A peine dix ans d’existence en RDC, la BGFIBank est l’institution financière qui a plus livré des scandales répétitifs, caractérisés par des opérations louches de détournements des fonds publics. Avec la dernière enquête publiée par The Sentry et qui fait les choux gras de tous les grands médias du monde et de la RDC ainsi que des réseaux sociaux, il y a lieu de conclure que cette banque, du moins sa succursale congolaise, a été créée pour une mission de prédation financière de la RDC en faveur de la famille de l’ancien président Joseph Kabila dont l’une de sœurs tient 40% des parts dans cette banque et le frère a été directeur général.
Non sans raisons, les opérations mafieuses telles que décrites pas les enquêteurs, font couler les larmes et révolter toute âme sensible, au regard de la vie qu’endure la population congolaise assise sur des mines d’or, mais foncièrement paupérisée par la mauvaise gouvernance de ses dirigeants politiques.
La vidéo qui fait la boucle sur les réseaux sociaux et les articles de presse depuis ce matin du 19 novembre, faisant des révélations sur les détournements de plusieurs millions de dollars américains du Trésor Public par la famille de l’ancien président Joseph Kabila à travers un réseau mafieux digne du Clan des Siciliens, sont plus purs que l’époque de Mobutu considéré comme celui qui a mis le Zaïre dans le gouffre. On croirait au retour d’Ali Baba et les 40 voleurs !
» Congo Hold-Up » est le nom de cette enquête réalisée par 19 médias partenaires de Mediapart et 5 ONG spécialisées qui ont eu accès à 3,5 millions de documents bancaires et davantage de transactions. L’enquête documente d’importants détournements de fonds publics en République démocratique du Congo visiblement facilités par Joseph Kabila en faveur de sa famille et un cercle d’associés. Pour réaliser ce saignement à blanc de l’État congolais, les Kabila ont eu besoin de : 1. D’une banque : la BGFI, contrôlée par la sœur de Kabila nommée Gloria Mteyu (actionnaire à 40%) et son frère adoptif Francis Selemani ; 2. D’un dépôt secret pour garder l’argent liquide : un ancien garage de Kinshasa tenu par la société écran Sud Oil.
Tenez : Entre décembre 2014 et janvier 2015, le FONER, Fonds National d’Entretien des Routes, opère 5 transactions importantes sur ses comptes à la BGFI : 852 000 USD, 594 000 USD, encore 594 000 USD, 586 000 USD et 600 000 USD. Au total 3,2 millions USD censés transiter d’un compte FONER à un autre, mais qu’en réalité la BGFI avait viré dans les comptes de deux sociétés à savoir : Sud Oil et sa filiale Kwanza Capital.
Le 26 septembre 2016, la BCC verse dans son compte ouvert à la BGFI et identifié « BCC Équipements » 30 millions USD. Cette somme disparaît miraculeusement de la BGFI. Curieusement, le virement du même montant arrive chez Sud Oil !
Le 23 juin 2016, la GECAMINES décide de « payer ses impôts en avance » à la BCC via le compte de cette dernière ouvert à la BGFI. Elle verse 2 millions USD. Ce montant n’atterrira pas à la BCC, mais plutôt dans le compte de Sud Oil avec un libellé différent pour brouiller les pistes. En 2018, lorsque les auditeurs chargés de contrôler les comptes de la BGFI se sont intéressés à cette opération, la panique gagna la famille Kabila ; la BGFI renverra les deux millions touchés par Sud Oil à la GECAMINES rétablis dans le remboursement de libellé initial antidaté 2016, qu’elle envoie à la BCC. Et ce n’est pas tout ! Il y a d’autres crimes encore à lire le rapport d’enquête de ces médias et ONG.
En 2016, pour rémunérer la participation de la RDC à une mission de maintien de la paix, l’ONU verse 7,3 millions USD à l’ambassade de la RDC auprès de cette institution mondiale. L’ambassadeur reçoit l’ordre de Kinshasa de verser 6,8 millions USD à la BCC sur un compte de celle-ci ouvert à la BGFI. Selon les enquêteurs, la République n’a jamais vu la couleur de ces billets, et le contingent congolais ayant fait partie des casques bleus dans la mission, n’a eu que ses yeux pour pleurer. Car l’argent a été déposé dans le dépôt secret des Kabila pour le compte de Sud Oil.
En 2018, pour organiser les élections reportées de 2016, la CENI emprunte à la BGFI une somme de 25 millions USD. Ce prêt engendrera des frais d’intérêts de 1 million USD pour le compte de la BGFI. Le même jour, cette banque répète l’opération manuellement et s’offre le deuxième million de dollars américains.
De quoi faire pleurer tous les Congolais simultanément, y compris ceux qui ont soutenu le régime de prédation pendant 18 ans et qui, eux, voient leur standing de vie dégringoler depuis que l’autorité morale n’est plus au pouvoir.
Un démenti laconique et énervant des services de communication de Joseph Kabila
En lieu et place de se taire, l’ancienne animatrice de la chaîne Congo web (pas journaliste) devenue Dieu seul sait par quelle magie après que ce dernier a quitté le pouvoir, sa chargée de communication, s’est précipitée pour faire un démenti qui ne dément rien du tout sur les faits décrits par les enquêteurs journalistes et des ONG, mais veut prévaloir un acharnement sur l’ancien président de la RDC.
Dans ce démenti signé ce vendredi 19 novembre, on ne voit pas Barbara Nzimbi ne pas contredire les chiffres avancés et les structures les ayant perçus, mais elle se contente de dire : « Alors que l’image et le nom du Président de la République Honoraire sont utilisés abusivement comme produit d’appel pour tenter de crédibiliser cette démarche médiatique dont l’opportunité est questionnable, à trois ans près de la première alternance pacifique historique au sommet de l’État depuis l’indépendance du pays en 1960, aucune ligne de ce rapport compilant d’après ces auteurs plus de trois millions de documents ne démontre l’implication factuelle ou même implicite de l’institution Président de la République qu’il a eu l’honneur de diriger pendant 18 ans. Sont cités une banque commerciale, des institutions nationales et des sociétés privées dont les responsables au moment des faits supposés sont identifiés et n’ont rien à avoir avec la Présidence de la République d’époque. Après les Panama, Pandora papers et autres qui ont exposé différentes pratiques financières dans le monde entier et cité différentes personnalités, il est étonnant que cette enquête ne cible que la personnalité du Président honoraire de la RDC. Cette fixation haineuse de certains médias et associations sur la personne du Président honoraire que certains ont conceptualisé en « Kabilabashing », toujours les mêmes et provenant du même espace géopolitique, est difficilement compréhensible quand on met en face de ces accusations non fondées, le bilan de la gestion salvatrice de ce digne fils d’Afrique qui a rendu ses lettres de noblesse à la République Démocratique du Congo à savoir : pacification-réunification- Constitution de 2006-démocratisation avec trois cycles électoraux-relance économique et alternance pacifique historique ».
L’ancienne animatrice de Congo Web n’a pas contredit les enquêteurs. Ces derniers parlent des proches de Kabila qui ont usé de l’influence de ce dernier qui a fermé les yeux pour que toute cette mafia s’opère au nom de la famille. Ils n’ont pas dit que Kabila lui-même est acteur. Donc, un démenti qui ne dément rien du tout.
Somme toute, quelle image les Congolais doivent-ils garder de la BGFIBank, la facilitatrice de la mafia à la base de leur misère ? La moindre de chose qu’elle puisse faire au regard de cette opprobre qui la couvre, de plier bagage et partir parce qu’elle n’est pas digne d’une banque devant favoriser le développement de la RDC. Nous y reviendrons !