Il est médisant, insulteur et imbu d’orgueil non raffiné, mais il n’est pas voleur, moins encore détourneur des deniers publics. C’est le moins que l’on puisse dire de Marcellin Bilomba, conseiller financier et économique du président de la République, Félix Tshisekedi, cible récemment des accusations de détournement des fonds alloués dans le cadre de construction et réhabilitation des infrastructures dans la province du Kasaï oriental. Des boulets rouges sont tirés sur l’homme à « 50 notes techniques par jour » depuis qu’il a arrogamment répondu dans les médias aux allégations du député national Alphonse Ngoyi Kasanji qu’il a traité d’ « assimilé aux juristes, individu qui n’a aucune leçon à donner à personne pour avoir détruit la province du Kasaï oriental (Ndlr : allusion faite à sa gestion de 12 ans comme gouverneur de province) ».
Le secrétaire général de son parti UDPS n’a pas hésité de le suspendre de ses fonctions de secrétaire général adjoint en charge du Budget juste à cause de ces accusations de détournement. « En effet, vous êtes sans ignorer l’existence des faits infractionnels rapportés et mis à charge de votre personne. Certes, vous bénéficiez de la présomption d’innocence, mais le parti estime vous retirer la confiance en rapport avec le poste que vous occupez au sein de l’Exécutif du parti. En attendant l’aboutissement des enquêtes sur ce dossier, la hiérarchie du parti a décidé de votre suspension en vue de préserver l’image du parti, du chef de l’Etat et la mémoire du Dr Etienne Tshisekedi wa Mulumba », lit-on dans la lettre d’Augutin Kabuya du 07 janvier dernier sanctionnant Marcellin Bilomba.
Mais heureusement et très vite, ce dernier a trouvé un avocat : le directeur général a.i du Fonds de promotion de l’industrie (FPI), établissement public financier de tous ces projets de construction et de réhabilitation des infrastructures au Kasaï oriental. En effet, dans un entretien avec la presse, dimanche 09 janvier dernier, Jean-Claude Kalenga précise que « la présidence de la République ne décaisse ni gère les fonds. Le rôle de la présidence de la République, le rôle du conseiller Marcellin Bilomba n’est simplement que de suivi parce que le projet est initié par la présidence de la République ».
Jean-Claude recadre les confusionnistes en nuançant le programme dans lequel son intervient et le projet TShilejelu. « Le FPI n’intervient pas dans le projet Tshilejelu dont parlent les accusateurs. Le FPI a été recruté dans le programme présidentiel de lutte contre les inégalités sociales qui n’a rien à voir avec Tshilejelu. Pour Tshilejelu, allez poser des questions à FONER et l’OVD ». Une façon directe de couper l’herbe sous les pieds du député Alphonse Ngoyi Kasanji qui menaçait de l’interpeller à l’Assemblée nationale.
S’agissant de présumés 14 millions USD, Jean-Claude Kalenga s’étonne : « Où est-ce qu’ils ont vu ces 14 millions ? Ils sont passés où, ont été retirés où et qui en a bénéficié ? ». En technocrate, il explique que dans le cadre du programme de lutte contre les inégalités sociales qui n’est pas à confondre avec le projet Tshilejelu, le FPI a décidé d’accorder des subventions aux agences locales d’exécution (ALE), notamment le Gouvernorat du Kasaï oriental et le diocèse de Mbuji-Mayi à hauteur respectivement de 10,8 millions USD et 3,7 millions USD. Mais à ce jour, martèle Jean-Claude Kalenga, le taux d’exécution financier pour les deux ALE est de 3,17 millions USD pour six ouvrages à exécuter.
« D’où tirent-ils alors le montant de 14 millions USD parce que c’est moi qui engage et libère ces fonds ? », s’interroge-t-il en regrettant l’autoflagellation du pays vis-à-vis des partenaires par ses propres fils. « Ils pensent causer du tort aux responsables des institutions, non ! Ils font du tort au pays, au programme présidentiel », s’indigne-t-il.
Tout de même il invite les accusateurs à la patience : « Laissez-nous aller jusqu’au terme de nos projets et venez nous juger après. Pour l’instant ce sont 3, 17 millions USD et non 14 millions qui ont été décaissés pour six ouvrages exécutés par des entreprises locales ayant gagné des contrats en bonne et due forme après passation des marchés dans les normes ».
Mais avec ce plaidoyer en faveur du conseiller Marcellin Bilomba, la sanction lui infligée par le secrétaire général de son parti sera-t-elle vite levée ?