Invraisemblable mais pourtant vrai : un aéronef de la compagnie Congo Airways a atterri à l’aéroport de Zaventem à Bruxelles dans l’espace Schengen, avec à son bord, une centaine de Congolais partis en équipe d’avance du premier ministre Sama Lukonde, dans le but de ramener la relique de l’ancien premier ministre Patrice Emery Lumumba à Kinshasa.
Ici en effet, l’événement n’est pas le rapatriement de la relique du tout premier premier ministre congolais, mais plutôt l’autorisation accordée à l’aviation congolaise d’atterrir dans l’espace européen, son avion dans l’aéroport belge, l’un des plus fréquentés du monde, alors que la RDC et ses compagnies aériennes figurent depuis plus de deux décennies sur la liste noire de l’Union européenne. Clairement dit, ça fait plus de 20 ans que les avions immatriculés au Congo ont été interdits d’accès dans l’espace européen, à cause, avance-t-on comme raison, de leurs conditions sécuritaires peu rassurantes.
L’atterrissage de cet aéronef de Congo Airways bien que relevant d’une dérogation spéciale, étonne plus d’une personne car l’on s’attendait, au regard de la « fatwa » décrétée contre les aéronefs de sociétés congolaises qualifiés de cercueils volants, à un crash. Hélas, l’avion de Congo Airways s’est posé normalement comme tous les autres sur la piste de Zaventem et y a décollé sans aucun dégât ni défaut de navigation !
Pourquoi alors avoir interdit et qu’est-ce qui a changé pour que le ciel noir devienne clair pour cet avion congolais ? Certes, l’on répondra vite qu’il s’agit d’une autorisation spéciale. Oui, spéciale, mais il s’agit aussi, ne l’oublions pas, d’un cercueil volant congolais !
Donc, comme l’estiment certains experts en aviation et en aéronautique, les raisons de la « fwata » longtemps maintenue sur les compagnies congolaises, étaient ailleurs avec des motivations à « Le loup et l’agneau ». Non sans raison, car dans l’histoire de l’aviation congolaise depuis l’indépendance à ce jour, les gros porteurs et autres avions de lignes internationales, soit d’Air Zaïre ou de Scibe Zaïre, n’avaient jamais connu un accident mettant en péril la fiabilité de vols internationaux congolais.
D’où la question : la fwata européenne sur les avions congolais intervenue vers les dernières années de gloire du Maréchal Mobutu ne relèverait-elle pas de la stratégie de l’étouffement économique motivée politiquement contre les compagnies aériennes congolaises en faveur des compagnies européennes, notamment Bruxelles Airlines et Air France ? Avec autant des fréquences hebdomadaires qu’effectuent ces deux sociétés aériennes à Kinshasa, pourquoi ne pas croire à cette thèse d’étouffement pour un monopole ?
Il est temps pour les autorités congolaises de statuer sur cette problématique de la liste noire qui maintient savamment et malignement l’aéronautique et l’aviation congolaises en otage à cause prétendument des raisons sécuritaires. La démonstration faite par Congo Airways d’atterrir sans pépin à Zaventem doit donner matière à réflexion sur la réciprocité !