Tiré de Forum des as/José Nawej.
Nouvellement porté à la tête de la Cour constitutionnelle et, par ricochet, à la cime du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), Dieudonné Kamuleta entend marquer son territoire. Légitime. Peut-être même faire bouger les lignes. Qui trouverait à y redire ?
Dans son premier grand oral, le Président du CSM a fait sien le credo du magistrat suprême. A savoir, « la justice rendue par des personnes intègres disposées à lutter contre la corruption qui ternit l’image de l’Etat de droit », cheval de bataille du Président de la république. Envie de dire : amen. Et même d’entonner à haute et intelligible voix le requiem pour l’impunité, la justice à forte saveur politique et à plusieurs vitesses, les arrêts à la carte ou à la tête du client…
Pour arriver à cette justice juste, le nouveau patron du CSM convie les magistrats à un diagnostic sans complaisance assorti d’une thérapie de choc. Un nouveau médecin muni d’une potion magique est-il arrivé place Palais de justice ? Pas vraiment. Le discours du « Dr Kamuleta » sonne comme du déjà entendu.
Car, dans les tiroirs du successeur de Dieudonné Kaluba, gisent des tonnes de diagnostics de l’appareil judiciaire. C’est donc peu d’affirmer que les maux dont souffre la justice rd congolaise sont archi-connus. La thérapeutique l’est tout autant.
Le vrai sujet réside plutôt dans la mise en œuvre des résolutions de tout ce que le pays a eu comme grand-messes judiciaires. Le vrai challenge est d’abord celui de mettre un terme à l’immixtion systémique et systématique de la politique politicienne dans le pouvoir judiciaire. En clair, l’instrumentalisation de la Justice à des fins politiques.
Pas la peine de mener des enquêtes approfondies pour arriver à un Eureka à la manière d’Archimède. Pas besoin non plus d’emprunter des lunettes aux juristes pour voir les liaisons dangereuses voire incestueuses entre tenants de l’impérium politique et animateurs des cours et tribunaux. L’actualité charrie des cas emblématiques des « procès …d’Etat ». En langage moins pudique, on dirait des procès qui sentent la politique politicienne à mille lieues.
Personne ne ferait grief au Président du CSM de faire l’économie d’un diagnostic de trop de l’appareil judiciaire. Le malade n’ayant pas été traité- mis à part quelques calmants-, la pile d’examens donnerait immanquablement les mêmes résultats ! Normal aux yeux de n’importe quel laborantin.
Moralité, du « Dr Kamuleta » les Congolais attendent le passage direct aux soins : un remède de cheval. Un protocole qui passe forcément par l’émancipation de la Justice de pesanteurs de la « raison d’Etat ». Plus fort que la ciguë dans le contexte rd congolais ?