Scandale au diocèse de Tshumbe : Trois prêtres renvoyés de l’état clérical au nom du souverain pontife sans être jugés

Depuis quelques jours circulent dans les réseaux sociaux, un communiqué de la chancellerie du diocèse de Tshumbe adressé aux membres du conseil presbytéral annonçant le renvoie de l’état clérical des abbés Ndjadi Djowa Jean de Dieu, Djongelo Lopanu Pascal et Lohonga Banza Jean Major.

Plusieurs prêtres et chrétiens de Tshumbe contactés par notre rédaction sont très indignés par cette dérive autoritaire de l’Evêque de Tshumbe.

Le ton a été donné par l’Abbé Véron Okavu qui après la réunion du conseil presbytéral tenu à Lodja par l’Evêque de Tshumbe s’est senti très déçu : « Une fois encore l’histoire se répète ! Nous venons vivre une comédie. Un semblant de conseil presbytéral. Alors que l’on pensait assister à une vraie rencontre presbytérale, à un choc d’idées, grande fut notre déception lorsque l’ordinaire du lieu prît la parole et nous annonça les points à l’ordre du jour. Au fonds, il y  avait aucun point important. La réunion a commencé au même moment par des informations et des divers. Et nous avons divagué … »

 Et d’ajouter : « Quand on veut tout dissimuler, on perd souvent de cohérence, de pertinence et de Logique. Les indices sous nos yeux montraient clairement qu’au fonds, la réunion n’avait pas pour but d’informer. Mais elle dissimulait sûrement autre chose : manque de solidité d’arguments, manque de cohérence dans cheminement des idées. On dirait que nous avons parlé, au même moment, de tout et de rien ».

En réaction à ce communiqué, l’abbé Ndjadi Jean de Dieu a formulé dans un courrier adressé à l’Evêque de Tshumbe dont une copie est parvenue à Scooprdc.net, la demande d’obtenir la copie ou l’original de la décision du pape. L’abbé Ndjadi se dit d’ailleurs très surpris par « cette décision du pape » car il n’a jamais été jugé, ni condamné, ni reproché par Rome. Jusqu’à présent, aucun prêtre n’a été notifié de manière officielle. C’est à travers les réseaux sociaux que les prêtres ont appris leur renvoi de l’état clérical. Une telle administration démontre l’arbitraire qui règne à Tshumbe.

Sinon comment une décision d’une telle importance prise au nom du Saint Père peut-elle parvenir aux prêtres de Dieu à travers les réseaux sociaux ? Il s’agit là visiblement de la banalisation du sacerdoce, ce pouvoir sacré dit pouvoir reçu pour toujours « sacerdos in aeternum ».

Selon beaucoup de prêtres, le diocèse de Tshumbe vit un moment crucial de son histoire. Il vogue au rythme des rumeurs et des secrets de polichinelle. L’évêque Nicolas Djomo arrivé fin mandant en 2019 à cause de l’âge canonique, continue à diriger ce diocèse malgré le poids de l’âge et l’usure du pouvoir. Rome éprouve des difficultés de trouver son remplaçant, il n’y a pas de prêtres idoines.

« Faut-il déplorer tout ce que l’on voit, l’on vit ou l’on entend depuis que les consultations pour la succession de l’évêque ont commencé ? Ceux qui ont été dignes, laïcs comme prêtres en ont fait des propos des cabarets. Tshumbe est devenu une Église à la lisière de l’arbitraire et de l’anarchie. Sur l’épiscopat, le clergé et le laïc adoptent un même langage de paganisme. Avec ces genres de semailles, à quelle récolte nous préparons », s’interrogeait l’Abbé Véron Okavu ?

Parmi les clergés, on suppute, on discute, on s’évite. Sorcellerie, vol, empoisonnement, loges, franc-maçonnerie, fétichisme…font parties des maux qui rongent ce diocèse. Beaucoup d’âmes sont aujourd’hui en perdition pour aller embrasser des sectes.

Des procès des prêtres contre prêtres, religieuses contre prêtres, ou par laïc interposés ont fini par discréditer le clergé de Tshumbe. Plusieurs prêtres sont des pères des familles, mais bénéficient de l’inattention de l’Évêque et cela malgré les dernières recommandations de la CENCO du 04 mars 2022 faites aux Évêques de renvoyer les prêtres qui ont des enfants.

Au moment où nous publions cet article, nous apprenons qu’un frère franciscain a été envoyé par Rome pour enquêter sur plusieurs dossiers brûlants qui se passent dans la congrégation de Saint François d’assise de Tshumbe.

A quelques mois de l’arrivée du pape en RDC, il faut admettre que ce qui se passe aujourd’hui à Tshumbe ternit l’image de l’Eglise universelle et particulière du Congo. Le pape qui vient avec un message de réconciliation risque d’être mal compris s’il n’arrive pas à mettre de l’ordre dans sa propre Eglise. Il est inconcevable qu’en ce temps de carême, des décisions arbitraires soient prises au nom du Pape sans juger ni écouter ces prêtres  sanctionnés.

  • Bendélé Ekweya té

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