Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, sera en tournée en Afrique du 7 au 9 août prochain et visitera la RDC et le Rwanda. Une occasion que saisit Jean-Thierry Monsenepwo, président de la Ligue des jeunes de la Convention des Congolais unis (CCU), parti cher à Lambert Mende Omalanga, pour lui rappeler la quintessence du contenu de la lettre lui adressée par le sénateur de son pays, Robert Menéndez, au sujet du comportement pas très catholique du président rwandais Paul Kagame vis-à-vis du peuple congolais. « Ce dernier n’a pas caché sa consternation de voir son pays, connu pour son attachement aux valeurs universelles, s’acoquiner avec un Etat voyou qui, au surplus, fait de la déstabilisation de son voisin congolais une stratégie de survie », rappelle Thierry Monsenepwo à Blinken.
Pour ce disciple de Lambert Mende, le temps n’est manifestement pas propice à un fléchissement d’une grande nation comme la RDC devant une principauté militaire qui n’aura causé que trop de dégâts jusqu’à occasionner l’érection d’un califat dans le Grand Nord par les terroristes ADF/MTM. « Votre administration devrait exercer une pression diplomatique concertée pour aider à mettre fin aux discriminations et à l’oppression systématiques, sans cesse croissantes, et pour s’assurer que les autorités rwandaises qui violent les droits des congolais, rendent des comptes », écrit-il à Blinken avant de marteler à l’intention de l’Américain : « Toute l’Afrique attend de Vous que Vous puissiez, de la même manière, sonner le glas du régime despotique de Paul Kagame. Ainsi auront gagné la liberté, la démocratie et l’Afrique des Grands Lacs ». Ci-dessous l’intégralité de sa lettre ouverte à Antony Blinken :
Je suis Jean Thierry MONSENEPWO, Président National de la ligue des jeunes du parti lumumbiste Convention des Congolais Unis (CCU), membre de la conférence des Présidents de l’Union Sacrée de la Nation, membre de l’Internationale Socialiste et Chef d’entreprises. S’il m’est venue l’idée de saisir Votre Excellence, c’est avant tout pour que l’emblématique pays que Vous avez l’honneur de servir puisse jouer pleinement et prestement son rôle de membre permanent du conseil de sécurité des Nations Unies, et ami de la RD Congo tout comme de l’Afrique, afin de ramener le plus rapidement possible les équilibres géostratégiques de la région des grands lacs dans leur pristin état.
Excellence,
La grandeur des Etats-Unis d’Amérique tient avant tout au fait que Votre nation a bâti ses fondations sur des valeurs universelles de liberté, de justice et de progrès. En tant que Congolais, je ne puis passer par perte et profit le rôle ô combien gratifiant joué par Votre pays aussi bien dans la genèse de l’Etat Indépendant du Congo que dans le recadrage des dérives génocidaires que la colonisation a fait subir à mon pays. Venant d’un pays suffisamment grand et prospère, les lobbyistes américains à la Conférence de Berlin eurent à cœur d’aider Léopold II, qui se présentait alors comme un philanthrope, à régenter le bassin du Congo afin de lui permettre de lutter efficacement contre l’esclavage et la traite négrière notamment. C’est donc grâce notamment à l’élan humaniste et humanitaire des Etats-Unis que mon pays existe dans ses dimensions géographiques désormais inaliénables.
Faut-il aussi relever que c’est grâce à la Déclaration universelle des droits de l’homme, portée sur les fonts baptismaux en terre d’Amérique le 10 décembre 1948 à Chicago, que le principe de la décolonisation fut acquis en concurrence avec le droit reconnu à chaque peuple de s’autodéterminer. Il est admis, selon la lanterne de l’histoire que les Etats-Unis demeurent un partenaire historique sur lequel la RDC se doit de reposer ses espérances légitimes.
Excellence,
Le 20 juillet dernier, en sa qualité de Président de la Commission des Affaires Etrangères du Sénat américain, le Sénateur Robert Menéndez, élu du New Jersey, Vous a adressé une correspondance expressive, dont Vous prendrez certainement soin de Vous inspirer dans vos prochaines escales à Kinshasa et à Kigali. En des termes clairs et précis, le Sénateur Menéndez a attiré Votre attention sur « les violations continues des droits humains et des normes démocratiques par le gouvernement rwandais » depuis un quart de siècle. Le Président de la Commission des Affaires Etrangères du Sénat a particulièrement pointé la responsabilité personnelle du Président Paul Kagame qui s’obstine à « faire taire les journalistes, les activistes des droits de l’homme et les opposants» aussi bien à l’intérieur du Rwanda qu’à l’étranger. Désormais Président à vie grâce à une modification de la Constitution en 2015, Paul Kagame ne semble pas prêt à abandonner les méthodes discutables qui lui ont permis de conquérir le pouvoir et de l’exercer plus longtemps que prévu en démocratie.
Face à toutes les entorses systématiques dûment documentées au droit, à la justice, à la démocratie et à la charte des Nations-Unies, dont le Sénateur Menéndez a tenu à faire à Votre intention une énumération non exhaustive, ce dernier n’a pas caché sa consternation de voir son pays, connu pour son attachement aux valeurs universelles, s’acoquiner avec un Etat voyou qui, au surplus, fait de la déstabilisation de son voisin congolais une stratégie de survie. Aussi le Sénateur Menéndez a-t-il mis en cause les 147 de millions annuels d’appui budgétaire que les Etats-Unis versent au Rwanda, en plus de l’appui logistique et technique à une armée rwandaise devenue l’instrument de la déstabilisation de la région des grands lacs. Dans la même lettre, le Sénateur Menéndez s’aligne sur les accusations fondées faisant état d’un soutien gigantesque de l’armée rwandaise aux rebelles du M23, responsables de la mort de milliers de civils congolais ainsi que du déplacement de plus de 100.000 femmes et enfants, non sans avoir abattu les avions de reconnaissance de la force onusienne et les hélicoptères de l’armée congolaise.
La Commission des Affaires Etrangères du Sénat américain s’est ainsi à bon droit indignée de constater qu’un Etat qui excelle dans les violations délibérées des droits de l’homme, du droit humanitaire et du droit international puisse continuer à demeurer un allié stratégique des Etats-Unis qui en sont, du reste, le plus grand contributeur. D’où la recommandation qui Vous a été faite par le Sénat de Votre auguste pays d’examiner la possibilité non seulement de mettre un terme au soutien financier bilatéral au Rwanda, mais surtout de prendre des sanctions qui s’imposent à l’encontre des dirigeants rwandais en vue de laver l’affront consistant pour Paul Kagame à utiliser l’aide américaine à des fins contraires aux valeurs défendues sur toute la planète par les USA.
Excellence,
Votre prochain périple dans notre Continent est attendu comme un grand tournant dans les guerres iniques que nous imposent certains voisins à l’Est. Il ne Vous a sans doute pas échappé que la multipolarité du monde connait un relief particulier avec la guerre en Ukraine. Le temps n’est manifestement pas propice à un fléchissement d’une grande nation comme la RDC devant une principauté militaire qui n’aura causé que trop de dégâts jusqu’à occasionner l’érection d’un califat dans le Grand Nord par les terroristes ADF/MTM.
Votre administration s’est engagée dans une politique étrangère « centrée sur la défense de la démocratie et la protection des droits humains ».
Notre souhait est que les États-Unis en tant que membre permanant des Nations Unies, doivent s’attaquer aux causes sous-jacentes de la violence que les administrations successives ont visiblement négligées. Votre administration devrait exercer une pression diplomatique concertée pour aider à mettre fin aux discriminations et à l’oppression systématiques, sans cesse croissantes, et pour s’assurer que les autorités rwandaises qui violent les droits des congolais, rendent des comptes. Seule la mise en œuvre déterminée d’une politique étrangère centrée sur les droits pourrait signaler aux dirigeants rwandais que les violations du droit international ne resteront plus sans réponse.
Excellence,
La doctrine diplomatique de notre pays se résume au slogan : « le Congo est ouvert, mais pas offert». Entre la mort que nous imposent les agressions répétitives du Rwanda et le secours que pourraient nous proposer d’autres puissances, Vous comprendrez que notre peuple soit en droit de s’assumer autrement, le cas échéant. L’idéal serait que les Etats-Unis d’Amérique se ressaisissent rapidement en revenant à ses liens historiques privilégiés avec la RDC. Il y va des intérêts et de l’image de marque de Votre pays. En pareilles circonstances, Vos illustres prédécesseurs Bill Richardson et Nikki Halley avaient pris le courage de dire certaines vérités aux régimes finissants de feu le Maréchal Mobutu et du Président Joseph Kabila, eu égard aux valeurs démocratiques.
Toute l’Afrique attend de Vous que Vous puissiez, de la même manière, sonner le glas du régime despotique de Paul Kagame. Ainsi auront gagné la liberté, la démocratie et l’Afrique des Grands Lacs.
Excellence,
Le Président Felix Tshisekedi en reconnaissance de l’opportunité historique qui se présente sous son leadership, de renforcer la démocratie en RDC, d’améliorer les droits de l’homme, de promouvoir la paix et de combattre la corruption, a dit à juste titre, que le Congo n’est pas un pays pauvre, mais un pays qui a souffert d’une mauvaise gouvernance. Pour réaliser le vaste potentiel de la RDC, pour tirer pleinement parti de ses richesses minières, de ses ressources énergétiques, de son agriculture et de sa population dynamique, il faut avant tout éliminer la corruption, mais surtout l’insécurité permanente dans l’Est de notre pays. Une insécurité instrumentée par nos voisons, principalement le Rwanda. A l’Heure où le Gouvernement Congolais se penche sur le processus électoral, qui fait partie des artefacts de la démocratie qui garantirait l’avènement d’un état de droit voulu par le Chef de l’Etat, nos ennemis en profitent pour nous confisquer la paix. Aujourd’hui que la RDC a une CENI en marche, il serait de bon aloi que les USA aident cette institution d’appui à la démocratie a mieux atteindre ses objectifs et mieux implémenter le processus en cours.
Nous vous souhaitons la bienvenue.
Fait à Kinshasa, le 02 août 2022