Sur son Twitter, ce jeudi 05 mai 2022, l’ancien ministre d’Etat au Budget, Me Baudouin Mayo écrit : « Pour crédibiliser sa candidature, Matata doit encourager la justice à clarifier le dossier Bukanga lonzo qui lui colle à la peau. Il doit être comme la femme de César, au-dessus de tout soupçon ». Ce conseil-interpellation de l’ancien secrétaire général de l’Union pour la nation congolaise (UNC), parti cher à Vital Kamerhe, intervient deux jours après la sortie officielle du parti de Matata Ponyo dénommé « Leadership et gouvernance pour le développement » (LGD) et son investiture comme candidat président de la République en 2023.
En effet, du 1er au 3 mai derniers, Matata Ponyo et ses congressistes s’étaient retirés pour analyser et décortiquer la situation sociopolitique, économique et sécuritaire de la RDC, avant que le parti puisse décider de se lancer officiellement dans la bataille politique, et lorgner sur la présidentielle de l’année prochaine.
Mais seulement, dans discours, l’ancien chef du gouvernement sous le régime Kabila donnait l’impression de parler aux martiens tombés pour la première au Congo lorsqu’il évoque la question de l’insécurité dans l’Est du pays. « Le viol est utilisé comme arme de guerre contre nos sœurs, nos mamans qui finissent par perdre le sens de la vie. Des déplacements massifs de nos concitoyens sont observés régulièrement. Cette situation, retenez bien, procède fondamentalement d’une malédiction de leadership et de gouvernance qu’il faut conjurer dès aujourd’hui, développement économique et inclusif ne peut être envisagé de manière durable sans la paix et la sécurité dans l’ensemble du pays, le parti a pris cet engagement de s’investir à fond dans la poursuite des solutions qui vont résoudre définitivement cette question relative à l’insécurité dans l’Est du pays » a-t-il déclaré dans la salle de Show buzz où se tenait la manifestation.
Discours démagogique destiné bien aux martiens parce que c’est sous Matata Ponyo comme premier ministre qu’est né la rébellion du M23. Son gouvernement avait signé avec ce mouvement les déclarations de Nairobi dont les engagements n’étaient pas honorés par lui. Ce que le M23 réclame aujourd’hui est tout simplement l’héritage négatif de Matata. Aussi, c’est sous son mandat que la RDC a été proclamée « capitale du viol ». Dans quatre ans comme premier ministre, combien de fois s’était-il rendu dans les Kivu pour ne fût-ce que réconforter les victimes de ces viols ? Combien de groupes armés Matata avait-il laissé en décembre 2016 à son départ de la Primature ? Réponse : près d’une centaine. Il n’y a donc que des naïfs qui peuvent croire et gober son discours sur la question de sécurité dans l’Est de la RDC.
Quant au dossier Bukanga Lonzo dont Me Baudouin Mayo lui prodigue un bon conseil en tant que juriste pour nettoyer son casier judiciaire, bien qu’il clame son innocence dans la rue, les indices de la débâcle de ce parc agroindustriel ne l’épargnent guère, à en croire le rapport fait par l’Inspection générale des finances (IGF). L’éviction des ministères sectoriels, notamment celui de l’Agriculture dans la gestion de ce projet au projet des structures créées à la Primature, dénotait sa volonté manifeste d’avoir mainmise sur ledit projet.
A l’étape actuelle, il n’y a que la justice saisie par l’IGF qui peut le rendre blanc ou noir. La fuir sous prétexte qu’elle est instrumentalisée, est une échappatoire parce que c’est la même justice au niveau de la Cour constitutionnelle qui l’avait sorti des griffes du procureur Victor Mumba bien que celui-ci n’ait pas encore lâché prise. Le conseil de me Baudouin Mayo vaut beaucoup pour Matata étant donné que l’innocence tant clamée par lui ne se proclame pas dans la rue.