La Cour d’appel de Kinshasa-Gombe a rendu, ce jeudi 23 juin 2022, un arrêt acquittant Vital Kamerhe et ses coaccusés du chef de détournement de deniers publics. Ce verdict qui intervient après celui qui a coûté non seulement près de deux ans de prison à l’ancien directeur de cabinet du chef de l’État Félix Tshisekedi et ses principaux coaccusés, mais aussi et surtout la vie au juge président de la chambre ayant débuté ce procès, Raphaël Yanyi, décédé dans des circonstances encore non élucidées pendant le déroulé du procès, ne surprend personne mais suscite seulement plusieurs questionnements.
Si pour les juges de la Cour d’appel, deux principaux motifs ont concouru à l’arrêt pris ce jeudi pour acquitter VK et ses co-accusés, notamment l’absence d’éléments constitutifs de l’infraction de détournement des deniers publics et l’absence des preuves, il y a lieu de se demander d’où le juge Pierrot Bakenge, successeur de feu Raphaël Yanyi au Tribunal de grande instance de Kinshasa avait-il trouvé ces infractions pour coller 20 ans à VK ; peine réduite par le deuxième juge mais en confirmant les charges du premier juge ?
Pierrot Bakenga aura-t-il le courage de regarder VK tout droit dans les yeux, lui qui l’a présenté à la face du monde comme un voleur d’argent de l’Etat ? Reconnu comme un kamikaze des décisions judiciaires, il se défendra sans doute que ce jugement ne venait pas lui. Mais qui était derrière lui avec cette main manipulatrice politiquement pourfendeuse de VK ? L’histoire le dira un jour aux générations futures.
Mais si l’on croit aux différentes thèses et théories mises en exergue tout au long du procès en première instance et tout ce qui s’en est suivi, très peu de Congolais croient encore en la justice de ce pays qui pourtant, commencer à susciter un peu d’espoir d’un Etat de droit prôné par le président de la République. Non sans raison, à suivre le témoignage de ceux qui ont participé de près ou de loin à ce marché, allant de services publics aux privés, l’on se rend compte que toute la procédure dès la passation du marché à l’exécution avait été biaisée volontairement.
Un fournisseur qui gagne un marché de plus de 57 millions de dollars américains, alors que le compte de son entreprise soumissionnaire n’a que 600 dollars américains, cela paraît contraire à la loi. Aussi, l’argent qui devait être décaissé à Ecobank l’a été au niveau de la Rawbank, institution de transit. Pourquoi alors le Directeur général de cette banque avait-il été remercié par ses actionnaires s’il n’y avait pas mouvement suspect de manipulation des comptes ? Ce DG avait-il été limogé sans raison valable ?
Et si l’on parlait de l’enrichissement sans cause du couple Kamerhe tel que démontré par l’équipe des avocats de la République et le parquet, l’on se rend compte que ce sont les Congolais qui sont pris pour de dindons de la farce. Les immeubles que les ex-incriminés et leurs ex-complices construisent à travers Kinshasa et bien identifiés par les Kinois, sont peut-être l’œuvre d’un don céleste, la foi en Dieu étant une propriété privée de Congolais de la RDC.
Seulement, si feu député Henri Lokonde d’heureuse mémoire était encore vivant, il s’écrierait : « c’était ooohhh, puis eehhhhh et enfin piiiiiiii » pour ainsi dénoncer les actions qui s’annoncent avec pompe, mais dont la réalisation peine à se concrétiser. Allusion faite au feu de paille allumé par certains candidats lors des élections législatives de 2011 à Mbandaka, feu généralement qui ne fait peur que pour quelques brides des minutes et s’éteint vite sans rien consumer du tout. Et c’est l’image du procès de 100 jours médiatisé et suivi par tous Congolais dans les quatre coins du monde comme un grand match, mais dont les verdicts de condamnation viennent d’être effacés. A quoi aurait servi ce procès ?
Une chose vrai est que dans ce procès inutilement historique car ayant vu tous les condamnés au premier et deux degrés acquittés, l’on retient une seule et vraie victime : l’ancien juge Raphaël Yanyi dont soutient-il, aurait été liquidé à Mont-Ngaliema parce que s’opposant à la volonté des détracteurs de VK qui tenaient coûte que coûte voir ce dernier qui leur faisait ombrage auprès du chef de l’Etat, être éloigné de lui de la manière humiliante. Repose-toi en paix otetela kema fumbe, et ton sang versé méchamment pour une cause d’autrui, continue de réclamer vengeance.