Dédollarisation de l’économie congolaise : Tshisekedi appelle à une réflexion !

Lors de la quatorzième réunion du Conseil des ministres tenue le vendredi 6 août dernier, le président de la République, Félix Tshisekedi, a, dans sa communication, appelé à une réflexion profonde en vue de faire du Franc congolais une monnaie forte et stable. Pour cela, selon le compte-rendu fait par le ministre de la Communication et médias et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, le président de la République a encouragé le Gouvernement à concrétiser son engagement de mettre en œuvre des politiques macroéconomiques crédibles et d’accélérer les réformes structurelles devant, à terme, concourir au renforcement de la stabilité interne et externe de la monnaie nationale en vue d’améliorer significativement le pouvoir d’achat du citoyen congolais.

D’après le président de la République, le renforcement de cette stabilité pourrait aussi trouver écho dans l’accélération du processus de dédollarisation par l’application stricte d’une série de mesures visant à utiliser le Franc Congolais comme unité de compte pour toutes les transactions. C’est ainsi que Félix Tshisekedi a estimé que le Gouvernement et la Banque Centrale du Congo devraient, dans cette optique, consolider les efforts pour faire une Franc congolais une monnaie stable et forte.

En effet, la volonté du président de la République est celle exprimée par beaucoup de Congolais qui voient leur propre monnaie être faible face à certaines devises étrangères. Si sur l’ensemble du territoire le dollar américain est roi, à l’Est du pays, notamment les territoires voisins de l’Ouganda, privilégient beaucoup plus les transactions en Shilling en vue de s’approvisionner facilement en marchandises de toutes sortes dans ce pays voisin.

Tentatives tant échouées…

Le président Tshisekedi n’est pas le premier à penser dédollarisation de l’économie congolaise. Bien avant lui, l’ancien premier ministre Augustin Matata Ponyo avait, en 2012, manifesté sa volonté de faire imposer le FC dans toutes les transactions. «80% des dépôts dans des banques commerciales se font en dollar et 95% des crédits accordés par ces banques sont également libellés en dollar», avait fait remarquer son ministre délégué aux Finances, Patrice Kitebi, lors de la réunion de la Troïka, un forum qui regroupe les ministères des Finance et Budget ainsi que la Banque centrale du Congo (BCC).

A l’époque, le gouvernement Matata était très conscient que le FC n’avait pas de statut d’instrument de souveraineté. Ce qui rendait et continuer de rendre même actuellement inopérant la politique monétaire de la RDC parce qu’elle n’agit que sur la monnaie nationale qui est une petite partie de la masse monétaire en circulation.

Malheureusement Matata est parti fin 2016, soit quatre ans après, sans parvenir à dédollariser l’économie congolaise. Les paiements des frais scolaires et des loyers recommandés en monnaie nationale ont souffert pendant son mandat et continuent de souffrir d’exécution jusqu’à ce jour. Beaucoup de bailleurs obligent que les loyers leur soient payés en dollar sans que l’Etat ne pipe mot.

En octobre 2017, l’ancien premier ministre Bruno Tshibala, le remplaçant de Samy Badibanga, déclara la guerre contre «l’empereur dollar américain», selon ses propres propos. Alors que le taux était à 1.550FC pour 1 USD, Tshibala promit et jura qu’il allait ramener ce taux à 1.000FC voire en deçà pour 1 USD. Mais il est parti en mai 2019, laissant le taux pour 1 USD à plus de 1.800FC !

Avec un pays sans production intérieure et qui importe tout, à économie extravertie et dominée à 90% par les étrangers qui ont mainmise sur tous les domaines et secteurs, le régime de Tshisekedi parviendra-t-il à dédollariser cette économie ? Beaucoup d’économistes sceptiques lui donnent peu de chance. A moins qu’il commence, conseillent-ils, par améliorer la production nationale, la diversifier en accentuant sur la qualité et la valeur ajoutée…afin de rendre la monnaie nationale convertible sur le marché international. Simplement dit, la dédollarisation de l’économie congolaise ne demande que la production locale pour inverser la tendance actuelle de notre balance commerciale et par dessus tout de la balance économique. Aussi longtemps que cela ne sera pas fait, aucune ordonnance, aucun décret ni arrêté ne pourra venir à bout de cette tendance déficitaire.

  • Bendélé Ekweya té

À ne pas rater

À la une