Quatre grandes bavures policières ont été enregistrées dans la semaine du 13 au 19 décembre 2021 à Kinshasa. D’abord dans la nuit du mercredi 15 au jeudi 16, un monteur de la télévision Antenne A, Luzingu Tshama, est atteint par une balle tirée par l’un des policiers dépêchés pour mettre fin à une altercation entre deux gangs des bandits communément appelés « kuluna » dans la commune de Bumbu.
Bien que l’on parle d’une balle perdue et que le commissaire de la police pour la ville de Kinshasa ait promis l’enquête pour retrouver le policier à l’origine de ce tir mortel, la vie d’un père de famille a été ôtée à quelques jours de festivités de fin d’année. Difficile pour les membres de sa famille d’entrer dans la nouvelle année avec sourire aux lèvres.
Le vendredi 17 décembre dans la soirée, c’est un jeune homme d’une trentaine d’années, Olivier Mpunga, qui meurt dans le cachot de la police, à la Direction générale des renseignements et services spéciaux (DGRSP), après des tortures lui infligées à cause d’un véhicule d’autrui qu’il aurait vendu. La vidéo qui circule sur les réseaux sociaux et qui démontre le traitement inhumain et dégradant que subit ce jeune homme ligoté, laisse à désirer.
Un procès en flagrance est ouvert ce lundi 20 décembre à l’auditorat militaire où quatre policiers prévenus comparaissent. Mais quelles que soient les peines qu’on infligera à ses tortionnaires, le jeune Olivier Mpunga, unique fils de sa mère, ne reviendra plus jamais à la vie à cause d’une bavure des policiers bizarrement zélés.
Samedi 18 décembre, c’est le gouverneur de la province du Kongo central en conflit avec la loi, que les Kinois voient être traîné par les agents de l’ordre venus l’arrêter comme un véritable malfrat. La vidéo de cette humiliation a créé un émoi à tel point que personne même parmi ses adversaires politiques de sa province, n’a approuvé le comportement de ces policiers qui, accuse le commissaire de la police ville de Kinshasa pour se dédouaner, sont des électrons libres du Parquet de police judiciaire et qui dépendent du ministère de la justice alors que selon la loi sur la réforme de la police, ils devaient être reversés dans la police qui elle, dépend du ministère de l’intérieur.
A quoi aurait servi cette humiliation infligée au gouverneur Atou Matubuana quand ce dernier est retourné chez lui le soir de ce même samedi après quelques heures passées au parquet près la Cour de cassation, sans être entendu par un magistrat ? Des sanctions comme beaucoup les ont réclamées, seront-elles infligées à ces agents électrons libres ?
Dimanche 19 décembre enfin, c’est un ministre d’Etat en fonction et quelques députés nationaux en mission d’inspection des chantiers créés par le gouvernement de la République dans le cadre du projet Tshilejelu qui essuient des tirs des policiers commis à la garde de la concession IMMOTEX ex-CPA à Mbudi qui leur refusaient l’accès à ce domaine.
Dans un communiqué publié par la commissaire de la police ville de Kinshasa, toute l’équipe de ces policiers est aux arrêts et devra répondre devant la justice.
Tous ces cas de bavures policières comme tant d’autres suscitent le débat sur toutes les réformes de la police entreprises depuis une dizaine années et qui ont, non seulement impliqué l’Union européenne, les USA, le Japon, la Grande-Bretagne…, mais aussi ont coûté beaucoup d’argent en termes de millions USD.
En effet, pour la réforme de la police nationale congolaise, ces partenaires de la RDC ont été impliqués : L’Union Européenne, pour la modernisation de la gestion des ressources humaines et la construction des infrastructures ; La Coopération britannique (DFID), dans la formation de police de proximité ; La coopération japonaise (JICA), dans plusieurs formations de base à longue durée ; Les États-Unis, dans la formation la police de frontières et de mines ; La Coopération française, dans le maintien et le rétablissement de l’ordre public, la police fluviale et la police judiciaire ; La Coopération allemande, dans la formation des officiers de police judiciaire à la protection de l’enfance et la lutte contre les violences basées sur le genre ; Et enfin le PNUD, dans la formation de police de proximité.