Il y a quelques semaines, les populations de la République Démocratique du Congo ont jubilé à l’annonce de la suppression de la très controversée taxe RAM (Registre des Appareils Mobiles) par le gouvernement central.
Ce service était très critiqué depuis son lancement en septembre 2020. Les utilisateurs se plaignaient notamment de son coût, entre 1 et 14 dollars voire plus.
Mais seulement, avec la suppression de la taxe RAM, la joie de la population est en passe de devenir de courte durée. En effet, le premier ministre Sama Lukonde serait sur le point de signer un nouveau decret en remplacement du décret n°20/005 du 09 mars 2020, modifiant et complétant le Décret n°012/15 du 20 février 2012, fixant les modalités des calculs et les taux de revenus des prestations de l’ARPTC signé par le Premier Ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba. Si RAM a ponctionné de manière illégale des unités et de l’argent du paisible peuple, le nouveau projet de decret impactera fortement le pouvoir d’achat du consommateur congolais dans ce secteur.
Ce qui semble être RAM sous une forme ameliorée, prevoit de taxer encore plus la pauvre population. En effet, si le decret est signé par le premier ministre, les Congolais seront dans l’obligation de payer pour chaque minute utilisée, chaque megabite consommé et chaque sms envoyé.
Ce nouveau projet de decret prévoit de facturer de la maniere suivante : 1. Appel: 0,00075$ ; 2. SMS: 0,003$ ; 3. Méga: 0,00005$.
De manière concrète, lorsqu’un utilisateur consomme 10 minutes d’appel (Vodacom par exemple), il lui sera prélevé 0,0075$, alors que s’il utilise 56 SMS (Airtel par exemple) il va devoir 0,042$ de taxe tandis que pour 1Go utilisé, il lui sera prélevé 0,512$.
Ces chiffres paraissent peu signifiants à premiere vue mais ils impactéront significativement le consommateur congolais. Les opérateurs Telecom qui verront leur marge se réduire sensiblement seront dans l’obligation de la répercuter sur le consommateur.
Deja confrontés à énormement de taxes, les opérateurs se verront dans l’obligation supprimer purement et simplement des forfaits appels, SMS et internet. La loi congolaise interdisant la vente à perte.
Une récente étude de Research ICT solutions (IRS) a démontré que l’effet net de ces taxes sera une augmentation indirecte des prix par le retrait des offres groupées. Cela frappera le plus durement les utilisateurs à faibles revenus (les pauvres). La taxe sur les forfaits vocaux de 0,0075 USD par minute réduira les marges des opérateurs de 11% à 36%. Cela signifie que certains forfaits vocaux devront être retirés car ils ne sont plus rentables. La taxe sur les forfaits SMS de 0,003 USD par SMS signifie que le droit d’accise est supérieur au prix de détail de la plupart des forfaits SMS, ce qui signifie également que la plupart des forfaits SMS doivent être retirés. La nouvelle taxe de 0,00005 USD par Mo signifie 0,3% à 10% de revenus en moins provenant des forfaits de données. L’impact des taxes proposées pour les forfaits mixtes représente entre 12% et 122% du prix de détail actuel, ce qui signifie que beaucoup devront être retirés.
Visiblement, l’Etat n’est pas pret à laisser souffler sa propre population. Le braquage étatique n’a, donc, pas dit son dernier mot.