Depuis l’inhumation de l’artiste musicien François Matumona, mieux connu sous le nic name de Général Defao, la toile est surchauffée par les accusations et les démentis en rapport avec le détournement présumé des frais funéraires accordés par le gouverneur de la ville province de Kinshasa. Parmi les accusés et plaignants se retrouvent les artistes de toutes les générations : Adios Alemba, Mbilia Bel, Reddy Amisi, Shaka Kongo, Félix Wazekwa, Tshiala Mwana…la liste n’est pas exhaustive. Cette guéguerre qui a commencé par une escalade verbale dans les émissions culturelles a atteint son paroxysme avec le procès intenté par la « Cléopâtre de la musique congolaise » contre la « Reine de Mutuashi » au parquet de Matete ; sans parler de Adios Alemba qui vient d’être éjecté de sa chaise de président a.i de l’Union des musiciens congolais.
L’opinion a découvert, à l’occasion de cet incident, que les frais baptisés « funéraires » par les donateurs n’en sont pas uns à l’UMUCO où dans l’entendement des sociétaires, ces frais doivent être répartis en rubriques telles que : cachet des artistes qui presteront à la veillée mortuaire, frais de studio et cachet pour ceux qui vont participer à l’enregistrement de la chanson dédiée à l’artiste disparu, le transport des musiciens venus en consolation, etc. Dans ces rubriques, la famille éprouvée ne se retrouve pas. Et ce spectacle est devenu récurrent chaque fois que la musique congolaise perd un musicien. Comme qui dirait le malheur des uns fait le bonheur des autres: les cas Marie Misamu et Simaro Lutumba sont encore frais dans la mémoire des mélomanes congolais.
La question que beaucoup se posent est celle de savoir si les musiciens congolais ne vivent pas de leur art ; car la manière dont les petits montants d’argent les opposent fait croire qu’ils offrent au public une face qui n’est pas la leur. On dirait des nécessiteux talentueux qu’il faudra à tout moment aider jusqu’à les enterrer avec l’argent du contribuable congolais ! On se rappellera du feu que le 1 million USD offert par l’ancien Président de la République Joseph Kabila, avait allumé entre eux, alors que cette somme était donnée pour un investissement en leur faveur.
Après avoir rabaissé la musique congolaise par le phénomène » Mabanga » (Ndlr : éloge dans leur jargon) qui les a aliénés par rapport aux personnes qu’ils immortalisent dans leurs chansons, on voit certains d’entre eux chanter et danser quand ils reçoivent de la part d’un bienfaiteur une ration alimentaire en marge des festivités de fin d’année ! On peut s’imaginer Youssou N’Dour ou A’salfo se rabaisser ainsi ?
Quand les professeurs d’université, agents de l’État, ne sont pas enterrés par le pouvoir public, on ne comprend pas pourquoi une tradition s’installe de toujours enterrer les personnes qui exercent une profession libérale, et qui s’évertuent au cours de leur carrière à passer pour des sapeurs en gaspillant beaucoup d’argent dans la fringuerie. Ce dernier détournement ou présumé détournement devrait servir de leçon aux dirigeants pour inculquer aux artistes musiciens l’esprit de préparer leur retraite pour être capables de se prendre en charge. On devra leur éviter une vie de « matolistes » V.I.P.