Lutte contre la corruption : Et si Fatshi s’inspirait du président malawite ?

Par Stanislas Ntambwe.  

« Il n’y a pas de mauvaises troupes, il n’y a que de mauvais chefs », dit-on. Cet adage trouve son sens dans la décision du chef de l’Etat malawite, Lazarus Chakwera qui, sur base des allégations de corruption contre les membres de son cabinet et ceux de l’Exécutif national, a procédé, le 24 janvier dernier, à la dissolution tous azimuts de l’ensemble de son cabinet. Et si le président de la République, Félix Tshisekedi, pouvait s’inspirer de l’exemple de son homologue du Malawi ?

L’annonce a été faite, le 24 janvier 2022 par le président du Malawi, lors de son discours à la nation. « J’ai dissous tout mon cabinet avec effet immédiat, et toutes les fonctions du cabinet reviennent à mon bureau jusqu’à ce que j’annonce un cabinet reconfiguré dans deux jours », a déclaré Lazarus Chakwera. Cette décision courageuse traduit l’engagement du président du Malawi à combattre la corruption, le népotisme et la mauvaise gestion économique dans son propre pays.

La corruption, le blanchiment des capitaux et les détournements des fonds publics sont les maux qui rongent la société congolaise en générale et les institutions publiques en particulier, depuis plusieurs années. Félix Tshisekedi en est bien conscient. C’est ainsi qu’à l’aube de sa prise de pouvoir, le président de la République démocratique du Congo a fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille, en lançant des signaux forts tel que la création, en mars 2020, de l’Agence de prévention et de lutte contre la corruption (APLC), un service attaché à la Présidence de la république.

Suivre l’exemple du Malawi

Dans le cadre de la répression de ce fléau qui mine le développement du pays, le chef de l’Etat est encouragé à suivre l’exemple de son homologue du Malawi. Question de prendre les décisions de nature à décourager tous les corrupteurs et corrompus, considérés comme des « intouchables », se dissimulant derrière leurs positions socio-politiques respectives.  Concrètement, Fatshi devrait d’abord d’un côté, balayer dans sa propre cour. C’est-à-dire, assainir son propre Cabinet où plusieurs de ses conseillers sont, soit cités, soit impliqués dans les affaires et actes de corruption à grande échelle. Et de l’autre, traquer tous ces ministres  qui s’illustrent par une gestion chaotique des affaires publiques.

Néanmoins, il faut reconnaître qu’au sein du Gouvernement dit des « Warriors », certains membres se distinguent dans la bonne gestion de la chose publique. Cependant, les brebis galeuses ne manquent jamais dans la prairie. A ces dernières, le chef de l’Etat devrait être intransigeant. Félix Tshisekedi devrait les extirper du Gouvernement et les mettre à la disposition de la justice. Ce faisant, d’autres dignitaires qui seraient tentés par les actes de corruption, auront appris la leçon et se compoteront en Hommes d’Etat. C’est à ce prix que son régime gagnera en termes de crédibilité à la face du monde et les pages de l’histoire de son mandat seront écrites avec des lettres en or.

Il sied de noter que, la décision du président du Malawi est intervenue peu après l’arrestation de trois anciens responsables de l’ancien parti au pouvoir, le Parti progressiste démocrate, dont l’ancien ministre des Finances et gouverneur de la banque centrale. Par sa décision, le président Chakwera a voulu « permettre aux trois ministres et autres fonctionnaires accusés de corruption de faire face à leurs accusations », a-t-il déclaré dans son discours.

Cette décision du président malawite a été saluée dans le monde surtout en RDC, d’autant plus qu’elle concourt à réprimer les criminels économiques qui pensent être protégés et au-dessus de la loi. Si la dissolution de son cabinet a été l’une des solutions pour le président du Malawi de lutter contre la corruption dans son pays, Félix Tshisekedi devrait aussi s’inspirer de cet exemple en assainissant son cabinet et son gouvernement.

Vivement un changement réel

Le 04 novembre dernier, lors de la cérémonie de signature du mémorandum d’entente entre l’Agence congolaise de prévention et de lutte contre la corruption (APLC) et la Commission d’éthique et de lutte contre la corruption (EACC) du Kenya,la ministre d’Etat en charge de la Justice et Garde des sceaux, Rose Mutombo Kiese, a exprimé le vœu de voir un « changement réel ». « Que la corruption qui a fait un long parcours dans notre pays puisse un jour s’arrêter ; pourquoi pas l’éradiquer », a-t-elle espéré.

Oui, s’il y a la volonté, le changement est possible ! Cependant, l’impulsion doit procède du sommet. L’exemple du président du Malawi,Lazarus Chakwera en dit long. L’opinion voudrait voir le président Félix Tshisekedi prendre de telles décisions en vue de venir à bout de la corruption qui a atteint son paroxysme et donne l’impression d’être institutionnalisée.

  • Bendélé Ekweya té

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