Par Junior-Gradel IKA
Annoncé tambour battant comme un fait justifiant la réussite de la taxe de Registre des appareils mobiles (RAM) décriée, le wifi tant vanté par le ministère des PT-NTIC à la place Kintambo-Magasin à Kinshasa n’en est pas un. Plutôt l’une des plus grosses arnaques du 21ième siècle dont est victime la population kinoise, mieux, les usagers de ce tronçon et autres habitants environnants du coin.
Ce wifi trompe l’œil dénommé « RAM-KINTAMBO-WIFI-3 », dont l’icône apparaît au téléphone ne possède aucune connexion internet, déplorent tous ceux qui ont tenté de se connecter plus d’une fois à cet endroit. Une bourde qui frise la moquerie à l’endroit de la population qui n’a jamais maîtrisé et compris jusqu’ici les mobiles de cette invention kibassiste. D’où, au lieu de RAM comme « Registre des appareils mobiles », les Kinois parlent plutôt de « Rançonnement et arnaque massifs » pour signifier ce vol à ciel ouvert.
Déjà un procès RAM au Tricom
Lésés, les abonnés des entreprises de télécommunications représentés par un groupe restreint constitué en collectif, ont saisi la justice pour faire entendre leur voix afin que soit dit le droit. Après plusieurs atermoiements, la première audience du procès RAM s’est tenue mardi 3 mai 2022 au Tribunal de Commerce Kinshasa/Gombe.
Trois entreprises de télécommunications basées en République Démocratique du Congo ont été assignées en justice par la partie civile pour exiger réparation des frais soutirés illégalement, selon elle.
Vodacom a saisi la balle au bond pour assigner à son tour en justice la RDC pour qu’elle comparaisse afin de prendre fait, état et cause pour elle. Elle l’a fait par la procédure d’intervention forcée. Et le tribunal pour cette première audience a identifié les parties et a renvoyé l’audience au mardi 31 mai 2022. Ce procès rassura-t-il les victimes disséminées sur toute l’étendue de la RDC ?
Non, à en croire certains observateurs et chroniqueurs politiques. L’issue inattendue du procès 100 jours dont presque tous les prévenus ont recouvré la liberté, présage le même scénario. Ajouter à cela, le procès « gratuité de l’enseignement » qui piétine alors que les indices de l’Inspection générale des finances (IGF) sont irréfutables contre l’ancien ministre Willy Bakonga, arrêté dans un autre dossier et relâché spectaculairement dans un lot des amnistiés du président de la République alors qu’il ne répondait pas aux critères de sélection. Les aboiements de la ministre d’Etat à la Justice, Rosé Mutombo, qui n’était pas d’accord avec la liberté accordée à « Vieux Wilba », n’ont rien produit.
Sommes colossales non traçables
La direction qu’a prise l’argent collecté par la taxe RAM pendant près de deux ans, est difficilement retraçable : plus de 25 millions de dollars volatilisés !
Invité à la chambre basse du parlement, le 29 septembre 2021, pour répondre à une question orale avec débat qui lui avait été adressée par le député Claude Misare, Augustin Kibassa a indiqué que « le RAM a permis l’accompagnement de la gratuité de l’enseignement en interconnectant les entités éducatives à travers une plateforme numérique favorisant notamment les cours à distance, la bibliothèque virtuelle et la visioconférence ». Ce qui passe pour du bluff tout clairement. Non sans raison, car en effet ces cours à distance ont-ils profité à combien d’élèves en RDC ? Et ceux habitant les recoins de la RDC où il n’y a aucune connexion internet en ont-ils été bénéficiaires ? Des questions qui restent sans réponses jusqu’ici.
Et pour décliner toute responsabilité, Augustin Kibassa Maliba a, au cours de son adresse au Parlement, déclaré que son ministère ne gère pas les fonds en rapport avec le RAM. « Je peux affirmer du haut de cette tribune que le ministre des PT-NTIC n’est pas gestionnaire des revenus du RAM, en effet, créé par la loi n°014/2002 en application à l’article 8 de la loi n• 013/2002 du 16 octobre 2002, l’ARPTC est un service public doté d’une autonomie financière et administrative ayant des ressources propres qui constituent ses revenus. C’est sur base de la décision n°053 /ARPTC/2016 du 22 juillet 2016 du collège de l’ARPTC qui consacre la certification préalable des appareils mobiles au moyen d’un système CR fonctionnant sur base du numéro IMEI que le gouvernement avait décidé de l’implantation du projet RAM », avait-il indiqué avant de s’embourber malgré lui en déclarant que « Conformément à l’article 22 de la loi créant l’ARPTC, la gestion de celle-ci relève de ces deux organes. Le Président qui est l’ordonnateur des dépenses et le collège qui adopte son budget et décide de son affectation dans le but d’accélérer l’inclusion numérique et le développement du secteur. Nous pouvons citer à son actif le projet ‘’sinted’’ sur la collectivité des entités éducatives, le wifi gratuit dans les universités et places publiques et autres projets des grandes envergures à venir ».
Le procès RAM devrait être révélateur de toutes les manœuvres frauduleuses mises sur pied pour rançonner la population déjà meurtrie. En une seule condition qu’il n’emboite pas les pas aux procès précédents annoncés en grande pompe mais dont l’issue a désillusionné tout le monde.