Sur base des doléances lui adressées par la directrice générale d’Ami Congo, Angélique Milemba Bukasa, au sujet de l’entreposage prolongé et préjudiciable dans sa concession située à Limete-Kingabwa d’une trentaine de véhicules du Commissariat général à l’énergie atomique (CGEA), le ministre de la Recherche scientifique et innovation technologique, Me José Mpanda, a instruit le commissaire général intérimaire du CGEA, le professeur Thierry Tangou Tabou, de décanter au plus vite cette situation. Ce qui a justifié la descente du comité de gestion du CGEA, mardi 26 octobre, dans la concession d’Ami Congo sur Poids lourds à Kingabwa.
Alors qu’un audit dont le résultat est attendu incessamment est en cours au CGEA sur la gestion du commissaire général suspendu Vincent Lukanda, il s’avère que le commissaire intérimaire hérite d’un dossier des véhicules destinés aux agents aux contours flous, mieux caractérisé par une grande opacité. En effet, selon le DAF du CGEA, Paul Bindu Musambali, interrogé par Scooprdc.net, le CGEA a bénéficié d’un crédit de 2 millions USD auprès de la banque FNB Bank pour l’achat de ces 173 véhicules commandés en juillet 2020 avec un taux annuel de remboursement de 15% sur trois ans. A la question de savoir si un appel d’offre avait été lancé pour leur acquisition, le DAF Paul Bindu déclare que cela n’a pas été le cas. « C’est un contrat signé en dehors de cette procédure. Ça, je dois le dire », avoue-t-il.
A une autre question de savoir si cela ne constituait pas une entorse à la procédure de passation des marchés surtout que le montant engagé en millions USD dépassait largement le seuil fixé par la Loi et exigeait obligatoirement de passer par un appel d’offre, le DAF Paul Bindu répond : « Je suis en difficulté de vous répondre à cette question. J’aurais aimé que ce soit le signataire du contrat qui puisse vous répondre à cette question ».
Le signataire de ce contrat c’est le professeur Vincent Lukanda, commissaire du CGEA suspendu début octobre dernier. C’est lui seul, confirme-t-on au CGEA, qui s’était rendu en Chine négocier et signer le contrat, non pas avec le concessionnaire ou le fabriquant, mais avec des coopérants. Ce qui fait que les véhicules commandés sont des marques différentes : Jetour, Tiggo5… Un péché constitutif d’une infraction contre la loi de passation des marchés publics.
Non sans raison, qu’est-ce qui a milité au choix sans souscription et sélection des vendeurs de ces Jetour et Tiggo5 ? Combien d’argent sur les 2 millions USD le professeur Lukanda avait-il versé aux vendeurs ? Seul Dieu sait pour l’instant parce qu’il faille une descente en Chine pour une enquête. Mais ce que l’on sait pour le moment est que le premier lot de 30 véhicules a été réceptionné et livré au premier groupe d’agents. C’est encore un autre lot de 30 véhicules qui est entreposé dans la concession d’Ami Congo à Kingabwa dont les négociations sont entamées avec le comité Tangou Tabou pour leur récupération. Selon la directrice d’Ami Congo, un troisième lot de 30 est à Matadi. Ce qui donne, petit calcul fait, un total de 90 véhicules. Les 83 autres sont encore en Chine et attendraient que le décompte resté de 20% soit versé.
Selon les informations obtenues par Scooprdc.net, ces véhicules de marque chinoise sont donnés à crédit aux agents entre 14 et 18 mille USD, les frais de douane y compris. Les retenues à la source déjà opérées pour le remboursement s’étalent sur trois ans. Mais le plan de ce remboursement indique que le CGEA rembourse le double de ce que les agents payent. Ce qui veut dire que le CGEA préfinance pour ne pas dépasser cette échéance bancaire, mais à son niveau c’est comme si les agents ont pris ces véhicules pour six ans de paiement. Et c’est là où, outre le souci de savoir combien a coûté l’unité en Chine, son transport et les frais de douane, le soupçon de retro-commission dans le chef du commissaire suspendu Vincent Lukanda est émis sur les 15% de taux de remboursement à FNB Bank.
Le dossier « véhicules » n’est pas le seul à accabler le professeur hydrologue Vincent Lukanda, il y a aussi celui de la spoliation de la concession du CGEA le long de l’avenue du Grand séminaire au quartier Righini dans la commune de Lemba. En effet, dans cette concession où il y a quelques maisons des professeurs agents du CGEA/CREN-K, des espaces ont été vendus aux tierces personnes et les immeubles et autres types des maisons y poussent comme des champignons. Cette vente des terres de l’Etat s’est faite sans autorisation ni du ministère de tutelle, ni de son secrétariat général. Ce qui est une spoliation mise à la charge du commissaire général suspendu du CGEA/CREN-K, Vincent Lukanda, de qui la Commission d’audit à pieds d’œuvre, constituée des experts de trois ministères, notamment des Finances, de la Justice et de la Recherche scientifique et innovation technologique, attend la défense ou les explications sur ces deux dossiers. Dossier à suivre !
Concession du CGEA spoliée à Righini (photo scooprdc).