Habituée aux scandales sans être inquiétée, la société Transport du Congo (Transco), vient une fois de plus de s’illustrer dans ce qui désormais devient son modus operandi : le vol. Cette fois-ci, c’est un rapport d’enquête tripartite effectué par Transco, Cobil et le ministère de tutelle accompagnés du syndicat du 10 au 11 juin dernier à Matadi, qui met à nu un vaste réseau de vol de carburant destiné aux bus interurbains (Kin-Kikwit, Kin-Matadi, Kin-Boma). Sur la sellette, le chef d’atelier, un certain Christian Gatti, connu comme beau-frère de Blackson Bongi, directeur général ad intérim « ad vitam eternam » de cette société publique.
Dans les audio de conversation de chauffeurs impliqués dans cette mafia parvenus à scooprdc.net, on entend les uns et les autres prendre rendez-vous, car l’heure est grave, dit l’un, et qu’il faudrait prendre de dispositions du fait qu’ils sont tous en difficulté.
Le fait pour Blackson Bongi le DG a.i de brimer son directeur technique n’a pas arrangé les choses, apprend-t-on, car le DG Bongi aurait de manière cavalière transféré la quasi-totalité des attributions du DT à son beau-frère le chef d’atelier promu à une vitesse éclaire. D’après les indiscrétions des syndicalistes, c’est Bongi en personne qui présentera le chef d’atelier à Cobil Matadi comme étant le nouveau Directeur Technique pour de besognes qui s’avèrent aujourd’hui établies, à en croire ce rapport. Soit ! Toujours est-il que, le DT aurait remarqué une consommation excessive de carburant sur les tronçons interurbains, connaissant très bien le réseau d’approvisionnement, il mènera sa propre enquête qui aboutira aux faits que les bus qui ne devaient s’approvisionner qu’une fois au départ de Kinshasa, l’étaient à deux reprises et qu’au retour malgré ce deuxième approvisionnement, les réservoirs étaient toujours vides.
En effet, les nouveaux bus Volvo Transco ont à la commande été construits avec un réservoir de 250 litres pour qu’ils ne soient pas approvisionnés en cours du voyage jusqu’au retour. Mais Christian Gatti et son équipe de mafieux se sont organisés pour qu’une fois qu’un bus arrive à Matadi, qu’il soit également approvisionné de 250 autres litres. Ce surplus une fois écoulé, l’argent était envoyé électroniquement par le biais de l’un des opérateurs de téléphonie mobile pour y être partagé aux bénéficiaires. Et depuis le début de l’année dit le rapport, c’est déjà au moins 5.000 litres de carburant qui ont été ainsi détournés au su et au vue du DG a.i.
Qui protège finalement Blackson Bongi ?
D’après les syndicalistes présents au Conseil d’administration ayant scellé le sort de ces magouilleurs, le directeur technique après avoir remarqué des anomalies dans la consommation de carburant et après avoir mené ses propres enquêtes, avait dans un rapport adressé au DG a.i avec copie aux administrateurs et à la tutelle, sollicité des enquêtes tripartite. Mais le DG Bongi après un mois de mutisme, s’est retrouvé coincé, car de manière inattendue, le PCA a dû accorder la parole au DT qui exposera la situation en plein Conseil d’administration.
Imaginez la colère de Bongi ! Pourquoi ce DG a.i gelait-il cette situation de vol ? Était-il bénéficiaire lui aussi de cette rente mafieuse ? Protégeait-il son beau-frère ? Autant de questions qui tendent vers l’affirmatif. Sinon, avec le rapport de l’ODEP publié en son temps, il était impensable que l’État congolais laisserait un seul jour de plus de gestion à Blackson Bongi après tous les scandales financiers, techniques voire des ressources humaines qu’a connus cette société et plus décriés que du temps de son prédécesseur Michel Kirumba. D’où la grande question : qui protège Blackson Bongi ?
A cette allure, les 440 bus nouvellement acquis par le gouvernement risquent de subir le sort des 500 arrivés 6 ans plutôt, dont les épaves enchevêtrées les unes sur les autres dans leurs entrepôts, apparaissent comme de reliques de la deuxième république, alors qu’ils ne sont arrivés qu’en 2014. Ce dossier mérite l’ouverture d’un second dossier judiciaire en l’encontre des gestionnaires de cette entreprise. Car tout propriétaire de véhicule qui s’approvisionne à la pompe à Kinshasa, achète sans le savoir du carburant pour Transco à travers cet achat de sa propre consommation.