Drame de Matadi Kibala : Responsabilité imbécilement collective !

26 personnes mortes le matin de mercredi 02 février 2022, c’est le bilan du drame causé par un câble électrique haute tension qui s’est détaché des pylônes au niveau du petit marché de Matadi Kibala dans la commune de Mont-Ngafula. Les corps de ces personnes fauchées ont été acheminés à la morgue de l’hôpital de référence de Kinshasa, ex-mama Yemo, où ils sont gardés.

Que de pleurs, que de messages de compassion et de condoléances, personne n’est restée incessible face à ce drame dont malheureusement la responsabilité est imbécilement collective. Imbécilement parce que bien que le détachement du câble soit un accident, mais la perte de vies humaines pouvait bien être évitée si chacun avait pris ses responsabilités.

« Nous voulons avoir des éclaircissements techniques sur notamment les entretiens des câbles. Nous pensons que cet incident n’a nullement le caractère d’un événement imprévisible », déclare sur Top Congo FM le député Gaël Bussa qui a vite adressée une question écrite au Directeur général de la Société nationale d’électricité (SNEL), interpelé à l’Assemblée nationale. Mais la SNEL n’a pas tardé de se dédouaner sur les antennes de la même radio par la bouche de son directeur en charge des postes et lignes haute tension, Thierry Kapesa : « Les gens ne peuvent pas être en dessous des lignes haute tension. Là où il y a des lignes haute tension, il est interdit de faire des activités dans un rayon de 25 mètres de part et d’autre. Nous interpellons tous les jours. Nous avons sensibilisé les autorités, il y a même des décrets qui interdisent aux gens de construire ou d’y faire des activités. Malheureusement, il y a même les constructions qui sont en dessous des lignes haute tension».

Qui responsabiliser dans ce drame ?

De l’avis de plusieurs urbanistes interrogés par Scooprdc.net, la responsabilité est collectivement partagée entre les victimes, la SNEL et l’Etat congolais. Les victimes sont responsables de ce qui leur est arrivé parce qu’elles ont failli aux mesures de sécurité individuelle. La sécurité étant d’abord une affaire personnelle, ces personnes mortes comme d’autres vivantes qui exercent dans ce lieu, ne devaient pas sous n’importe quel prétexte se retrouver sous ces câbles tension quotidiennement, en y érigeant même marché, dépôts et boutiques alors que les normes de sécurité exige l’observance de 25 mètres de part et d’autre d’une ligne haute tension.

La faute incombe aussi à la SNEL qui, malgré son dédouanement devrait s’imposer pour protéger comme le fait la SNCC avec la voie ferrée, ses lignes haute tension et faire en sorte que l’emprise de part et d’autre soit respectée. Elle ne pouvait laisser les gens construire sous ces lignes car sachant qu’elles représentent une menace et un grand danger permanant. On a vu la SNEL se battre maintes fois à Bandalungwa pour que l’espace Kasavubu – Saint Michel par où passe la ligne haute tension qui mène vers la station Lingwala, ne soit pas spolié. Elle a fini même par clôturer cet espace.  Pourquoi ne pas le faire pour d’autres lignes ?

La grande responsabilité incombe à l’Etat congolais à travers ses services de lotissements et de délivrance des documents parcellaires. Comment des gens peuvent-ils acheter des parcelles sous des lignes haute tension et se retrouver avec des pylônes de la SNEL dans leurs parcelles sous l’œil impuissant de l’Etat qui, au lieu d’interdire et décourager ces lotissements dangereux, leur accorde malheureusement des titres de propriété ? Même si la décision du président Félix Tshisekedi prise visiblement par télépathie de délocaliser le marché Matadi Kibala exposé à multiples accidents de circulation, était vite exécutée, d’adviendrait-il des dépôts et autres magasins construits le long de ce tronçon de la route Matadi sous les câbles haute tension ?

Etant responsable numéro 1 dans ce drame pour n’avoir pas imposé le respect de l’emprise de 25 mètres de part et d’autre de cette ligne haute tension dont le câble a fauché des vies humaines, l’Etat congolais coule les larmes de crocodile. Le deuil de trois jours que le gouvernement central a décidé d’organiser devait être évité. Malheureusement…   

  • Bendélé Ekweya té

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