Dans un tweet posté sur son compte, mercredi 27 octobre 2021, la Sicomines s’estime un modèle d’accompagnement efficace et favorable pour le développement de la RDC dans les domaines d’infrastructures et industriels. Et comme illustration, cette société minière met une photo montée ci-haut.
Dans un article publié par Actualité.cd aussi posté sur son Twitter, la Sicomines se vante d’avoir investi dans le cadre de ses réalisations infrastructurelles en RDC, de 2008 jusqu’à présent plus d’1 milliard USD, dont 977 millions affectés, et 43 contrats d’infrastructures ont été conclus, qui couvrent toute l’étendue du pays comprenant la capitale Kinshasa et de différentes provinces telles que : Haut-Katanga, Lualaba, Nord-Kivu, Tshopo et Sud-Kivu.
« La Sicomines a participé à la construction de 480 Km de routes, telles que le Boulevard du 30 juin, l’Avenue du Tourisme et le Boulevard Triomphal à Kinshasa, la réhabilitation de la voirie de Kolwezi ainsi que plus de 100 000 mètres carrés de bâtiments et ouvrages, à savoir l’Hôpital du Cinquantenaire, l’Esplanade du Palais du Peuple à Kinshasa. Ce qui a contribué sensiblement à l’amélioration de l’image urbaine du pays », peut-on lire dans cet article qui ajoute : « Pour l’instant, des projets routiers pour une longueur totale de 675 Km et un projet de stade pour une superficie de 20 131 m3 sont en construction. Il y a notamment le : Projet d’Ouverture de la Route Kamina- Kabongo ; Projet d’Ouverture de la Route Kabondo-Dianda- Mukwende ; Projet de construction du Pont Lomela et ses Composantes Sociales d’Accompagnements ; Projet de Réhabilitation et modernisation de la Route Kitanda-Ankoro ; Projet de Réhabilitation et modernisation de la Route Ankoro-Manono (115KM) ; Contrat d’etudes et travaux du projet de la construction de route devant relier l’aérogare de Kalemie et le nouveau stade de Kalemie au boulevard de Lumumba ».
Les observateurs qui suivent de près l’exécution du contrat sino-congolais sont quelque peu sidérés par certaines affirmations qui dégagent des contrevérités. En effet, lorsque le gouvernement congolais signe avec un consortium des entreprises chinoises le contrat en 2008, l’objectif était que ces dernières par l’entremise de la banque chinoise Exim Bank, financent les travaux d’infrastructure dans le pays (construction des routes, des hôpitaux, des écoles…) à hauteur de 3 milliards USD. En contrepartie, le gouvernement congolais avait mis en gage ses réserves minières (10 millions de tonnes de cuivre et 5 millions de tonnes de cobalt) à exploiter à travers une joint-venture (Sicomines) pour le remboursement et de l’investissement de sa création, 3,2 milliards USD, et du prêt contracté de 3 milliards par la RDC pour les infrastructures.
Dire que la Sicomines a commencé à financer les infrastructures à partir de 2008 crée la confusion et altère la vérité du fait que la Sicomines a véritablement commencé à fonctionner en 2015, soit sept ans après la signature du contrat sino-congolais. Délai si respect du contrat il y avait, devait permettre tout le décaissement de ces 3 milliards. Déclarer aujourd’hui que plus d’un milliard USD ont financé les infrastructures en RDC et en être fier, est un gros mensonge et sujet de gêne. Car, à la réunion du 21ième conseil des ministres, le ministre des infrastructures et travaux publics avait révélé que sur un financement prévu de 3 milliards USD pour les infrastructures, le montant investi par la partie chinoise se chiffre à 825 millions USD (intérêts non compris). Ce qui dégage un taux d’exécution de 27,5% de ce deuxième volet du contrat sino-congolais (lire l’article de Scooprdc.net : Contrats chinois : Sur 3 milliards USD des infrastructures, rien que 825 millions USD ont été décaissés !).
Pour un projet de 3 milliards USD dont le taux d’exécution en 18 ans est de 27,5%, très largement en deçà de la moyenne, il y a de quoi pour la Sicomines de se gêner et éviter des déclarations qui fâchent la majorité de Congolais dont les minerais en quantité importante sont hypothéqués pour une modique somme représentant le budget d’un club de football en Europe.
Soit, le président de la République, Félix Tshisekedi, qui a hérité de ce contrat, a, au cours de la réunion du 24ième conseil des ministres, souhaité que les propositions lui formulées par le ministère des infrastructures et travaux publics et celui des mines, en collaboration avec son cabinet sur ce contrat sino-congolais, soient d’application. Il s’agit primo de la relance des grands travaux de reconstruction nationale en priorisant les infrastructures structurantes. Cela, en vue de favoriser l’éclosion d’activités socioéconomiques porteuses de développement mais également d’appuyer éventuellement le programme de développement de 145 territoires du pays. Car, le contrat n’a atteint qu’un taux d’exécution de près de 30%.
Secundo, de l’audit technique et financier de la Sicomines à diligenter et la mise en place d’un mécanisme assurant la transparence dans la gestion et le fonctionnement de cette entreprise ; et tertio, de la nécessité de mettre fin au déséquilibre entre parties, notamment par la révision de certaines clauses du contrat ou de convention de collaboration entre la RDC et le Groupement d’entreprises chinoises et du contrat ou de convention de la joint-venture Sicomines.
Par la même occasion, le président de la République a rappelé au vice-premier ministre, ministre des Affaires étrangères, l’urgence de mettre en place la Commission mixte Sino-congolaise qui se penchera sur l’ensemble des sujets d’intérêts communs pour que désormais l’exécution des contrats se fasse dans une volonté mutuelle gagnant-gagnant.
Cette position du président de la République réconforte l’Initiative pour la Transparence des Industries Extractives (ITIE) qui a, dans son récent rapport provisoire, demandé de renégocier la convention à l’origine de la création de la Sicomines. Car selon l’ITIE, cette convention évaluée à 6,2 milliards USD de prêt contre des matières premières, constituerait en fait « un préjudice sans précédent dans l’histoire du Congo ».