Reçu sur France 24, l’inspecteur général des finances, Jules Alingete, a laissé planer le doute sur son indépendance dans le traitement de certains dossiers et en l’occurrence, ceux révélés par le récent rapport dénommé « Congo Hold-up ».
Si pour le « Jack Bauer » congolais les révélations de dix-neuf médias internationaux et cinq organisations non-gouvernementales est un non-événement, il n’en est pas moins que ce rapport est allé dans le détail que l’Inspection générale des finances (IGF) n’a jamais fournis. Car en effet, s’il l’on s’en tient aux propos de Jules Alingete, l’IGF n’aurait vu que la BGFI Bank, la seule responsable dans le détournement des quarante-trois millions de dollars américains de la Banque centrale du Congo (BCC) et personne d’autre.
Or, toute légèreté mise de côté, comment est-il possible si l’on en croit aux propos de Jules Alingete, qu’une banque privée ouvre seule un compte dans ses livres, curieusement au nom d’une société EGAL appartenant véritablement selon plusieurs sources à Joseph Kabila et à sa femme, ensuite comme par enchantement, la Banque centrale du Congo y verse les jours qui suivent près de 43 millions de dollars américains, enfin que cette banque privée (BGFIbank) se mette à mouvementer ces fonds prétendument appartenant à la BCC, sans que cette dernière ne pipe mot ?
C’est après le changement de régime, lorsque l’Inspection générale des finances va auditer les entreprises et institutions publiques et que la BCC ne sera pas capable de justifier les 43 millions de dollars américains versés dans le compte d’une société privée dénommée Égal via un compte du trésor public que l’odeur de la puanteur se fera sentir. Alors, les questions qu’il faudra poser à Jules Alingete sont celles de savoir : comment l’argent a-t-il quitté le compte du trésor pour atterrir dans le compte privé de la société Égal ? Qui en était le donneur d’ordre ? Puisque les enquêteurs internationaux ne cachent pas qu’ils ont de preuves qui relient l’utilisation de ces fonds à la famille et aux proches de Kabila, pourquoi n’est pas en tant que chercheur de la vérité confronter ces données à celles de l’IGF ? Que cache le mépris de Alingete vis-à-vis de ce rapport international ?
Dans sa quête de vérité du moins pour ses auditeurs, le journaliste Alain Foka a bien embarrassé Alingete au point de faire de lui le flic congolais, un avocat. Non sans raison, car à la question de savoir si Joseph Kabila et sa famille n’ont jamais détourné un seul centime de la RDC, l’Inspecteur général des finances répond : » Nous n’avons pas besoin de brûler le pays… nous avons besoin de la paix… « . Comprenne qui pourra !
Ce flou artistique à l’allure d’un rétropédalage est très suspicieux, car plus loin l’homme au Safari se permet même de dire à la justice « pénale » de ne pas croire aux médias internationaux. Mais, comprend-il vraiment qu’au pénal, l’autorité de justice est hyper active et que la preuve est libre ? « On la cherche partout, peu importe la source », s’exclame un enseignant de droit pénal à l’université de Kinshasa.
Pour ce dernier, même une simple dénonciation peut permettre d’ouvrir un dossier et aboutir à la condamnation d’une personne conclut-il. Encore, lorsque Alain Foka lui dit à lui l’enquêteur national que la RFI a publié des documents, au lieu de les chercher, il déclare : « je ne pense pas ». C’est comme si il n’a pas besoin qu’on fournisse ces preuves. Et de tous ces faits, ceux qui disent que Alingete en fait un peu trop, risquent d’avoir raison !