Invalidation de six députés provinciaux au Sankuru : Quand Bahati prie Olamba de revenir au bon sens, Aselo le sermonne !

Le climat a été souvent malsain à l’Assemblée provinciale du Sankuru, caractérisé par l’animosité entre les députés provinciaux pro-Benoît Olamba, président de cet organe délibérant, et ceux pro-Joseph Mukumadi, gouverneur de province actuellement déchu. Mais ce climat s’est beaucoup détérioré avec l’invalidation le 23 décembre dernier de six députés accusés d’absentéisme prolongé et injustifié et le déferrement de certains d’entre eux devant la justice pour diverses infractions. Acte qui s’est suivi de la rétention de leurs émoluments.

Situation qui n’a pas laissé indifférent le président du Sénat, Modeste Bahati Lukwebo saisi bien avant par un député victime. En effet, dans sa lettre du 31 décembre dernier, le président de la Chambre haute du Parlement, invite le président de l’Assemblée provinciale du Sankuru, Benoît Olamba, de revoir sa décision et de rétablir ses collègues députés dans leurs droits. « Comme vous le savez, la législation ne vous autorise pas à saisir les émoluments des députés tout comme l’invalidation des mandats des députés provinciaux répond à une procédure constitutionnelle et au Règlement intérieur en sus d’une décision judiciaire », peut-on lire dans cette lettre de Modeste Bahati à Benoît Olamba.

 Mais si le « Vieux Maradona » a été élégant envers le président de l’Assemblée provinciale du Sankuru, restant dans sa modestie comme son prénom l’indique, ce n’est pas le cas avec le vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur, sécurité, décentralisation et affaires coutumières, Daniel Aselo. Arrivé à Lodja dans le cadre des préparatifs de d’accueil du président de la République annoncé, sauf changement de dernière minute ce mardi 04 janvier, Daniel Aselo n’a pas porté des gants dans son meeting tenu au stade Lumumba, pour menacer les députés provinciaux et sermonner particulièrement les membres du bureau.

Il a estimé inacceptable que la province, sa province du Sankuru ait passé trois ans sans gouvernement provincial à cause d’une guéguerre au profit de quelques individus. Parlant de l’invalidation de six députés provinciaux à la veille de l’arrivée du président de la République dans l’espace Grand Kasaï, l’homme qui se réclame gestionnaire des provinces, qualifie cet acte du bureau Olamba d’affront envers le chef de l’Etat, de sabotage et de déstabilisation qui ne restera pas impuni.

Mais les pro-Olamba ne sont pas de même avis que Modeste Bahati et Daniel Aselo. Ils estiment que le président Benoît Olamba n’a pas pris seule l’initiative d’invalider ses collègues. C’est la plénière de l’Assemblée provinciale du Sankuru qui a juste pris acte de la perte de mandat de six députés provinciaux tombés sous le coup de l’article 81 du règlement intérieur de l’assemblée provinciale du Sankuru. Ils rappellent que cet article 81 met en exergue les raisons pour lesquelles le mandat de député provincial prend fin, à savoir : expiration de la législature, démission, décès, empêchement définitif, incapacité permanente et pour ce qui est de l’alinéa 6, absence non justifiée et non autorisée à plus d’un quart des séances d’une session. Ils font noter que ce Règlement intérieur a été dûment jugé conforme à la Constitution de la République par la Cour constitutionnelle et publié au journal officiel de la RDC en son numéro spécial du 25 janvier 2020.

Si la démarche de Modeste Bahati s’inscrit simplement dans la logique de la stabilité de l’institution Assemblée provinciale dont le Sénat est l’émanation ; démarche qui a d’ailleurs milité à l’organisation par lui du 15 au 18 novembre dernier à Kinshasa dans le cadre de coopération parlementaire, d’un forum de mise en œuvre du cadre de dialogue et de concertation entre le Sénat et les Assemblées provinciales, celle de Daniel Aselo transparait la vengeance et le règlement des comptes. En effet, le VPM de l’intérieur n’a jamais digéré la déchéance du gouverneur Joseph Mukumadi, son « jeune frère » du terroir (Ndlr : ils sont tous de Lodja) sous l’instigation de Olamba qui, lui est de Katako Kombe.

Daniel Aselo ne cesse de fustiger, selon ses proches, le fait qu’avec cette déchéance de Mukumadi, la province soit maintenant abandonnée sous la direction d’un non-tetela ; allusion faite au gouverneur intérimaire qui est mukua Mputu de Lusambo, d’ailleurs présent au stade Lumumba où Daniel Aselo tenait son meeting de remontrances contre les députés provinciaux.

Benoît Olamba fera-t-il seul marche arrière après l’interpellation de Modeste Bahati ? Attendra-t-il un procès contre les invalidés devant le Conseil d’Etat ? Somme toute, la province du Sankuru qui est largement en retard économique et social depuis le démembrement du Kasaï oriental il y a plus de 7 ans, n’a pas besoin de tous ces tiraillements politiques qui la freinent. Il est temps que les Sankurois qui ont perdu beaucoup de temps inutilement, regardent dans la même direction pour le développement de leur province qui a besoin de la contribution de tous dans la paix et l’unité.

  • Bendélé Ekweya té

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