La mise en place d’un bureau de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) n’a été aussi dystocique depuis 2003. Certes, des contestations ont toujours eu lieu, mais des issues ont vite été trouvées. Tel fut le cas en 2013 pour Abbé Malumalu 2 et en 2015 à l’entrée de Corneille Nangaa.
Ces atermoiements répétitifs laissent croire aux observateurs de l’environnement préélectoral en RDC que la CENI risque de naître malade si un minimum de règles ne sont respectées même si un consensus parfait n’existe pas. La radicalisation du processus de désignation des membres de la CENI n’est profitable ni aux composantes et encore moins au pouvoir actuel qui ne saurait humilier les deux grandes confessions religieuses qui pèsent très fort dans les campagnes électorales de ce pays.
Au vu du temps perdu, chaque composante devrait respecter les règles élémentaires en lieu et place des conciliabules reposant sur des intérêts individuels parfois même non profitables à l’union sacrée. Pour que la CENI sorte de son bourbier, un observateur neutre qui a préféré requérir l’anonymat, a suggéré le schéma suivant :
1) encourager un consensus qui favorise un candidat Président de la CENI et un membre de la plénière non issus des trois confessions religieuses actuellement en tête du jeu : Catholiques, ECC et Kimbanguistes.
2) maintenir et respecter le critère d’expertise électorale pour toutes les trois composantes concernées car la CENI attendue devra travailler immédiatement sous pression pour relancer l’administration électorale et produire un calendrier électoral.
3) le respect strict du poids politique pour les composantes (majorité et opposition) car la désignation discriminatoire est naturellement source de conflit et ou de frustration au sein des composantes.
Ainsi l’opposition compte dans l’ordre du poids politique le PPRD, la mosaïque FCC et Lamuka. Pour sa part, l’union sacrée pour la nation a les forces politiques suivantes dans l’ordre du poids numérique : Ex-PPRD, Ensemble, AFDC-A, UDPS, ADRP, AABC exæquo avec Aaa/a pour ses 6 places dans la CENI.
En effet, des concessions liées à des affinités ou à des marchandages entre individus sont improductifs pour chaque composante.
4) la mise en place d’une véritable commission paritaire après la réception des listes authentiques et officielles des composantes. Cette commission aurait 72 heures pour examiner les 15 dossiers issus des composantes au lieu de s’éterniser au Fleuve Congo Hôtel pour écouter des personnes non concernées.
C’est juste comme la validation des mandats à l’ouverture de la législature à l’Assemblée nationale. Les commissions de validation des mandats ne traitent que des dossiers reçus de la CENI.
Par ailleurs aucun des membres de la dernière fausse commission paritaire ne devrait y figurer vu les manquements et arrangements individuels qui y ont élus domicile.
5) l’installation de la CENI au plus tard le 15/10/2021.
En outre, en mystifiant un peu trop la CENI, toutes les composantes impliquées se rendent suspectes aux yeux des électeurs congolais. Force est de constater que toutes les 3 composantes ont en réalité des problèmes pour désigner leurs délégués à la CENI même si elles le cachent à peine.
La diversité de la société civile et des confessions religieuses sont source du retard du processus électoral de plus d’une année.
Quant à l’opposition, la position tranchée de Fayulu et Muzito de revoir la loi sur la CENI, et l’existence d’un PPRD confondu au FCC retardent la désignation des tous membres issus de l’opposition plaçant ainsi la majorité devant un vide.
S’agissant de l’Union sacrée pour la nation, des sources bien branchées constatent qu’elle a en son sein 2 tendances majeures créées par la maladresse de ses stratèges. D’une part, la tendance Genval (UDPS – Ensemble – MLC) tendant à s’octroyer des quotas indus bien que moins majoritaire, et la tendance baptisée par celle de Genval « Union sacrée ex-FCC de plus en plus mal servie dans le partage du pouvoir et de la CENI bien que plus majoritaire.
Pour illustrer le blocage dans le camp même de l’Union sacrée, des députés nationaux de l’Union sacrée dite ex-FCC réunis au Fleuve Congo Hôtel mardi 28 septembre dernier n’ont pas voulu entendre de leurs oreilles qu’il leur serait attribué deux postes au sein de la CENI dont un rapporteur adjoint au bureau et un autre à la plénière. Ce camp estime avoir droit à la première Vice-présidence de la CENI et exige le respect du poids politique pour éviter les frustrations qui ont fait exploser le FCC à plein vol. La réunion s’est terminée à queue de poisson pour être reportée à une date ultérieure.
Aucune composante n’a encore objectivement désigné ses membres à la CENI à tel point qu’on peut se demander quels dossiers le Professeur Mbata a analysé au Fleuve Congo Hôtel pendant un mois ! La patience a des limites, que chaque composante gère ses divergences sans délai.