Par des médias interposés, le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Denis Kadima, et le ministre des finances, Nicolas Kazadi, se livrent une guerre d’invectives. Alors que le numéro 1 de la centrale électorale se plaignait du retard du décaissement des fonds à allouer à son institution pour l’organisation des opérations préélectorales, l’argentier national a vite répliqué pour le contredire en avançant le montant déjà décaissé dont la CENI était bénéficiaire. Comme pour ne pas se laisser noyer, Denis Kadima va aussi préciser que l’argent reçu était pour l’installation des membres et le fonctionnement. C’est là que cet échange prend une autre tournure. Nicolas Kazadi va accuser ouvertement Denis Kadima et son bureau d’avoir surfacturé le devis d’acquisition des véhicules par la CENI.
Anguilles sous roche…
Par ce raccordement frauduleux dans le débat, le ministre des finances s’est auto-accusé dans un dossier où il a un conflit d’intérêt. En effet, parmi les soumissionnaires qui ont introduit les dossiers pour gagner le marché de fourniture des véhicules à la CENI, figure la Société Africaine de Distribution Automobile (SADA Motors RDC sas) dont le directeur général, Jacky Kazadi N’duba serait, d’après les sources fiables de Scooprdc.net, le grand-frère de Nicolas Kazadi. Cette société, dit son DG dans sa lettre envoyée le 20 janvier dernier au président de la CENI, est spécialisée dans la représentation, l’importation, la vente et la distribution des produits automobiles neufs ; notamment : Ford, Mitshubishi, Renault et BMW. « Historiquement connu comme dealer de Mercedes et Nissan, elle assure à sa clientèle un service après-vente répondant aux normes internationales », peut-on lire dans cette lettre.
C’est ce dossier véhicules, en effet, qui cacherait en réalité la pomme de discorde entre le ministre des Finances, Nicolas Kazadi, en le président de la CENI, Denis Kadima, du fait que ce dernier a, selon les sources de Scooprdc.net, rejeté l’offre de SADA Motors RDC sas en faveur de CFAO Motors. Non sans raison, sinon en qualité de qui Nicolas Kazadi se permet-il de répondre à une plainte formulée contre le gouvernement ? En est-il le porte-parole ?
Il est clair que l’argentier congolais tenait à ce que SADA Motors RDC sas soit bénéficiaire de ce grand marché de plus d’un million USD. L’ayant ainsi raté, dans sa rage, Nicolas Kazadi se proposerait même de commander les véhicules pour le compte de la CENI via BCeCO alors que celle-ci jouit d’une autonomie financière et n’est pas sous tutelle du gouvernement de la République. Aussi, la CENI ne rend pas compte de sa gestion au ministre des finances, encore moins au Gouvernement, mais plutôt à l’Assemblée nationale et à la cour des comptes.
Par son coup de gueule et gesticulation, Nicolas Kazadi, pensant nuire à l’image de la CENI mais surtout à son numéro 1, s’est lui-même exposé dans les combines financières qui sentent le trafic d’influence et le conflit d’intérêt. Dans SADA Motors RDC, outre le frère Kazadi, certaines personnes ayant leurs intérêts dans cette société sont citées, notamment Roger Tshisekedi qui serait le cousin du président de la République et Bifort Biselele, l’homme de tous les coups, souvent impliqués dans plusieurs dossiers financiers scandaleux.
Dans un pays qui se veut sérieux, le président de la République aurait réclamé la démission du ministre des finances ou carrément le limoger à cause de ce manquement grave bien caractérisé par le trafic d’influence et le conflit d’intérêt. Mais parce que l’on est dans un pays où règne l’impunité, ce scandale est un fait divers dans un régime qui donne l’image d’un conglomérat des jouisseurs.
Quant à la CENI, son président a associé à sa gestion l’Inspection générale des finances (IGF) pour besoin de transparence et éviter tout soupçon de détournement qui ne pourra apporter de l’eau au moulin de l’argentier congolais.