Thierry Monsenempwo à Scooprdc.net : «S’il y aura glissement, ce sera à cause des églises catholique et protestante» (Interview exclusive)

Président de la Ligue de jeunes de la Convention des Congolais Unis, Thierry Monsenempwo, ancien communicateur de la Majorité présidentielle (MP) de Joseph Kabila, a accepté accorder une interview exclusive à Scooprdc.net. De la situation politique du pays, de la CENI et de l’IGF, le disciple de Lambert Mende a répondu sans tabou à toutes les questions lui posées par le média en ligne. Ci-dessous l’intégralité de l’interview dirigée par Innocent Olenga :

Scooprdc : Thierry Monsenempwo, vous êtes président national de la Ligue de jeunes de la CCU, Convention des Congolais Unis, parti cher à Lambert Mende Omalanga qui a muté du FCC à l’Union sacrée. Quelle lecture faites-vous après votre transfuge de la politique et de la gouvernance en RDC ?

La Convention des congolais Unis est un parti souverainiste. Et de ce fait, ne peut aller à l’encontre de toute action ou vision qui va dans le sens de consolider l’état de droit, de donner une meilleure réponse aux crises multiformes que ce pays connaît et enfin de répondre au besoin d’existence de ce pays dans sa forme actuelle, vœu de notre héros Lumumba. C’est fort de ceci que nous avons répondu présent à l’appel du chef de l’Etat, car l’Union sacrée n’est nullement une rencontre de partage gâteau ! Mais par contre une unité des forces vives pour soutenir la vision de développement du chef de l’Etat.

Et à ce que nous observons, on se dit avec un peu de recul que nous avions raison car la gouvernance du pays va en s’améliorant dans plusieurs secteurs, notamment le social et la bonne gouvernance.

La gestion du gouvernement Sama Lukonde vous convainc-t-il pour la transformation du Congo ? A-t-il la chance de mobiliser suffisamment des ressources financières pour remonter le budget national ?

Le programme porté par le premier ministre Sama est très audacieux. Et à voir les leviers qui sont aux mains de son gouvernement et de la majorité dont il jouit l’Assemblée, je pense que le pari peut être gagné. Car déjà, en 100 jours, l’immobilisme qui a caractérisé son prédécesseur a été exorcisé. L’orthodoxie budgétaire est au rendez-vous,  et cela se palpe par l’augmentation des recettes en propre et l’élévation du taux de la réserve nationale en change. Le social aussi suit, avec en prime la baisse des prix des produits de première nécessité. Sans oublier les prix du coût des avions etc. Les moyens, il saura les mobiliser du moment que nous nous plaignons du coulage qui, aujourd’hui, est en train d’être éradiqué par l’IGF et la justice. Et cela avec le retour de la coopération avec les institutions de Breton Woods qui grâce à l’appui budgétaire et prêts multiformes, soutiennent les actions de l’Exécutif. Il y a lieu d’espérer.

Le travail de l’IGF qui est le gendarme financier de l’Etat réveillé de son sommeil par le président Félix Tshisekedi, est sujet de controverse. Les uns l’applaudissent, mais les autres estiment que si l’ANR a été l’instrument de Joseph Kabila pour anéantir les adversaires politiques, l’IGF l’est pour Félix Tshisekedi pour salir et écarter de la gestion du pays les sociétaires du FCC. Votre réaction ?

Non. L’Inspection générale des finances ne peut en aucun cas être le bras séculier d’un régime répressif. Au contraire, son activité dans un pays où on enregistrait 20 milliards de dollars de fuite en coulage des recettes publiques est à saluer. Observez vous-même la manière dont aujourd’hui les régies financières mobilisent, sans compter l’orthodoxie qui règne actuellement dans la chaîne de la dépense. Il est vrai que tout ceci prouve à suffisance que l’existence de ce service a été négligé, minimisé et boycotté dans le temps, et que son éveil actuel émane du soucis principal du chef de l’Etat de faire de l’orthodoxie financière du trésor public un apport dans sa vision.

Mais les reproches beaucoup formulés contre l’IGF c’est la précipitation dans les conclusions, le refus du contradictoire et  parfois le règlement des comptes, le cas par exemple de José Makila qui a été sanctionné avant même que les observations de l’IGF ne lui soient parvenues pour leur opposer sa réplique ! Aussi, l’angélisme de l’IGF mis à nu, éclaboussé dans un dossier louche de 2 millions d’euros. Et du coup, Jules Alingete ne semble pas être clean, un discrédit qui réconforte ses victimes, n’est-ce pas ?

Aucune loi n’empêche à l’IGF de promulguer les résultats finaux de ses enquêtes. Le public a besoin de savoir ce qui est fait en bien ou en mal de son argent. Et le fait que l’IGF communique sur ça est aussi une manière de dissuader les potentiels détourneurs et ça marche. Pour le reste, la contradiction est toujours permise aux services d’enquêtes et un temps de réponse est même accordé. Sans oublier le fait que le volet judiciaire après dénonciation par IGF offre à l’accusé la possibilité de se laver.

Le cas du sénateur Makila, malheureusement je n’ai pas d’éléments sur ça. Mais pour le dossier de 17 millions, l’IGF a raison. Le ministre de l’EPST a signé une note disant que les épreuves ne seront surveillées que par les enseignants. Car ces derniers sont tous bancarisés. Alors pourquoi est-ce que la prime de surveillance devrait suivre une autre voie que celle des banques et de Caritas Congo ? D’où le soupçon de corruption. Fondé sur le fait que la bancarisation permet de maîtriser le volume des effectifs et la rejeter, reviendrait à appuyer la corruption et le détournement. Maintenant, delà chercher à discréditer l’IGF par un raccordement frauduleux dans un dossier qui ne le concerne même pas, est appelé dilatoire en droit.

Soutenez-vous Jules Alingete parce qu’il est de votre coin de la province ?

Non je ne soutiens pas Jules Alingete en tant que individu, mais par contre je soutiendrai et défendrai toujours toute personne qui va incarner le changement tant recherché.

Changeons de sujet pour aborder la question de la CENI qui divise la classe politique. Il y a Touusaint Tshilombo, ancien du FCC comme vous, qui estime qu’au regard de la «comédie» tout autour de la CENI, il est temps de prendre notre courage pour « réviser la Constitution ». Faire de CENI une structure autonome du gouvernement rattachée au Ministère de l’Intérieur. Son équipe dirigeante nommée par le président de la république. Etes-vous aussi de cet avis ?

Une fois que la CENI va retourner sous la tutelle du ministère de l’intérieur, pensez vous que ça va changer l’état d’esprit actuel qui n’est basé que sur le soupçon mutuel et procès d’intention ? Le problème aujourd’hui c’est l’humain, c’est le Congolais. Et pire l’élite ! Car ne pensant qu’à son intérêt. Voilà Le problème. Aujourd’hui, la formule actuelle n’est pas mauvaise mais c’est l’application qui pose problème. Et pour cela j’accuse l’église catholique et l’église protestante d’être auteurs intellectuels du glissement qui pourrait arriver. A cause d’une inflexion qui ne s’explique que par une idée d’hégémonie. Malheureusement…

Avec ces agitations politiques autour de la CENI, voyez-vous les élections être organisées en 2023 ? Et s’il y a glissement, la faute est à incomber à qui ?

On a déjà perdu suffisamment de temps. Éviter le glissement va demander énormément de doigtés de la part de ceux qui vont diriger la CENI demain. Et s’il y aura glissement, ce sera à cause des églises  catholique et protestante.

  • Bendélé Ekweya té

À ne pas rater

À la une