Quatre jours après la lettre du président de Ensemble pour la République, Moïse Katumbi, adressée au président de la République Félix Tshisekedi pour lui demander de ne pas investir les membres du nouveau bureau de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), ce dernier a tout juste fait le contraire. En effet, par son ordonnance n° 21/084 du 21 octobre 2021, Félix Tshisekedi a bel et bien investi 12 membres sur 15 devant siéger à la centrale électorale.
D’après plusieurs analystes politiques, c’est une réponse nette et claire de non-recevoir à la demande-exigence du chairman Moïse qui, dans une lettre du 18 octobre dont on lui reproche le manque de formule de courtoise « avec l’expression de mes hommages les plus déférents » souvent utilisée lorsque l’on s’adresse à un président de la République. Dans cette lettre au style, dit-on, d’Olivier Kamitatu, malheureusement où il y a le mélange de « nous » et « je », Moïse Katumbi écrit en ces termes à Félix Tshisekedi : « Hier, vous avez rejeté une première fois et à juste titre une première liste non consensuelle. Nul ne peut envisager un seul instant qu’aujourd’hui vous puissiez avaliser le travail partisan d’une commission paritaire contestée au risque de jeter sur la CENI un tel voile de suspicion qu’il lui sera impossible d’accomplir sa mission d’organiser, en toute indépendance, neutralité et impartialité des scrutins libres, démocratiques, transparents et inclusifs. Là où l’Assemblée nationale a échoué, il vous revient de forger cet indispensable consensus, seul voie à même de garantir un cycle électoral apaisé ».
En bon démocratique, contrairement au qualificatif de dictateur que l’on commence à lui coller au dos, dans son adresse vendredi 22 octobre à la nation, Félix Tshisekedi a donné les raisons de l’investiture par lui du bureau Kadima, en nuançant le cas de ce dernier et celui de Ronsard Malonda. Trois raisons fondent le rejet par lui du choix de Malonda en 2020. Primo, la question de l’entérinement des membres du Bureau de la CENI n’était pas inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale ; secundo, un seul PV désignant le président de la CENI, du reste sans soubassement, m’avait été transmis pour promulgation alors que le Bureau de la CENI devait comptait 13 membres ; et tertio, le Président et le Vice-Président de la Plateforme des confessions religieuses n’avaient pas sanctionné le PV de désignation par leurs signatures, et deux des représentants des six confessions religieuses supposés avoir soutenu le candidat président désigné en 2020 ont été désavoués par leur hiérarchie entachant ainsi la régularité de ce processus de désignation.
Par contre, pour le cas du bureau Kadima, Fatshi estime et dit se réjouir du fait que le processus de désignation des membres du Bureau de la CENI de 2021 se soit déroulé de manière régulière car, en ce qui concerne notamment la désignation du président de la CENI, fait-il savoir, malgré le manque de consensus, une majorité claire s’est dégagée au profit d’un candidat, et ce, conformément aux prescrits de la Charte de la Plateforme des confessions religieuses.
Aussi, explique-t-il toujours pour donner la lumière sur sa décision d’investir le bureau Kadima, non seulement que l’entérinement des membres du Bureau de la CENI a été régulièrement inscrit à l’ordre du jour de la plénière de l’Assemblée nationale, mais aussi 12 PV sur 15 attendus ont bien été reçus, examinés et entérinés par la Chambre basse ; permettant ainsi au Bureau d’atteindre le quorum requis pour pouvoir siéger valablement. « Ce qui n’était pas le cas en 2020 », conclut-il.
Avec cette réponse à Moïse Katumbi et à travers lui à tous les autres contestateurs du choix de Denis Kadima concrétisée par son investiture, Félix Tshisekedi invite d’ores et déjà les organisations nationales et la Communauté internationale, à travers ses missions d’observation, à accompagner la RDC afin de garantir la tenue des élections crédibles en 2023.