Rien de nouveau sous le soleil. D’origine religieuse, cette expression très ancienne est tirée de l’Ecclésiaste. Il s’agit de l’un des livres de l’Ancien Testament rédigé en hébreu, au IIIième siècle av. J.C., par un auteur se décrivant comme le fils de David et le roi d’Israël et qui comprend de nombreux aphorismes et maximes. Son verset 9 est composé ainsi : « Ce qui a été sera, ce qui s’est fait se fera ; Et il n’y a rien de nouveau sous le soleil ». Un texte complexe qui signifie simplement que, comme le soleil, la plupart des choses de ce monde sont permanentes et n’évoluent guère.
En RDC, ex-Zaïre, le dossier « François Beya » renvoie à cette réalité. L’histoire se répète mais avec des acteurs différents. L’ancien conseiller spécial en matière de sécurité du président de la République, Félix Tshisekedi, arrêté le 5 février dernier, a été transféré hier lundi 04 avril à la Prison de Makala ce, après 59 jours passés dans les installations de l’Agence nationale de renseignements (ANR). Selon ses avocats et les membres du Collectif « Free François Beya » dont Victor Tesongo de la Lutte pour le changement (LUCHA) est porte-parole, l’affaire Fantômas sera fixée devant la Justice militaire. Mais déjà, ils dénoncent un procès expéditif et téléguidé pour condamner l’ancien directeur général de la Direction générale de migrations (DGM). Du coup, les analystes ex-Zaïrois voient l’ « ombalisation » en marche dans cette affaire François Beya.
En effet, ancien directeur de la sécurité et secrétaire particulier du président Mobutu Sese seko entre 1971 à 1975, le colonel Omba Pene Djunga s’était vu condamné à mort le 1er septembre 1975 pour un soi-disant coup d’État monté et manqué contre le pouvoir de l’époque. Il sera libéré, « gracié » à l’occasion du 49e anniversaire du Président Mobutu, après quatre ans et demi passés dans la prison de la Cité de l’OUA dans une cellule de 1 m de largeur et 2 m de longueur et 2,50 m de hauteur, sans lit ni table et chaise.
L’ « ombalisation » est le calvaire qu’a connu cet ancien colonel qui sera âgé bientôt de 84 ans et qui a toujours clamé son innocence face au grief de coup d’Etat lui collé au dos et dénoncé ses comploteurs autour de l’ancien président du Zaïre. « Coup d’Etat monté et manqué : une voie de sanctification », c’est son livre de 113 pages publié en 2005, soit 30 ans après, à travers lequel il dit accorder son pardon à tous ses pourfendeurs et comploteurs. Mais malgré la grâce présidentielle dont il avait été bénéficiaire, le colonel Omba, devenu sénateur, avait saisi en 2012 la Haute cour militaire en vue de la révision de son procès pour laver son honneur.
47 ans après, l’ « ombalisation » risque de se reproduire dans l’affaire « François Beya » caractérisée, selon ses avocats, par la précipitation de ses accusateurs qui ont fait tout pour qu’il tombe dans la disgrâce du président Félix Tshisekedi. Toujours selon ses avocats, trois mois après sa détention, les accusateurs de François Beya ont du mal à produire un seul indice sérieux de culpabilité lui reprochée à part le colportage. Mais comme ils seraient dans la logique de « qui veut noyer son chien… », dénoncent les avocats et le Collectif « Free François Beya », certains militaires et policiers non arrêtés auraient déjà été mis dans le coup moyennant les frais de substance pour leurs familles et auraient accepté d’être condamnés avec François Beya, quitte à voir leur sort traité autrement après.
Le grand metteur en scène de tout ce que François Beya est en train de vivre comme calvaire, accusent ses proches, c’est son propre frère du Kasaï central, Fortunat Biselele dit Bifor. Guerre des clans et de palais…
Ce que les avocats de Fantômas ne comprennent pas et dénoncent, c’est le fait que leur client soit transféré à la prison centrale sans passer par aucune juridiction de droit. « On nous a dit que son dossier sera fixé devant une juridiction militaire. Nous avons vérifié auprès de la Justice militaire, son dossier n’est nulle part. l’ANR va-t-elle le communiquer après à la justice militaire ? Mais par quel acte juridique notre client se retrouve à Makala ? Pourquoi Makala à la place de Ndolo parce que selon l’accusation c’est une affaire qui impliquerait les hommes en arme ? Sommes-nous toujours dans cet Etat de droit prôné par le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi ? », s’interroge l’un des avocats de François Beya, estimant que les détracteurs de ce dernier ont fait un mauvais montage qui est en train de discréditer le régime. François Beya fera la prison selon le schéma déjà tracé par ses détracteurs, le colonel Omba l’avait aussi innocemment fait, mais la vérité de l' »ombalisation » est restée têtue. Dossier à suivre !