Politique-spectacle au Sénat, Thierry Monsenepwo recadre Matata Ponyo : « Il faut éviter de vous faire inutilement de la publicité alors que vous traînez des casseroles sales de votre gestion »

Depuis ses déboires avec l’Inspection générale des finances (IGF), puis avec la justice au sujet de la débâcle du projet du parc agroindustriel de Bukanga Lonzo, le sénateur Augustin Matata Ponyo ne fait que cracher sa colère venimeuse sur le président du Sénat, Modeste Bahati, qu’il accuse visiblement à tort d’être l’instigateur de tous les ennuis judiciaires qu’il a.  

Comme réponse à ses allégations, Modeste Bahati avait été clair avec son ancien premier ministre sous Kabila : « Moi personnellement je vais vous en vouloir pour quelle raison. Politiquement, comment je peux vous en vouloir ! Vous connaissez ma position ; vous connaissez mon poids politique, je vais vous envier pour quelle raison cher collègue ? Vous êtes seul, mais moi j’ai combien d’élus derrière moi ? J’ai 70 députés provinciaux, j’ai 41 députés nationaux, j’ai des sénateurs, j’ai des gouverneurs, des présidents des Assemblées provinciales, je vais vous en vouloir pour quelle raison ? » (Lire l’article de Scooprdc.net : Bahati à Matata : « Vous êtes responsable de vos actes, il faut en répondre, il ne faut pas chercher des boucs-émissaires »)

Malgré ce recadrage, le sénateur Augustin Matata ne cesse d’en vouloir à son président du Sénat qui fut son ministre de Travail, emploi et prévoyance sociale puis ministre de l’Economie nationale. Sa dernière  bourde est la lettre qu’il a adressée à Modeste Bahati pour lui annoncer son refus de l’offre gratuite d’un véhicule Hyundai Palissade que le Sénat octroierait à tous les sénateurs, selon lui, comme don du Gouvernement aux parlementaires.

Mais au lieu de se limiter à ce refus, Augustin Matata Ponyo s’est permis d’administrer une leçon de gestion à son président du Sénat, en qualifiant cette offre de symbole de mauvaise gouvernance dans la gestion des affaires de l’Etat. Faisant ses propres calculs qui atteignent 40 millions USD comme montant déboursé pour l’acquisition de ces véhicules, Matata Ponyo estime qu’avec cet argent, s’il est rationnellement utilisé, le Gouvernement construirait 3 à 4 universités dans les provinces, plus de 400 écoles primaires, 4 grands hôpitaux régionaux et achèterait 2 avions Airbus 310 de moins de 10 ans, 400 bus Transco pour le transport en commun.

« Cette énumération non exhaustive des projets socio-économiques finançables démontre à suffisance que votre implication personnelle pour l’octroi de ces véhicules de luxe aux Sénateurs symbolise la mauvaise gouvernance au sommet du Sénat, ce qui est votre poids politique, comme vous l’avez réclamé tout haut à l’hémicycle », crache « l’homme à la cravate rouge » sur le « Vieux Maradona ».

Face à cette vantardise de l’« économiste professeur » Matata Ponyo, les proches de Bahati n’ont pas cherché très loin des mots pour le descendre : « Modeste Bahati n’a pas attendu d’être premier ministre pour acheter un doctorat ! Le souci de vouloir à tout prix être comme l’autre, la caractéristique de celui qui est aujourd’hui donneur de leçon sur la moralité. Nous attendons qu’il nous explique le phénomène de Bukanga Lonzo à Kindu ».

Thierry Monsenepwo s’invite au débat

Ancien communicateur de l’ancienne Majorité présidentielle quand Matata était premier ministre, Thierry Monsenepwo, disciple de l’ancien porte-parole du Gouvernement Matata I et II, Lambert Mende, s’est invité au débat sur le plateau de CPL TV du talentueux et méticuleux journaliste Pero Luwara.

D’entrée de jeu, il s’étonne que le « prof » Matata manifeste son refus à Bahati par écrit alors que ce dernier ne lui a jamais notifié.  Pour Thierry Monsenepwo, Matata fait tout simplement de la politique-spectacle. Non sans raison, car à peine sa correspondance outrageante déposée au Sénat, il l’a vite balancée dans les réseaux sociaux.

Thierry Monsenepwo estime qu’il faut de fois éviter de donner des leçons lorsqu’on a géré à certain niveau de responsabilité et qu’on a des casseroles  sales dans le parcours de la gestion qu’on a pu à faire. « Il faut avoir un peu de retenue. Si aujourd’hui nous allons à l’IGF  et nous voyons le rapport des inspecteurs en ce qui concerne Bukanga Lonzo, 200 millions USD peuvent faire 8 universités comme l’université de Kindu dans 8 provinces ; ça peut nous acheter 10 avions Airbus de moins de 10 ans ; ça peut construire 650 écoles dans plusieurs territoires ; je peux vous citer tout ce que les 200 millions peuvent faire, les 200 millions qui manquent à l’appel dans l’investissement de Bukanga Lonzo.  Donc, il faut éviter de se faire de la publicité inutilement », a-t-il déclaré comme une réponse du berger à la bergère.

A la question du journaliste de savoir si pour Thierry Monsenempwo, Matata n’était pas un bon gestionnaire, le disciple de Lambert Mende réplique : « Un bon gestionnaire par rapport à quoi ? L’Etat congolais a sorti l’argent pour Bukanga Lonzo, mais aujourd’hui 200 millions sont introuvables. Lorsque l’on veut aller voir à Congo Airways ce qui aurait dû être acheté par rapport aux quatre avions, c’est une différence de près de 17 millions USD. Lorsque l’on descend dans sa gestion, on se rend compte qu’il y a beaucoup de chose à dire. Moi je me dis qu’il faut être humble. C’est vrai que l’homme passe les institutions restent. Il y a eu certes des choses positives que l’ancien premier ministre Matata a eu à faire mais il y a des choses que lui ne peut pas se permettre de dire aux gens. En ce qui concerne la gestion, il n’a pas de leçon à donner », martèle Thierry Monsenempwo, en précisant en tant qu’ancien communicateur de la MP, que depuis 2012, il était prévu dans le budget de mettre de côté chaque année 200 millions USD pour les élections de 2016. « Mais lorsqu’on est arrivé en 2015 il n’y avait pas d’argent pour organiser les élections. Pourquoi, si cette gestion était si orthodoxe ? Tu veux qu’on dise des choses vraiment ! », interroge et s’exclame-t-il.

Bref, pour l’ancien communicateur de la MP, Augustin n’est pas un modèle de donneurs des leçons, par surtout de gestion.

  • Bendélé Ekweya té

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