Le président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo totalise ce 24 janvier 2022 trois ans au pouvoir depuis sa prestation de serment le 24 janvier 2019 devant la Cour Constitutionnelle pour sa prise des fonctions à l’issue des élections du 30 décembre 2018. Il entame ainsi ce 25 janvier sa quatrième année au pouvoir en cette année charnière par rapport à 2023 devant marquer la fin de son quinquennat (2019-2023) avec à la clé l’organisation des élections générales, dont la présidentielle. Déjà, il est lancé dans la course pour 2023 avec ses annonces solennelles faites d’abord à Goma où il a séjourné en juillet 2021 pour compatir avec les sinistrés de l’éruption volcanique du Nyrangongo et évaluer l’état de siège à l’Est, puis fin décembre à Mbuji-Mayi lors de sa visite dans l’espace Kasai.
Sur fond de la coalition chaotique FCC-CACH (2019-2021), du terrorisme à l’Est du pays et du Covid-19 qui a mis à l’épreuve l’économie nationale, le bilan des trois premières années au pouvoir du président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo est controversé. Si les uns pensent qu’il a échoué lamentablement au regard des projets «100 jours et Tshilejelu» qui n’ont pas produit des résultats escomptés, d’autres, par contre, pensent que le seul regard physique, focalisé sur le matériel en termes des infrastructures qui font grandement défaut à la République depuis plus de 60 ans d’indépendance, ne suffit pas. Le bilan est aussi moral et éthique en ce qu’il consiste, notamment, à éveiller le patriotisme, forger les esprits au développement, créer la cohésion et l’unité nationales, assainir la gestion des finances publiques, mener la lutte contre les détournements des deniers publics et la corruption afin de renflouer les caisses de l’Etat, ouvrir le pays au monde aux fins de le réinsérer dans le concert des nations, gagner la guerre de l’Est en triomphant des forces centrifuges qui y sèment la désolation depuis plus de deux décennies et exposent le pays à la balkanisation. Bref, restaurer et rétablir l’Etat dans les coins et recoins de la RDC. Le gouvernement démocratique moderne étant inévitablement lié à l’Etat, il va sans dire que «sans Etat, il ne peut y avoir de citoyenneté, ni non plus la démocratie».
Un jugement sévère
Avec la controverse qui a émaillé l’avènement au pouvoir du président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, assaisonnée à la guerre de l’Est où les ADF, les FDLR et beaucoup d’autres groupes armés locaux rivalisaient d’ardeur dans l’assassinat de paisibles Congolais, massacrés le plus cyniquement du monde, soit par égorgement, soit par mutilation ou simplement par les armes à feu, les horizons semblaient être bouchés pour le nouveau locataire de la cité de l’Union africaine (UA). Dans un langage frisant l’ironie sur Télévision 50, l’ancienne première Dame Olive Lembe di Sita Kabila a osé même demander, pince-sans-rire, au peuple de ne pas se plaindre de la situation qui était la sienne et d’être patient. Et d’ajouter : «L’on pensait que c’était facile».
Bref, on ne donnait aucune chance au nouveau président de la République. Une année serait une grâce, avaient prophétisé les pessimistes. Ce qui aurait poussé même certains de ses proches collaborateurs à se remplir, d’entrée de jeu, plein les poches pour parer à toute éventualité, sacrifiant ainsi des projets utiles pour les populations. Mais contre toute attente, le pantin, le président postiche, le placebo a franchi trois ans de pouvoir, dont deux en coalition chaotique avec le FCC, décidé de le couler pour reprendre les rênes perdus du pouvoir. Il en est à sa quatrième année de pouvoir, charmant, d’une manière ou d’une autre, la communauté aussi bien nationale qu’internationale. Il a aussi apprivoisé les principales forces politiques et sociales qui lui étaient hostiles.
En équilibre précaire, vilipendé, voire humilié, le président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo s’est montré tenace. Il attendait son printemps. Il a fait preuve de caractère conciliant et s’est voulu patient. Il s’est distingué par son fort quotient d’adversité, c’est-à-dire, la capacité, selon le professeur marocain Rachid Boutti, à traverser une période difficile dans la vie et à s’en sortir sans perdre la tête. C’est un quotient qui détermine qui abandonnera face aux aléas/troubles, qui abandonnera la famille, qui envisage le suicide, etc.
Le jugement sévère enregistré de la part, principalement, de la population à l’endroit du président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, par devers lui indirectement à son père, champion toutes catégories de la lutte pour l’avènement d’un Etat démocratique et de droit en RDC, se justifie sur un autre plan. En effet, le nouveau maître du Mont Ngaliema vient de l’opposition et pas n’importe laquelle. Il sort d’un parti qui a lutté pendant 37 ans pour conquérir le pouvoir. Avec son avènement au pouvoir, l’occasion lui était ainsi donnée de refonder la République et d’instaurer un Etat de droit, soucieux du bien-être de la population. L’UDPS a toujours placé l’intérêt du peuple congolais et la promotion du social comme l’objectif de toute sa lutte.
Devenue un leitmotiv, cette priorité était, sans cesse, claironnée et résumée par son leader Etienne Tshisekedi wa Mulumba, à travers un binôme : «le peuple d’abord». Ce fut un homme intègre qui avait rejeté toutes les offres lui faites par le régime Mobutu avec tous les privilèges qui en découlaient, acceptant de faire l’opposition et d’endurer de lourds sacrifices dans l’objectif final de réaliser cet idéal. Et le nouveau président de la République est le fils de ce leader, facile ainsi pour comprendre qu’il a été initié pendant des années aux exercices pratiques par son père qui était à la fois pour lui un père biologique, idéologique et spirituel. De telles références ne pouvaient que rassurer quant aux changements que la population réclamait. L’heure était arrivée de faire la politique autrement, d’appliquer de nouvelles méthodes ou un nouveau mode de gestion de l’Etat en s’éloignant des tares ou des erreurs commises dans le passé.
Cependant, à son accession au pouvoir, le président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo n’avait pas à sa portée tous les leviers de commande pouvant l’aider à maîtriser la gestion de l’Etat et imprimer sa vision en vue de réaliser ces changements. Faute de majorité parlementaire, principalement, au sein de l’Assemblée nationale, celle-ci étant détenue par le FCC, plateforme du président de la République sortant, le nouveau chef de l’Etat s’est vu obligé de gouverner en coalition avec cette force politique dirigée par son prédécesseur. Ainsi, naquit la coalition FCC-CACH.
En d’autres termes, avec l’alternance pacifique du pouvoir, l’après 24 janvier 2019 n’était pas moins égal à l’avant cette date. Ancien Premier ministre congolais, Bernardin Mungul Diaka dirait : «Le chauffeur avait changé, mais le véhicule restait le même». Certes, Joseph Kabila avait quitté physiquement le pouvoir, mais en réalité, il demeurait en place. Son ombre planait encore sur les services de défense, de sécurité et la justice. Sa mainmise sur plusieurs autres secteurs de la vie nationale était certaine. Outre ses différentes relations tissées de par le monde, il était fortifié en cela par des confortables majorités obtenues par sa famille politique, le FCC, aussi bien sur le plan national, à l’Assemblée nationale et au Sénat, que sur le plan provincial, par le biais des Assemblées provinciales. Point de doute, le système mis en place durant les 18 ans de son règne sans partage était quasiment reproduit.
Avant toute chose, le démantèlement du système Kabila
Après deux ans d’exercice de pouvoir, la coalition FFC-CACH a montré ses limites. La vision du nouveau président est entrée en contradiction avec la méthode de gestion de son prédécesseur. Les rencontres et négociations menées entre ces deux plateformes en coalition pour trouver la convergence nécessaire pouvant permettre de cheminer ensemble pour reconstruire l’Etat se sont révélées vaines.
Que faire alors eu égard à cette situation, terreau d’un système politique inique quasiment reproduit et qui a planté le décor pour sa perpétuation ? Devant une telle quadrature du cercle, l’ultime option pour le nouveau président de la République, c’était de s’autonomiser par rapport à son partenaire en se défaisant du carcan politique limitant son champ d’action. Donc, faire voler en éclats la coalition. Ce qui lui permettrait de tourner en sa faveur la majorité parlementaire afin de faire passer des réformes essentielles et utiles que recommande la situation du pays qu’il veut remettre sur l’orbite du développement en vue de promouvoir le bien-être intégral de sa population. Réformes contre lesquelles le FCC, note le journaliste Arthur Malumalu, était vent debout parce que nuisant fatalement à ses intérêts immédiats et contrariant ses ambitions démesurées. D’autre part, le chef de l’Etat entendait également anticiper sur les élections de 2023 auxquelles il risquait de se présenter sans bilan. C’est ce qu’il a appelé «Déboulonnement du système».
C’était un pari, somme toute, risqué pour le président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo. Il se trouvait, bien entendu, entre le marteau constitué par Joseph Kabila et l’enclume composée de Martin Fayulu, du duo Katumbi-Bemba et de bien d’autres forces sociales telle l’Eglise catholique. Mais, d’ores et déjà, il avait, lors de la conférence tenue le 04 avril 2019 au Conseil sur les relations internationales à Washington, annoncé les couleurs en ces mots : « Je le dis sans peur. Je suis là pour déboulonner le système dictatorial qui était en place». Le 19 janvier 2020, il l’a répété à la communauté congolaise à Londres notant que «si jamais il y a une crise permanente entre le Gouvernement et l’Assemblée nationale, il dissoudrait cette dernière et utiliserait son stylo rouge pour sanctionner quiconque se mettrait en travers de son chemin». Et Arthur Malumalu de souligner : «Certains lui ont ri au nez, d’autres, par peur de Joseph Kabila, ne voyaient pas comment son successeur, qu’ils traitaient de tous les noms, s’y prendrait pour se défaire de ce système criminel qui a étalé ses tentacules sur les institutions et mis, en toute impunité, le grappin sur les secteurs les plus juteux». Pourtant, c’est un pari réussi.
Les deux ans de coalition chaotique avec le FCC ont été également chaotiques pour le pays. Raison sans doute pour laquelle, le président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, sans majorité au Parlement, sans contrôle effectif du Gouvernement dont certains ministres l’ont tourné en bourrique, a tenté un gouvernement parallèle par lequel il a voulu réaliser certains projets qui ont battu de l’aile. Les résultats n’ont pas été à la hauteur des attentes. L’Union Sacrée de la Nation aidant, il est tenté de revenir dans le juron de la République en responsabilisant le Gouvernement Sama Lukonde pour la mise en train du Programme de développement à la base à partir de 145 territoires.
Le chaos, qui a caractérisé la coalition FCC-CACH, n’a pas été négatif sur toute la ligne pour le président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo. Il lui a permis d’appréhender le système Kabila pour lui assener une estocade. En effet, jouant au roseau qui plie sans rompre sous les bourrasques et marchant sur les œufs sans les écraser afin de contourner ses adversaires contrairement à son père qui attaquait de face, il a fini par réaliser que le système Kabila reposait sur deux principaux piliers, à savoir : l’armée, les services de sécurité et la justice. D’où les ordonnances du 17 juillet 2020 portant chambardement dans l’armée et la magistrature qui ont été lues pendant plus de 5 heures sur les antennes de la radiotélévision nationale. La démission controversée du président de la Cour Constitutionnelle Benoît Lwamba Bindu, qui vient de tirer sa révérence, aura été un catalyseur pour mettre l’appareil judiciaire à l’abri de l’emprise de l’ancien président de la République qui s’est cassé les dents au travers de la lutte d’arrière-garde menée par Me Tunda ya Kasende, alors Vice-Premier ministre et ministre de la Justice.
Les deux principaux piliers du système étant brisés, le reste est tombé comme un château de cartes. La ceinture institutionnelle protectrice de l’ancien président de la République s’est ainsi désintégrée avec la descente aux enfers de Jeanine Mabunda, la déchéance de Sylvestre Ilunga Ilnkamba et l’éjection d’Alexis Thambwe Mwamba. Pour y arriver, il fallait du temps, de l’intelligence stratégique et de la méthode. Tout a été séquencé : piocher dans la majorité FCC et composer avec d’autres forces politiques, en l’occurrence ENSEMBLE de Moïse Katumbi, MLC de Jean Pierre Bemba et AFDC-A de Modeste Bahati Lukwebo.
Cet exploit est à inscrire dans le bilan du président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo. La configuration politique d’autrefois ne présageait aucune lueur d’espoir.
La payante politique d’ouverture diplomatique
Aussitôt au pouvoir, le président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo n’a ménagé aucun effort pour remettre le pays dans le juron de la diplomatie mondiale et redorer l’image ternie depuis des lustres de la diplomatie congolaise. Il était ainsi devenu un pigeon voyageur, parcourant le monde de part en part. Ce qui lui a valu et lui vaut encore des critiques acerbes. Pourtant, en tant que président de l’Union africaine, le président Paul Kagame, sans compter les voyages au titre de président rwandais, en a totalisé trente.
Malgré les diatribes, les résultats sont là. Ils sont tangibles : Washington, Moscou, Paris, Londres, Bruxelles, Vatican… lui ont ouvert leurs portes. Signe d’un rapprochement avec Kinshasa, en dépit des vives récriminations quant à son avènement au pouvoir.
Après avoir renoué avec les grandes capitales du monde et imprimé une autre dynamique au sein des institutions internationales, il s’est efforcé, même si ceux-ci traînent les pas, d’obtenir auprès des pays voisins, principalement le Rwanda et l’Ouganda, non seulement une participation active dans le traitement de la crise, mais aussi une convergence des vues et des politiques à mener de manière coordonnée aux fins des résultats efficaces. C’est dans ce cadre qu’il convient de situer ses déplacements à Kigali, Kampala, Dar es Salaam, Luanda, voire ailleurs. Et aussi bien d’autres rencontres qui ont eu lieu entre responsables congolais du domaine de la défense et de la sécurité et leurs homologues des pays voisins.
Son accession à la présidence de l’UA a, d’une manière ou d’une autre, consolidé ses atouts et lui a ouvert encore plus d’opportunités de coopération, notamment, militaire pour mettre fin à l’insécurité à l’Est du pays. Elle a permis à la diplomatie congolaise de gagner davantage des galons. Aussi s’est-elle révélée être un terreau nécessaire à l’intégration africaine ; intégration qui prend en compte les paris à relever aussi bien sur le plan politique, économique que sur celui de la pacification du continent.
Avec la présidence congolaise de l’UA, le président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a porté la voix de l’Afrique au niveau international, surtout dans le contexte du Covid-19, pour réclamer au profit du continent les meilleures conditions de lutte contre la pandémie et de relance des économies nationales. A cet effet, lors du Sommet de Paris sur le financement des économies africaines en mai 2021, il a plaidé pour plus de moyens financiers en faveur de l’Afrique et pour la poursuite et le renforcement des mécanismes mis en place pour soulager les pays africains tombés dans des situations de surendettement à cause des effets de la pandémie. Au sommet du G20 à Rome, il a, au nom de l’Afrique, appelé les pays participants à concrétiser leurs engagements en faveur de la préservation des forêts du Bassin du Congo, à travers des financements conséquents. Il a fait de la RDC «pays solution» relativement au réchauffement climatique. Dans le domaine sanitaire, il a soutenu la campagne en faveur de l’opérationnalisation de l’Agence Africaine de Médicaments et, dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19, il a porté l’ambition légitime de l’Afrique à produire les vaccins sur le continent.
Infatigable et déterminé à porter toujours haut le drapeau de son pays, le président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a donné son accord de principe pour succéder au président Denis Sassou Nguesso à la présidence tournante de la CEEAC (Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale) en 2022. La passation des pouvoirs a eu lieu à l’occasion de la 20ème session ordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de cette organisation qui s’est tenue à Brazzaville le 19 janvier 2022. Au cours de cette même année, il va prendre la présidence de la SADC après avoir été élu vice-président par ses pairs lors du 41ème Sommet tenu le 17 août 2021 à Lilongwe, au Malawi. Sur le volet intégration régionale, il a affirmé l’ambition de la RDC de redorer sa position géostratégique en adhérant à l’EAC (Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est). Cet acte de haute portée diplomatique et économique place désormais le pays à cheval entre l’EAC, la CEEAC (Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale), la CIRGL et la SADC.
Les institutions financières internationales ont figuré aussi à l’agenda du président congolais. A ce sujet, il a rencontré les dirigeants du FMI (Fonds Monétaire International), de la Banque Mondiale et de la BAD (Banque Africaine de Développement) pour envisager avec eux la possibilité de délier les cordons de leurs bourses afin de faire bénéficier à la RDC des ressources financières dont elle a besoin pour relancer son économie et financer d’autres activités utiles pour le bien-être des Congolais. Point n’est besoin de rappeler que la RDC vient de renouer avec le FMI après la suspension de la coopération avec cette institution de Breton Wood en 2012. Le pays y est présentement éligible.
Parallèlement, la coopération internationale a aussi connu des avancées significatives avec les divers partenaires. En témoignent plusieurs Projets, Accords et Memoranda d’Entente que la RDC a conclus. Pour le seul exercice 2021, elle a bénéficié, de la part de ses partenaires extérieurs multilatéraux, des engagements de l’ordre de 4,5 milliards USD. Il s’agit là d’un niveau record dans l’histoire récente de notre pays.
Une économie mise à mal par le Covid-19 et la guerre à l’Est
En plus du carcan politique dû à la coalition FCC-CACH, l’économie nationale a été mise à mal par le redoutable Covid-19 et la guerre à l’Est qui a nécessité finalement l’instauration de l’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Aussi la bonne gouvernance a-t-elle encore du chemin à parcourir du fait que des mauvaises habitudes ont encore la peau dure dans le pays à cause du laxisme qui semble caractériser l’administration de la justice. Dans un tel contexte, les quelques efforts réalisés, suite, notamment, à la patrouille financière de l’IGF, sont phagocytés et ne participent pas au progrès social et à la redynamisation de l’économie dévastée par la zaïrianisation et les pillages de triste mémoire, puis achevée par l’incurie de la classe dirigeante.
En effet, l’économie nationale présentait début 2020 des vulnérabilités : ralentissement de la croissance, baisse des excédents de la balance de paiements, déficit budgétaire occasionné par les dépenses sécuritaires (conflits armés), sanitaires (épidémie d’Ebola à l’Est), de prises en charge des catastrophes (invasion des criquets, etc.). Les indicateurs économiques au premier trimestre viraient ainsi de plus en plus au rouge.
Cette mauvaise passe a eu des répercussions certaines. Arrêté à USD 11 milliards pour l’exercice 2020, le budget de l’Etat s’en est trouvé affecté et le Gouvernement s’est attelé à rectifier la loi des finances sur fond d’un collectif budgétaire qui l’a réduit de moitié.
Sur ces entrefaites, la pandémie du Covid-19 est venue complexifier l’équation. Elle a mis à rude épreuve l’économie déjà fragile, aggravant, de ce fait, les vulnérabilités observées depuis le début de l’année 2020. D’autre part, les mesures prises par le Gouvernement pour atténuer les effets négatifs de ce virus sur l’économie nationale, de sorte à éviter la grogne sociale et préserver l’activité économique, n’ont fait qu’amenuiser les ressources de l’Etat, au demeurant, précaires.
L’Afrique, en ce compris la RDC, s’est trouvée confrontée, même si une certaine reprise à été enregistrée en 2021, à la tempête avec la baisse des prix de la plupart de ses principaux produits de base et celle de la demande résultant d’un arrêt de la production au monde. Ceci avec comme corollaires la contraction de la demande intérieure et l’effondrement du secteur informel, dont les activités constituent en moyenne 90 % des économies réelles en Afrique. Aussi, les décisions courageuses prises par les dirigeants africains pour combattre la contamination intracommunautaire sont aussi à la base du ralentissement du secteur informel. Elles ont amplifié le chômage et la pauvreté. Ce qui fait grincer les dents à la population congolaise.
Ce contexte marque la phase II du régime Tshisekedi, obligé de se tourner, sous le Gouvernement Sama Lukonde, vers la quête des solutions aux besoins de base des Congolais. Désormais, le président de la République dispose de tous les leviers pour engager le pays sur la voie du succès. Entretemps, la guerre de l’Est est loin de se terminer. Malgré l’instauration de l’état de siège au Nord-Kivu et en Ituri, l’on ne peut venir en un tour de main à bout d’une situation d’instabilité qui dure depuis plus de 20 ans et à la base d’une économie de guerre qui s’est installée et a impacté négativement le vécu des populations. Non sans compter avec la mafia qui a gagné même les rangs de l’armée, de surcroît infiltrée, et trahie par la complicité aussi bien en son sein qu’au sein de la population. Ce qui a conduit à la mutualisation des forces avec Kampala et à la redynamisation des forces onusiennes pour triompher des forces du mal.
Naturellement, le projet phare du Gouvernement qu’est la gratuité de l’enseignement fondamental, ne peut qu’être affecté. Il est donc impératif de mettre fin à la guerre de l’Est qui est préjudiciable pour les populations locales, ainsi que pour la République.
Un regard holistique sur le bilan
Les trois premières années de pouvoir du président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo sont un parcours de combattant. Avec le désossement du FCC, plus rienne saura l’arrêter dans sa marche royale vers la refondation de l’Etat, axée sur une nouvelle conception de la gouvernance basée sur les résultats positifs dans l’intérêt supérieur de la nation. Auréolé avec sa désignation à la tête de l’UA dont il a pu tirer parti de par son programme, le chef de l’Etat congolais a désormais les coudées franches. Il peut dérouler son plan d’actions et le matérialiser.
Avec la nouvelle mise en place à la BCC, les finances publiques devront s’accroître et être bien tenues en vue des budgets équilibrés, voire excédentaires. Leur bonne gestion est un atout pour répondre aux aspirations des populations.
Ce travail de titan abattu par le président de la République durant les trois premières années de son mandat est une œuvre grandiose et exaltante en faveur de la refondation de l’Etat. Le bilan dans la gestion d’un Etat n’est pas seulement matériel dans le sens de créer des infrastructures tels que les routes, les écoles, les hôpitaux … qui font grandement défaut à la République. A ce sujet, il importe de jeter un regard holistique afin de saisir tous les contours, de façon à émettre un avis avec plus de rationalité et d’objectivité.
Le bilan est aussi moral et éthique en ce qu’il consiste, notamment, à éveiller le patriotisme, forger les esprits au développement, créer la cohésion et l’unité nationales, assainir la gestion des finances publiques, et mener la lutte contre les détournements des deniers publics et la corruption afin de renflouer les caisses de l’Etat comme le fait, notamment, l’Inspection Générale des Finances (IGF).
Il se constate que ce côté immatériel a sensiblement fait défaut durant des longues années à la République. Que de détournements des deniers publics ! A la lecture des différents rapports de l’IGF, il s’observe que le pays a été saigné aux quatre veines. Les révélations du PCA de la GECAMINES Albert Yuma Mulimbi sur le démantèlement de cette entreprise publique, autrefois pourvoyeuse de 70 % des recettes au budget de l’Etat, sont traumatisantes. Elles révèlent la saignée à blanc des ressources de la République sous le régime Joseph Kabila, voire avant.
Dans ces conditions, il était utopique pour le Gouvernement, dépourvu de moyens, particulièrement financiers, de sa politique, d’accomplir les grands objectifs inscrits dans son programme d’actions en ce qui concerne le bilan matériel. Conscient de cet obstacle, le président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo s’est ainsi attelé à travailler au déboulonnement du système qui a incarné tous ces maux, à savoir le «système Kabila». Il y est parvenu. C’est tout un autre bilan.
Avec cette volonté affichée de refonder au préalable l’Etat, il y a lieu de placer les espoirs dans le fils d’Etienne Tshisekedi. Avec le président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, un autre Congo peut voir le jour par une gouvernance qui place les Congolaises et les Congolais au centre de toutes les préoccupations de l’Etat, leur faisant bénéficier au premier plan de leurs richesses pour faire éclore finalement un bien-être social pour tous. Là, «le peuple d’abord» aura revêtu tout son sens.
Bien que le président de la République déborde d’énergie pour sortir la RDC du gouffre dans lequel ses filles et fils l’ont précipitée depuis son accession à l’indépendance, son régime compte quelques maillons faibles. Ce qui ne permet pas la lisibilité de son action.
Le casting au sein de son Cabinet a permis l’émergence des personnes qui, peut-être inconsciemment, pensent être à leur propre service plutôt qu’à celui du chef de l’Etat dont ils doivent accompagner les actions pour la matérialisation de sa vision. D’où la nécessité du nettoyage des écuries d’Augias afin de s’entourer des collaborateurs avec lesquels il doit être en phase. Des gens qui ne demandent pas ce que le Congo doit faire pour eux, mais plutôt ce qu’eux doivent faire pour lui.
Les services de presse et de communication du président de la République excellent beaucoup plus dans la passivité. Ils se comportent plus comme des organes de presse, alors que leur mission est d’irriguer les informations vers les médias afin de porter à la connaissance du public les actions du chef de l’Etat, de soigner et de vendre son image de marque. Depuis Vital Kamerhe, ces services battent de l’aile. Y a-t-il déficit ou conflit des compétences, ou simplement confusion des genres dans leur fonctionnement ?
La justice est le tendon d’Achille du président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo. Elle se caractérise depuis un certain temps par un laxisme dans la prise des décisions. Ce qui qui freine toutes les bonnes initiatives, laisse pantois le peuple et fait caracoler le pays en haut du classement des pays les plus corrompus.
Dans son discours sur l’état de la nation du 13 décembre 2021, le président de la République n’est pas resté indifférent aux cris de détresse et de désolation des Congolaises et Congolais qui, chaque jour qui passe, réclament plus de garanties d’une bonne et saine administration de la justice. Il a exprimé son dépit eu égard à des pratiques qui ne permettent pas à la justice de revêtir sa nouvelle robe. C’est-à-dire d’être une justice qui ne dit pas seulement le droit, mais aussi rassure que le droit, alors le bon, a été dit. La dénonciation ne suffit pas. Les réformes courageuses dans le secteur sont de plus attendues aussi bien sur le plan structurel que qualitatif en ce qui concerne ses animateurs suivant le principe «l’homme qu’il faut à la place qu’il faut».
Enfin le parti présidentiel, l’UDPS, a besoin d’une cure de jouvence pour être plus compétitif en 2023 et à l’avenir. Au pouvoir depuis 3 ans, il garde toujours les réflexes d’un parti d’opposition. La crise inutile qui prévaut présentement en son sein à la suite de l’affaire Jean-Marc Kabund relève d’un non-sens. L’UDPS se met ainsi en désordre de bataille, alors que le président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a déjà annoncé ses couleurs pour 2023.