Sur la table du premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge se trouve, depuis le 03 mai 2022 pour approbation, le contrat de concession signé entre le ministre des Ressources hydrauliques et électricité, Olivier Mwenze, et le Groupement Lualaba Power SA pour la conception, le développement, le financement, la construction, l’exploitation, l’entretien et la maintenance de la centrale hydroélectrique de Nzilo II sur la rivière Lualaba dans la province qui porte le même nom. Seulement, il y a un couac sérieux dans la passation de ce marché qui met gravement le ministre Olivier Mwenze en cause.
En effet, bien avant son avènement, le ministère de Ressources hydrauliques et électricité à l’époque dirigé par Eustache Muhanzi, aujourd’hui ministre d’Etat, ministre de l’Entrepreneuriat et des petites et moyennes entreprises, avait lancé en novembre 2020 un appel à manifestation d’intérêts pour la mise en concurrence de candidats pour ce projet de construction du barrage Nzilo II. De six sociétés qui s’étaient manifestées, trois avaient été sélectionnées le 25 mars 2021 après l’exigence leur faite le 5 février 2021 de soumettre une offre globale, c’est-à-dire une proposition technique et commerciale. Il s’agit des Groupements Enerlog, Congo Energy et Lualaba.
D’après l’analyse des propositions techniques par la Commission mise sur pieds par le ministre Eustache Muhanzi et avis de non objection émis par la Direction générale en charge du contrôle des marchés publics (DGCMP), c’est le Groupement Enerlog qui était en tête, suivi de Congo Energy, puis Lualaba Power. Ce qui a fait que le 10 avril 2021, le Groupement Enerlog avait été invité, en qualité d’attributaire afin de négocier le projet de contrat de concession de service public pour le site de Nzilo II avec l’autorité contractante.
Mais curieusement, sept mois après sa prise de fonction, le ministre Olivier Mwenze, sous prétexte d’un recours gracieux introduit dix mois auparavant par Lualaba Power, décidera de réévaluer les propositions techniques et commerciales de trois soumissionnaires, en créant des nouveaux critères de réévaluation et en constituant une nouvelle commission d’évaluation. Manœuvre qui lui facilitèrent de repêcher le Groupement Lualaba Power avec qui il a signé le contrat de concession pour un montant de 470 millions USD, lequel contrat se trouve sur la table du premier ministre Sama Lukonde pour approbation.
Pour cette manigance, les parties lésées accusent Olivier Mwenze d’avoir violé non seulement les articles 39, 51, 53 et 82 de la loi sur le secteur de l’électricité, mais aussi l’article 153 du décret 10/22 portant Manuel de procédures de la loi relative aux marchés publics. Autrement dit, le ministre Olivier Mwenze est accusé de s’être arrogé le pouvoir de l’Autorité de régulation (ARE) et d’avoir piétiné l’avis d’objection de la Direction générale du contrôle des marchés publics qui s’est opposée à sa démarche.
D’où, le premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde est vivement appelé à surseoir l’approbation du contrat lui transmis par Olivier Mwenze signé avec Lualaba Power, pour besoin de vérification de conformité de passation de ce marché.