sont ouverts ce lundi 03 octobre au Palais du peuple à Kinshasa. Coorganisées par la RDC et l’Egypte en prévision de la COP27 prévue du 7 au 18 novembre prochain en Egypte, ces assises de Kinshasa de trois jours réunissent plusieurs participants venus de tous les cinq continents.
Dans son allocution, Mme Eve Bazaïba, vice-premier ministre, ministre de l’Environnement et développement durable a soulevé plusieurs questions pertinentes qui constituent les préoccupations des pays détenant les forêts dont la RDC, par rapport aux dividendes à tirer.
« Tout investissement dans la protection et la préservation des forêts ne doit plus jamais être envisagé comme une aide au développement, mais plutôt comme un investissement dans le système climatique mondial, qui en réalité est un bien commun à toute l’humanité », prévient Eve Bazaïba pour éviter toute confusion sur l’intervention financière des pays occidentaux, d’ailleurs grands pollueurs de l’environnement.
La ministre congolaise de l’Environnement et développement durable a donné les raisons qui ont poussé son pays, la RDC, à solliciter l’organisation de travaux préparatoires de la COP27. En effet, en tant que pays membre d’un bassin tropical qui contribue significativement aux solutions basées sur la nature, et en même temps un des pays les moins avancés de la planète, la RDC a voulu profiter de cette opportunité pour exprimer au monde un certain nombre de préoccupations en rapport avec la préservation de son patrimoine forestier et de l’adaptation de son économie, de ses infrastructures et de ses communautés aux impacts négatifs du changement climatique.
Parmi ces préoccupations, Eve Bazaïba a fustigé la tendance à la banalisation du non-respect des engagements internationaux pris par les parties à la Convention cadre des nations unies sur le changement climatique, avant et pendant la COP26. Elle a également soulevé la question des pertes et dommages liée aux impacts du changement climatique qu’il faut distinguer de celle de l’adaptation au changement climatique et elle a souhaité que ces deux questions soient abordées séparément.
Face à la difficulté d’exploitation des ressources naturelles, la ministre congolaise de l’Environnement a relevé la difficile cohabitation entre les questions de survie d’une part, et celles relatives à la réduction des émissions de gaz à effet de serre d’autre part. D’où, a-t-elle posé publiquement cette question à l’assistance : « (Devons-nous) exploiter nos ressources et nourrir nos enfants ou les contempler et les laisser mourir de faim ? »
Et à elle de bien expliciter : « …nous avons besoin d’exploiter nos ressources naturelles et trouver du pain à nos enfants, mais sur la ligne de ce devoir, il y a de plus en plus des obstacles associés à la nécessité de réduire nos émissions. Plusieurs pays africains ont du mal à opérer un choix entre la survie de leurs populations et le contrôle des émissions de gaz à effet de serre, alors que le continent n’est responsable que de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre ».
Aussi, Eve Bazaïba a évoqué le problème d’accès difficile aux fonds climats par les pays forestiers, notamment ceux des bassins tropicaux de la planète. « Comment expliquer toutes les conditions qui sont imposées à nos États pour accéder à des fonds destinés à protéger des ressources dont nous sommes tous bénéficiaires ? Je rappelle que la plupart de ces conditions, procédures, etc. souvent belles sur papier, opèrent sur terrain comme des barrières à l’accès des pays les moins avancés aux fonds climat », a-t-elle fustigé en estimant que le prix de la tonne de carbone séquestrée d’ailleurs présentement faible, devait correspondre aux coûts relatifs à la préservation du service rendu qui sauve la planète.
« Que les pays pollueurs trouvent dans le rehaussement du prix du Carbonne forestier l’opportunité d’appuyer l’auto-financement de l’action climatique dans les pays dotés d’importantes ressources forestières, car nous sommes capables de contribuer aux fonds d’adaptation et d’atténuation et aider nos frères des pays les moins avancés qui ne sont pas aussi dotées naturellement que nous à lutter contre ce phénomène » a plaidé Eve Bazaïba en prévenant : « La planète brûle, et nous brûlerons avec elle si nous continuons de parler au lieu d’agir ».