Décès de Gabriel Kyungu : C’est le retour d’un démon en enfer, réagit une victime de l’épuration kasaïenne au Katanga

Il est vrai la tradition africaine, particulièrement bantoue, ne voudra pas que l’on parle en mal d’un mort, mais que l’on vante plutôt  son parcours sur la terre. Cependant, il y a aussi certains souvenirs douloureux et insupportables qui font que les victimes, individuellement ou collectivement, crachent sur un mort si ce dernier a été leur bourreau. C’est vraiment le cas d’un grand juriste d’une autre tribu que luba, mais dont le malheur a été d’être Kasaïen alors que le vrai problème, mieux le conflit, était entre les Luba et les Katangais. Comme l’ignorance battant partout en RDC, tout ressortissant du Grand Kasaï étant considéré comme Muluba, les Bakuba, Batetela, Basala mpasu, Basongye, Bakete, Balualua, Bashilele, Kanyok, Babindi, Bakuanyambi, Bampende, Bena Lulua, Bakua Luntu…avaient payé le lourd tribut dans l’opération d’épuration kasaïenne au Katanga en 1992. Loin de compatir au décès du Patriarche katangais Kyungu wa Kumwanza, ce grand juriste qui a préféré garder l’anonymat à cause de lourdes fonctions étatiques qu’il occupe, estime que la mort survenue samedi 21 août dernier de celui que l’on appelait «Baba wa Katanga», est un retour d’un démon en enfer. Ci-dessous son récit envoyé à Scooprdc.net pour publication :  

15 août 1992, Etienne TSHISEKEDI WA MULUMBA est élu Premier Ministre par la Conférence Nationale Souveraine. Du coup, aux quatre coins du pays, les scènes de joie s’y déroulent car, l’espoir avait un nom, celui que le peuple appelait  affectueusement Ya TSHITSHI. 

Ce jour là,  la Ville de Likasi située dans l’actuelle province du Haut- Katanga était aussi au rendez-vous.  Comment pouvait-il en être autrement ? Cette ville  est de tradition UDPS. En effet, un des co-fondateurs de ce parti, François LUSANGA, y avait ses racines et depuis lors, elle  ne manque pas d’offrir des précieuses victoires électorales au parti. Pas une législature sans un élu UDPS dans l’ancienne Jadotville de Jean Bosco Mwenda wa Bayeke. Dany Banza, Sama Lukonde,  Patricia Nseya… en sont témoins ! 

Oui, ce jour-là,  tout commença dans la ville de Likasi et tout bascula dans l’ex-Katanga parce qu’un homme avait  clamé haut que l’élu de la CNS était un «Kilulu», un «kivube», un «kinkubala». Je n’ai pas le cœur à traduire ces qualificatifs tellement c’était fort comme langage vulgaire véhiculé par Gabriel Kyungu wa Kumwanza.

Ce jour là,  j’étais Premier vice-président de la JUDPS dans la commune de Kikula. Je faisais fonction de Président face à la dérobade inattendue du titulaire du poste.  J’assumais  l’instant historique et je conduisais une impressionnante marche des jeunes pour manifester la joie et saluer l’avènement de notre leader à la tête du Gouvernement.  Nous saluions donc le changement incarné par Etienne TSHISEKEDI WA MULUMBA. 

Malheureusement, c’était donc ce jour là que Gabriel Kyungu wa Kumwanza avait lancé la chasse aux communautés Kasaiennes. Il s’en était suivi  des centaines de morts originaires du Kasaï sur place au Katanga et sur leur chemin de retour aux origines avec en sus le cimetière le plus long du pays, tout au  long de la voie ferrée séparant la province de l’ex-Katanga et celles de l’ex-Kasaï (oriental et occidental). Histoire douloureuse donc et maintes fois contée ici et ailleurs. 

Seulement voilà, il est de tradition africaine que les vivants vouent respect aux morts pour n’invoquer que des bons souvenirs de ceux-ci.  Cependant,  par devoir de mémoire, il faut dire la vérité au peuple sur Gabriel Kyungu wa Kumwanza. Par respect au peuple et pour que plus jamais l’histoire ne se répète,  disons courageusement qu’il fut un personnage obscur et controversé. Invoquer son nom, même alors décédé,  ravive la douleur de plusieurs familles congolaises,  en particulier les Kasaïens qui vivaient en ces temps là dans l’ex-Katanga. Devant la mort, personne ne dénonce ses fautes. La mort l’a défait alors qu’il se croyait immortel en envoyant à la mort des innocents au nom de l’éveil d’une conscience katangaise mal conçue. 

Vraiment,  le passé de Gabriel Kyungu wa Kumwanza ne passe pas,  il ne s’efface pas. Ne versons pas dans le déni et dans la complaisance en parlant seulement de sa position d’alliance de circonstance avec l’UDPS ces deux dernières années comme pour pousser les victimes à saluer la mémoire de leur bourreau.  L’héritage de Kyungu wa Kumwanza est à l’évidence négatif car il avait poussé dans l’aveuglement volontaire en pensant à un moment de l’histoire du pays que la vie d’un Kasaïen n’avait aucune valeur.

Dans une vidéo, après Nguz a Karl Bond, on voit Kyungu wa Kumwanza chauffer d’abord et lancer : Katanga ni yetu !  La foule répond : Katangais, Katangais. Puis le «baba» enchaîne et livre son message incendiaire à Nguz : «le Katanga ne collaborera pas avec le premier ministre, nous refusons. Nous disons et nous répétons que Étienne TSHISEKEDI et les siens sont des bilulu.  Nous n’avons pas de problème avec les compatriotes de l’Equateur, du Bandundu, du BasZaïre, du Kivu, du Maniema,  mais seulement avec les bilulu. Allez dire à Mobutu de trancher Katangais-Kasaiens. Tout le monde peut rester ici mais les Kasaiens en avant marche. Placezles sur les rails , un peu d’huile sur les fesses et chacun glissera vers le Kasai»

Non, non,  non, ça ne s’oublie pas, les Kasaiens n’oublient pas,  on n’oublie pas. Ecrivez comme bon vous semble, Twitter en empruntant tous les mots que la langue française peut offrir mais de grâce, ne l’accompagnez pas en enfer.  Le sang des innocents crient vengeance !

NDLR : Comme ce juriste, l’ancien ministre Steve Mbikayi estime qu’aucun Kasaïen ne peut compatir sur la mort de Gabriel Kyungu wa Kumwanza. Sur son Twitter, il écrit : « Il est malsain de parler du mal d’un mort, quels que soient ses défauts ou les préjudices causés à autrui de son vivant, il est aussi hypocrite pour un Juif de louer de louer les qualités d’Hitler après sa mort ».

  • Bendélé Ekweya té

À ne pas rater

À la une