A le voir, le regarder et l’écouter parler, du moins pour ceux qui le connaissent dans sa peau de journaliste, rien de musicien, pas surtout chrétien, n’est à déceler en lui. Mais grande a été ma surprise, lorsque je parcours un lot des CD que me présente un vendeur ambulant pour achat pour ma voiture, de tomber sur « Dieu Autorité suprême » dont la pochette est recouverte de la photo de ce confrère bien accompagnée de son nom : Crispin TSHIBASU.
Je connais le gars uniquement comme journaliste de Télé 50 et nous partageons un même parking à Bandal à un sous-Ciat de la police pour la garde et la protection de nos voitures la nuit. Il nous arrive souvent de tailler bavettes le matin lors de retrait de nos véhicules au parking, généralement sur des sujets politiques, jamais religieux. Je suis alors surpris par cette découverte d’un Crispin Tshibasu musicien chrétien. Voilà qui fonde ma curiosité de me procurer sans atermoiements ce CD comportant huit titres : Sekele, Libala bosembo, Le rempart, Sables mouvants, Dieu tout-puissant, Lukuta ya mbongo, Buanya et Tunga Mbidila.
En l’écoutant, non seulement que la voix grave que j’entends parler à la télévision et très différente de celle que j’entends chanter, mais aussi la thématique des chansons est très inspirante et exhortante. En plus, le rythmique est un agréable mélange du reggae, du Zoulou et de la Rumba bien enregistré et sans saturation. « J’ai enregistré toutes mes chansons ici à Kinshasa et c’est un jeune ingénieur congolais qui m’a assisté », m’avoue Crispin Tshibasu dans un entretien exclusif avec lui dans ma quête de découvrir cet autre talent incarné dans lui : la voix qui chante Dieu.
Du père musicien « mondain » au fils musicien « chrétien »
Crispin Tshibasu me fait savoir hériter le don musical de son feu père Tshimpanga wa Mbangu qui chanta autrefois avec Madilu System à Lubumbashi avant de créer son propre orchestre à Mbuji-Mayi, Santo Negro qui organisait des concerts dans ville diamantifère mais également à Mwene-Ditu. « J’avais à peine 6 ou 7 ans et je me rappelle que papa m’avait amené à Mwene-Ditu et j’avais suivi son concert », se rappelle le confrère.
Son père, confie Crispin Tshibasu, est l’auteur-compositeur de la célèbre chanson « Maman Kayaya » d’Empire Bakuba de Pépé Kallé qu’il avait intégré aussitôt venu à Kinshasa. Tshimpanga wa Mbangu se brouillera avec Pépé Kallé à cause de droit d’auteur non payé et la non reconnaissance de sa qualité de compositeur.
Arrivé à Kinshasa à 8 ans avec sa mère pour rejoindre son père, raconte Crispin Tshibasu, ils avaient pris pour ce voyage le camion de Fontshi, partant de Tshilenge, en passant pas Mbuji-Mayi, Kananga, Tshikapa, Mweka, Ilebo, Idiofa et Kikwit.
Son aventure musicale commence à Ngaba sur avenue Ngaliema. « Un jour, au retour de l’école Saint Adrien où j’étudiais déjà, en route vers notre maison, j’entends les enfants chanter merveilleusement bien. Et je dis à papa qui était venu me prendre : je ne peux pas chanter comme ces enfants ? Et papa me dit : il y a pas de problème, allez-y ! Nous sommes entrés du coup dans la parcelle et il a pris contact avec la responsable de la chorale, sœur Djoudjou, elle est encore en vie. Et le lendemain je suis revenu et j’ai commencé à répéter. Dans cette chorale je n’ai fait que trois mois parce que Divin Mwanzal qui dirigeait la chorale Nouvelle Jérusalem qui répétait au même endroit, viendra me récupérer un jour en disant : ce garçon ne peut pas chanter dans la chorale des enfants, il mérite le grand. Ça va créer la brouille entre lui et la sœur Djoudjou mais finalement ils se sont entendus. C’est comme ça qu’à bas âge j’ai commencé à chanter dans la chorale Nouvelle Jérusalem », raconte Crispin Tshibasu l’histoire du début de son aventure musicale dans cette chorale faisant partie de groupe « The way » ou « La Voie » qui livrait des concerts un peu partout à Kinshasa.
Il deviendra plus tard dirigeant de la chorale Nouvelle Jérusalem lorsque Divin Mwanzal trouva du boulot et devenait indisponible. « J’étais le plus jeune, mais il va me choisir. Il va me donner la guitare. Il m’a laissé la chorale. Nous avons fait des prouesses jusqu’à remporter le premier prix de la compétition organisée par The way à N’sele. J’étais sorti le meilleur chanteur et mon groupe le meilleur orchestre et nous avons raflé le trophée devant plus de 15 mille personnes. Aujourd’hui quand vous parlez de frère Titi chez The way (Ndlr : Tshibasu Tshimpanga, au début abrégé Tshitshi comme aimait bien l’appeler sa mère dans son enfance, mais transformé en Titi par les Kinois sous influence de Lingala), je ne dirais pas une star mais je suis connu pour avoir œuvré avec un cœur sincère. J’ai loué mon Dieu depuis des années. Je n’avais jusque-là aucune ambition de devenir journaliste. Mais quand j’ai grandi, j’ai étudié et obtenu mon diplôme de journaliste à l’IFASIC en 2002 », relate Crispin Tshibasu.
Bien qu’il ait arrêté avec la chorale pour se concentrer sur son travail de journaliste, les germes de chanteur circulaient toujours dans ses veines. Voilà qui le poussa à réaliser son premier album en 2016 à l’époque où il était au bureau du président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, intitulé « Parole de Dieu, héritage éternel » avec huit titres. « Dieu Autorité suprême » est donc son deuxième opus sorti en avril 2021.
17 mai prochain, rendez-vous à ne pas manquer
Crispin Tshibasu projette une marche de santé en marge de l’organisation du festival « A Dieu la gloire 2ième édition » qui sera suivie d’un concert avec barbecue à l’espace ISIPA/Mushi à Lingwala. « Parce que la Bible nous dit de nous réjouir dans le Seigneur, je vais offrir aux enfants de Dieu un barbecue au moment de louange, c’est-à-dire à manger et à boire : jus, maboke, etc. Quand les enfants de Dieu viennent, ce n’est pas seulement pour se lamenter ; ils doivent se réjouir aussi », déclare le journaliste-chantre de l’Eternel.
Le 30 juin prochain, interviendra l’organisation proprement dite du festival « A Dieu la gloire » à l’Académie des beaux-arts pendant trois jours. Cette grande fête chrétienne connaitra la participation d’au moins six chantres de l’Eternel qui viendront de la France, de la Cote d’ivoire, du Cameroun et de l’Angola.
Il faut rappeler que la première édition du festival « A Dieu la gloire » avait eu lieu en 2018 au Théâtre de verdure devant plus de 3 mille personnes. Les éditions suivantes n’avaient pas été organisées à cause de la pandémie à Covid-19.