L’audience prévue ce mardi 28 juin 2022 du procès devant la Haute cour militaire qui oppose le Ministère public à François Beya dit Fantômas, ancien Conseiller spécial en matière de sécurité du président de la République Tshisekedi, poursuivi avec ses coaccusés pour une prétendue atteinte à la vie de ce dernier, n’a pas eu lieu. Pour cause, le refus de Fantômas d’être jugé en dehors de la prison de Makala où ce procès a commencé.
En effet, au cours de l’audience de vendredi 24 juin dernier, la Cour a cédé à toutes les exigences du Ministère public, notamment la déclaration par elle de se prévaloir compétente pour juger cette affaire ; le déroulement désormais du procès à huis clos ; et la délocalisation de celui-ci au nouveau bâtiment du la Justice à la Gombe. Ce qui n’est pas du goût des prévenus et leurs avocats qui estiment qu’il n’y a pas de tabou pour que la Cour décrète le huis clos, d’autant plus que les Congolais ont droit de connaitre en audience publique comment Beya et sa bande voulaient attenter à la vie de Fatshi. Aussi, ont-ils estimé que leur déplacement de Makala vers le Palais de justice présentait un danger de sécurité car on ne sait jamais ce qui pourrait advenir pendant ce long trajet de plus de 10 Kms.
Schéma et scenario V.K à éviter
Sans polémiquer sur l’acquittement la semaine passée de Vital Kamerhe (V.K), ancien premier directeur de cabinet du président de la République, Félix Tshisekedi, mais le monde retiendra qu’il a été libéré définitivement pour absence d’éléments constitutifs de l’infraction de détournement des deniers publics et pour absence des preuves. Pourtant, le premier juge l’avait condamné à 20 ans de prison ferme assortis des travaux forcés, pour voir cette peine réduite au second degré à 13 ans. Et V.K a passé un bon moment à la prison de Makala. Or, au début, pendant et après le procès, lui, ses proches et son parti l’UNC n’avaient cessé de crier à un procès politique, en dénonçant une machination ou un complot monté par ses détracteurs, sans être écoutés.
Mais après avoir été traîné dans la boue et voir son honneur souillé, la justice, la même de son pays, a trouvé qu’il y avait des erreurs matérielles. Quelle sanction pour le premier juge Pierrot Bakenga qualifié de kamikaze dans le milieu judiciaire de Kinshasa-Gombe et sa composition pour ce que les juges ayant acquitté V.K et ses coaccusés ont qualifié d’erreurs matérielles ? Aucune ! Etait-ce de la cécité, de la myopie ou bien de la presbytie juridique pour le juge Pierrot Bakenga et sa composition, auteurs de ces erreurs matérielles ? Naïvement, les non-initiés croiraient vite à cette thèse d’erreur matérielle. Mais pour ceux qui ont quatre yeux, la justice était politiquement activée par une ou des mains noires anti-Kamerhe.
Dans ses analyses pointues et coriaces, le grand éditorialiste congolais José Nawej du célèbre quotidien Forum des as a bien vu quand il écrit : « Lorsqu’il a été arrêté, VK faisait figure de quasiment ‘’Vice-roi’’. Il flottait alors à la cour de Fatshi 1er comme un air un tantinet ‘’royaume de France’’ avec un Richelieu ou un Mazarin ’’tropical’’. Incontournable faiseur des rois, dircab du Président dans un contexte où le gouvernement Tshibala était déconnecté et …dauphin naturel, cela faisait beaucoup. Et inquiétait surtout tous les étages du socle sociologique de la Fatshisphère ».
Et pour bien asseoir sa pensée, José Nawej poursuit : « le feuilleton Kamerhe est la preuve par l’absurde des relations -encore-incestueuses entre Politique et Justice ». Et à lui de s’interroger : « Comment ne pas voir l’ombre de la politique dans un procès dont le déroulé a, à ce point, obéi à la conjoncture politique ? »
Aujourd’hui, le procès Beya qui se déroule devant la Haute cour militaire dont les preuves de coup d’Etat annoncé avec pompe par l’Agence nationale de renseignements (ANR) peinent à être simplement démontrées, a des similitudes avec celui de Kamerhe : guerre de palais et guerre des clans autour du président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. Si pour V.K la personne qui l’a amené à la potence n’est pas facilement indexée à la Présidence de la République, mais pour Fantômas, toutes les langues parlent et citent Fortunat Biselele dit Bifort, le Conseiller privé de Fatshi dont on dit être la taupe du Rwanda au Palais de la nation. C’est lui et ses proches qui auraient fomenté ce complot et le coup fourré à François Beya pour besoin de positionnement auprès du Boss.
Complot oui, parce que pendant trois mois que l’ARN l’a détenu dans ses installations, elle n’a pas pu fournir une preuve consistante et palpable d’un véritable coup d’Etat ou de renversement du pouvoir. Les injures contre le chef de l’Etat supposés contenus dans les téléphones ou l’érection d’un poste de police devant sa ferme de Mitendi, mises sur le dos de François Beya ne constituent nullement les éléments de ce coup d’Etat mais font plutôt rire les oiseaux du ciel.
Pour ne pas arriver au schéma et scenario de V.K, consistant à arrêter un innocent, le trainer dans la boue, le condamner pour enfin l’acquitter après un temps passé en prison pour absence d’éléments constitutifs de l’infraction d’atteinte à la vie ou la personne du chef de l’Etat et pour absence des preuves, il serait mieux pour la Haute cour militaire, estiment plusieurs observateurs, contrairement au Tribunal de grande instance et Cour d’appel de Kinshasa-Gombe qui avaient par téléguidage politique condamné VK, qu’elle use de la sagesse juridique et judiciaire pour éviter cela à Fantômas dans ce procès de coup d’Etat qui n’en est pas un. La RDC a beaucoup des problèmes à régler prioritairement que de livrer des théâtres juridiques aux allures de règlement des comptes dictés par la course de positionnement politique autour de Fatshi Béton.