Fabrication des batteries électriques en RDC : Et si le gouvernement finançait sur fonds propres la construction de la première usine ?

Du DRC-Africa Business Forum qui s’est tenu du 24 au 25 novembre dernier à Kinshasa, on en parle encore. Ces assises économiques qui ont réuni certains chefs d’Etat des pays africains, des investisseurs et opérateurs économiques nationaux et étrangers, réfléchissaient sur comment développer une chaîne de valeur régionale autour de l’industrie des batteries électriques, d’un marché des véhicules électriques et des énergies propres en Afrique, avec particularité d’installer une usine de fabrication des batteries et éventuellement des véhicules électriques en RDC.

L’ambition n’est pas démesurée, le projet n’est pas pharaonique, il n’est pas non plus un rêve mais juste un problème de volonté. Et la volonté y est, le président Tshisekedi le prouve tous les jours. Inutile même de faire des dessins pour le comprendre, Tshisekedi ambitionne grand pour son pays. Deux décennies de bradage de minerais, les Congolais en ont marre de se faire vanter les richesses dont ils ne sont pas bénéficiaires.

L’étude réalisée par Bloomberg démontre qu’investir en RDC dans la fabrication des batteries électriques, coûte à l’investisseur 39 millions USD, alors qu’aux États-Unis le même investissement coûterait 117 millions USD. De tels indicateurs créent l’attraction vers la RDC. En créant une chaîne de valeur africaine, Tshisekedi terminera en beauté son mandat à la tête de l’Union africaine en faisant de l’Afrique, si l’usine de fabrication des batteries est installée en RDC, le premier continent qui s’impose, grâce à ses minerais, comme le champion de la transition énergétique. Un continent avec un pays solution qu’est la RDC.

L’ambitieux projet présente plusieurs avantages. D’abord, la RDC va réellement se positionner comme la meilleure destination pour tous les acheteurs de batteries mais aussi pour les industriels. Les facilités qu’accorde le Congo, font pâlir. Avec des unités de production locale des batteries, la RDC peut, en ce moment-là, espérer capter une partie des « 8.000 milliards de dollars » de revenus issus de la vente des véhicules électriques à l’échéance 2025, « 46.000 milliards d’ici 2050 ».

C’est pourquoi un brillant économiste congolais résidant aux États-Unis estime que le Congo de Tshisekedi imposera respect au monde et sortira la population de la pauvreté, s’il anticipe déjà dans la fabrication des batteries. D’après lui, la demande mondiale sera forte dans cinq ans et le pays jouera un rôle clé. Grâce à cette usine, les nombreux emplois seront créés. En plus, le gouvernement aura les moyens nécessaires pour faire face à des situations conjoncturelles comme la pénurie de chinchards.

Nécessité d’un financement sur fonds propres d’abord

Après DRC-AFRICA Forum business, le président Félix Tshisekedi veut entrer dans l’histoire de la révolution énergétique. Visiblement, il est déterminé à passer à l’action. Seulement, les analystes estiment qu’il ne faut attendre longtemps en restant main tendue pour avoir le financement de 39 millions USD pour commencer le projet selon l’étude de Bloomberg. Et le pays de Tshisekedi ne manque pas ce montant, voire plus.

Non sans raison, si pour l’achat des produits surgelés en Afrique australe, le pays débloque jusqu’à 30 millions USD, pourquoi pas lancer dès janvier avec seulement 39 millions USD les travaux de construction de la première usine de fabrication des batteries électriques ?

Si pour la simple consommation des chinchards, le gouvernement débloque 30 millions USD pour seulement cette fin d’année 2021 ( payement à la Namibie pour le quota de pêche pour faire face à la pénurie des chinchards, selon le compte-rendu du gouvernement) et que dire alors de l’installation d’une unité de production de batteries électriques susceptible de tripler les recettes de l’État en peu de temps ?

Donc, la RDC a un choix à faire entre aller acheter le quota des chinchards à 30 millions USD sans une réelle projection pour l’avenir ( juste une solution à courte durée ) et lancer sa propre machine qui va lui donner d’énormes moyens dans les années à venir pour faire face à des situations conjoncturelles comme la pénurie de chinchards.

L’Assemblée nationale et le Sénat doivent apporter aussi leur part de contribution dans la concrétisation de ce rêve congolais. Il est question pour les élus de réserver dans le budget 2022, une bonne quotité pour la construction de cette usine pilote de fabrication des batteries. Juste 39 millions et le Congo aura désormais le statut de fabricant. Toute une fierté.

Et donc, le gouvernement et le Parlement doivent batailler pour aider le président Félix Tshisekedi à réaliser cette grande ambition. Il est urgent que le projet soit inséré rapidement dans le budget encore en examen au Palais du peuple. Dans le débat actuel à la commission Ecofin, le projet devra être inscrit parmi les priorités de la République.

  • Bendélé Ekweya té

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