Par Patrice Otekema, spécialiste des questions sécuritaires (correspondance particulière)
Dans ce dossier qui engage un des plus grands agents secrets de la RD Congo, chargé de conseiller le président de la République en matière de sécurité de l’Etat, une certaine opinion agit comme s’il s’agissait d’un vulgaire procès pour vol sur l’étalage alors que le pays a frôlé le pire… Sûreté de l’Etat oblige, l’Agence nationale de renseignement (ANR) et d’autres services de l’Etat ont heureusement agi tôt, pour sauver la République. Analyses.
Dans l’affaire François Beya Kasonga, le patron du Conseil national de sécurité (CNS) et conseiller du chef de l’Etat en charge de la sécurité, interpellé puis gardé dans les locaux de l’Agence nationale des renseignements (ANR) depuis le 5 février 2022, d’intenses pressions s’observent, comme pour noyer le poisson dans l’eau. Et ce, depuis le déclenchement des procédures d’interrogatoires d’usage, révélées au lendemain de l’interpellation du sécurocrate Congolais.
En effet, compte tenu de la nature de ce dossier relatif à une atteinte à la sûreté de l’Etat, et conformément aux lois en vigueur en RDC ainsi qu’aux usages en cette matière extrêmement sensible et vitale pour la survie de l’Etat, c’est l’ANR qui se charge de l’instruction, avant de transmettre les éléments pertinents aux instances judiciaires pour dispositions utiles.
A ce stade de l’instruction, outre l’établissement des charges concernant le conseiller spécial du chef de l’Etat en matière de sécurité, les services de l’ANR s’activent à établir les ramifications internes et externes possibles ainsi que leurs conséquences sur la sûreté présente et future de l’Etat.
ONG de défense des droits de l’homme, groupes de pression divers agissant parfois par médias interposés, tous se jettent dans la bataille, pour le moins hasardeuse, qui à la conversion de cette affaire relevant de la sûreté de l’Etat, en un procès de droit commun.
Au-delà de François Beya, il s’agit donc de mettre à jour la toile d’araignée et ses animateurs ligués dans des atteintes contre l’Etat Congolais, pire, dans la visée de mettre à mort le Chef de l’Etat.
Au sujet du désormais ancien patron du CNS, donc, les responsabilités ne font plus l’ombre d’un doute, assure une source proche du dossier interrogé par nos fins limiers. Il reste à établir les ramifications des atteintes à la sûreté et leurs portées pour le présent et l’avenir de la RDC. Ce qui représente en soi « une tâche énorme et complexe » judiciaire et non judiciaire. On explique que c’est ainsi que cela se passe partout à travers le monde, s’agissant d’une affaire impliquant les services secrets.
« Tous les faits, les éléments relatifs à ce dossier doivent être cernés, traités, et au moment venu, transmis aux instances judiciaires, lorsque ce sera le Momentum », explique notre source sous le sceau de l’anonymat. L’objectif visé étant de ne pas compromettre la phase actuelle de l’instruction en ébruitant les différentes interpellations qui sont déjà faite. Et ce, par crainte de permettre à ce que certains complices puissent s’évaporer dans la nature.
La durée relativement longue prise par l’instruction du dossier François Beya n’est donc nullement attribuable à la recherche d’éléments de preuves relatives à l’atteinte à la sûreté de l’Etat. Elle s’explique plutôt par la nécessité de mettre à jour toutes ses ramifications dans la mesure où elles impliquent des responsabilités à divers degrés, au pays comme à l’étranger.
Et le bout du tunnel semble de plus en plus proche, ainsi que l’indiquent la multiplication des interpellations dans les milieux de l’armée, de l’administration publique et autres systèmes étatiques. Toute précipitation inconsidérée dans le traitement de ce dossier pourrait avoir des conséquences irréparables. Il faut donc de la patience et à la plus grande vigilance quant à ce.