A l’instar du pillage de ressources minières à l’Est de la RDC, le centre et l’Ouest sont objets d’une déforestation sauvage. D’après l’économiste et défenseur de la bonne gouvernance, Don de Dieu Kabu, le dernier rapport des organisations de défense de l’environnement tant nationales qu’internationales met la République Démocratique du Congo au banc des accusés, puisqu’elle vient de perdre près de 35% de sa couverture forestière, ce, entre 2001 et 2021 avec au moins 5,6% de forêt primaire détruite. Soit, 17,1 Mha de couvert végétal. Ce qui équivaut à une diminution de 8,6 % du couvert végétal depuis 2000, et à 10,5 Gt d’émissions de CO2e. Et ce sont les provinces de la Tshopo, Sankuru, Maniema, Mongala et Kasaï qui mènent la barque avec respectivement 1,610Mha, 1.170Mha, 1,160Mha, 1,090Mha et 1,020Mha. Mais au finish, toutes les 26 provinces de la RDC sont concernées y compris Kinshasa la capitale.
Ce rapport apporte de l’eau au moulin de Scooprdc.net qui ne cesse de décrier le massacre qui s’opère dans ce domaine, malgré l’audit initié par l’actuel ministre de l’environnement Ève Bazaiba. Déjà dans son article intitulé :Rapport de l’IGF sur le Ministère de l’Environnement : Voici les six anciens ministres FCC réputés « délinquants » !, le média en ligne avait mis sur le banc des accusés différents ministres qui se sont succédé dans ce ministère. Le rapport de l’inspection générale des finances a confirmé ces massacres en citant nommément les coupables, mais jusqu’alors, aucune poursuite malgré de faits graves de prédation des forêts reconnus dans le chef de ces ministres coupables.
17 millions d’hectares de forêts coupées de 2001 à 2021, c’est tout simplement un massacre de l’environnement que, ni le colonisateur belge n’a fait en 75 ans d’exploitation coloniale, ni le maréchal Mobutu en 32 ans de pouvoir, encore moins Mzee Laurent Désiré Kabila dans son règne éphémère d’un espoir trahi par son assassinat en 2001. Comment une telle tragédie a pu se commettre au 21ième siècle pourtant réputé comme celui de lutte contre le réchauffement climatique !
Le régime de Joseph Kabila y est pour beaucoup dans cette tragédie, car la plupart de ministres l’environnement indexés dans des rapports nationaux ou internationaux sont soit exploitant forestier eux-mêmes, soit signataires de permis de coupe en trafiquant même les documents sur de concessions rétrocédées à l’État. Cas du dernier rapport d’audit effectué par l’IGF sur demande de l’actuel ministre de l’environnement. Actuellement, outre Joseph Kabila qui détiendrait plusieurs hectares de forêts dans quasiment toutes les provinces, ses anciens et actuels collaborateurs civils comme militaires, exploitent en toute illégalité jusqu’à ce jour, du bois à travers de sociétés déguisées comme étant propriétés de sujets chinois, libanais, indiens et autres. C’est le cas « Maniema Union », « Bouming »…
Et pourtant, dans sa lettre du 23 juin dernier en prévision de la date du 30 juin marquant le 62ième anniversaire de l’accession de la RDC à l’indépendance, le président américain Joe Biden a insisté sur la coopération que son pays compte développer avec la RDC au sujet de la lutte contre la déforestation et la préservation de l’écosystème. Un vœu pieux qui ne risque pas de voir le jour. Car toutes ces sociétés prédatrices de la forêt citées dans l’article de scooprdc.net : Mégestion du massif forestier congolais : Claude Nyamugabo, persona non grata dans l’ancien Equateur !, n’ont aucune politique de reboisement et les essences ainsi massacrées disparaissent à jamais sans que personne ne s’en soucie.
La rhétorique actuelle ne parle que de pillages de ressources minières dans l’Est de la RDC alors qu’en même temps, un autre pillage bien organisé et silencieux s’opère à l’Ouest et au centre de la RDC à travers cette déforestation illégale. A la différence qu’ici, les pillards et leurs complices sont connus. Ils siègent au sein des institutions de l’État : ministres comme anciens ministres, députés comme députés honoraires, sénateurs, magistrats, généraux en fonction comme retraités, bref, tout le gotha que compte le pays de Félix Tshisekedi.
A cette allure, quel pays avec quel écosystème la RDC lèguera-t-elle aux générations futures ? Non sans raison, car cette déforestation, risquerait de faire perdre à la RDC 70 % des forêts d’ici les 50 prochaines années.
Ci-dessous, l’étendue de dégât causé par cette déforestation en million d’hectares: Tshopo : 1,610 Mha, Sankuru : 1,170Mha, Maniema:1,160Mha, Mongala : 1,090Mha, Kasaï : 1,020Mha, Bas-Uélé : 905kha, Maï-Ndombe : 850kha, Kasaï-central : 775kha, Sud-Ubangi : 769kha, Haut-Uélé : 716kha, Tshuapa : 680kha, Sud-Kivu : 645kha, Équateur : 643kha, Kwilu : 643kha, Haut-Katanga: 615kha, Kongo-central : 550kha, Nord-Kivu : 531kha, Lualaba : 482kha, Ituri : 463kha, Kwango : 457kha, Tanganyika : 424kha, Haut-Lomami : 336kha, Nord-Ubangi : 334kha, Lomami : 151kha, Kinshasa : 73,1 kha et Kasaï-Oriental : 63,4kha.