Les manifestations accompagnées de pillages ayant abouti à quinze morts dont 3 casques bleus dans la partie Est de la RDC, le lundi 25 et le mardi 26 juillet 2022, ont amené le Gouvernement congolais à tenir une réunion de sécurité élargie à la Monusco autour du premier ministre Sama Lukonde ce même mardi dans l’après-midi, suivie immédiatement d’un briefing du ministre de la communication, Patrick Muyaya, en compagnie du représentant spécial adjoint du secrétaire général des Nations-Unies, Kassim Diane, en l’absence de Madame Bintou Keita.
Pour Patrick Muyaya, rien ne peut justifier la violence sous toutes ses formes. D’où la question d’organiser autrement la communication de la Mission onusienne, laquelle serait à la base de la montée de colère de la population congolaise et de certaines autorités d’ailleurs. Pour le Gouvernement congolais, les auteurs de ces actes doivent répondre de leurs actes devant la justice au même titre que les enquêtes conjointes déjà diligentées par les autorités devront déterminer les responsabilités des uns et des autres.
Si la Monusco a tiré en l’air pour sommer les manifestants, mais elle nie qu’elle n’a pas tué. Du moins c’est ce que l’adjoint de Bintou Keita s’est efforcé de dire à la presse visiblement très gêné. Il reconnaît par ailleurs un pillage systématique de leur entrepôt principal où vivres et matériels technologiques ont été emportés.
C’est dans un climat très tendu que le numéro 2 de la Mission onusienne accompagné à l’occasion par quatre de ses collaborateurs, a répondu aux questions des journalistes qui voulaient quand même comprendre comment sans avoir tiré sinon de balles en l’air, qu’il y ait au moins quinze Congolais tués dont 10 à Butembo y compris les 3 casques bleus et 5 à Goma sans compter la soixantaine des blessés ?
Tout de même, le représentant spécial adjoint a reconnu certaines faiblesses du système de Nations-Unies en ce qui concerne la restitution de ce que fait la Monusco, adapter la capacité de la mission dans l’anticipation, la rapidité de l’action et enfin accentuer la sensibilisation au niveau de leaders d’opinion et au sein de la société civile.
Quant à la relation entre la population congolaise et la Monusco, le représentant spécial adjoint reconnaît qu’elle est fortement endommagée. Néanmoins, il reconnaît le désengagement de la mission progressivement depuis le 30 juin passé partant de la province du Tanganyika. Mais pour les trois provinces que sont le Nord, Sud-Kivu et l’Ituri, il a reconnu que le relief et la multiplicité de groupes armés rendent la tâche plus ardue à la Monusco. D’où son appel aux Etats membres dont la RDC, de peser sur le Conseil de sécurité pour que celui-ci tienne en compte les éléments sur terrain pour changer dans la mesure du possible l’engagement de cette mission.
Quant aux propos de Madame Bintou Keita qui ont mis la poudre au feu, monsieur Kassim Diane pense qu’il est à mettre du côté de la mauvaise compréhension de ce qu’elle voulait réellement dire. Car dit-il, en diplomatie, les propos destinés aux diplomates peuvent être compris autrement par les non-initiés et c’est le cas de propos tenus par la cheffe de la Monusco.
Pour rappel, Madame Bintou Keita, représente spéciale du secrétaire général de Nations-Unies en RDC, avait lors de son passage devant le Conseil de sécurité affirmé que la Monusco était incapable de faire face au M23, car ce dernier disposait des armes digne d’une armée conventionnelle et mieux organisé. Propos que le porte-parole de cette mission a réitéré quelques semaines plus tard, mettant ainsi toute la communauté congolaise sur le nerf.
« La Monusco a voulu venger ses matériels endommagés par les manifestants contre les vies humaines. Ses casques bleus qui n’ont jamais dégainé contre le M23 et les agresseurs Rwandais, l’ont fait contre ceux qu’ils sont censés venus protéger. Cette action des casques bleus, prouve à suffisance que la mission des Nations-Unies pour la (stabilisation) du Congo a échoué. Tout ce qui lui rester c’est de plier bagage. Car rétablir la confiance du peuple est devenu une mission quasi impossible pour cette mission », a déclaré un leader congolais ayant requis l’anonymat.