Julien Nyamwenyi : Retraite journalistique honorifique et bien méritée !

Heureux soit-il cet homme de Julien Nyamwenyi qui vient de finir sa longue carrière journalistique qui s’achève à Radio Okapi de la Monusco. A 65 ans, l’âge de la retraite dans le système de Nations unies, Julien Nyamwenyi, parti d’un simple reporter en passant le secrétaire de rédaction pour finir comme rédacteur en chef avec le grade de NOP, a été fêté samedi 05 juin 2021, par ses collègues, actuels comme anciens, et certains amis et connaissances à l’espace Le Barbecue, dans la commune de la Gombe.

Comme pour lier l’utile à l’agréable, dimanche 13 juin 2021, date de sa naissance, une surprise agréable lui a été réservée par son épouse, la députée nationale Anne-Marie Mbilambangu en connivence avec certains collègues de son mari dont Pellet Kipela Mondo, à travers une réception à l’espace Binga à Kintambo. A Barbecue comme à Binga, l’homme a eu droit à des témoignages dignes d’un bosseur, rigoureux et professionnels.

Parcours journalistique…

Lorsque le 25 mai 2002, Rebecca Martensen,  à l’époque,  chef d’Antenne de Radio Okapi Kananga,  lui proposa de travailler avec elle,  Julien Nyamwenyi n’avait jamais imaginé,  une seule fois, qu’il terminerait sa carrière professionnelle aux Nations Unies. D’ailleurs, raconte-il, il était très sceptique. Il n’avait pas imaginé, non plus,  qu’il resterait aussi longtemps que possible. Il avait la certitude que c’était une étape comme furent les autres dans la presse nationale qui l’ont employé : c’est le cas du groupe Le Potentiel, comme reporter puis permanent au HCR-PT, Haut Conseil de la République-Parlement de Transition, avant d’être nommé enfin  Rédacteur en chef des services politiques du groupe.

Après sa démission du groupe Le Potentiel, en août 1996,  Julien Nyamwenyi intègre dès le lendemain,  le  Bi-Hebdomadaire  Perspective en qualité de Directeur des services politiques. Dans la foulée l’abbé Jeef Mbuyi, Directeur de la Radio Elikya et vicaire de la paroisse catholique de l’UPN,  son condisciple sur le banc académique de l’ISTI actuellement IFASIC le fera venir à la Radio catholique Elykia comme Rédacteur en chef pour mettre en place une rédaction. La montée en flèche de ce média catholique le fera connaître du grand public.

C’est par là qu’il sera « débauché » par Jean-Pierre Kibambi Shintwa avec son éternel ami Kabeya Pindi Pasi dit KPP, en vue de lancer la Radio et la Télé Kin Malebo, RTKM.  Il sera nommé  au poste de Grand Reporter jusqu’au jour où  arriva une autre radio, Radio Kin 3, née de la mainmise de ce  média privé par le régime afdélien. Dans la foulée du conflit né de la décision  gouvernementale de contrôler ce média privée, Julien Nyamwenyi sera  nommé Directeur de l’information par Dominique Sakombi Inongo, alors ministre de l’Information et de la Communication, Porte-parole du gouvernement. Une nomination aux conséquences professionnelles incalculables : la lecture  des « Editos » rédigés dans  son cabinet et dont on accusait Julien de ne pas les rendre avec conviction. Effectivement, avoue-t-il à Scooprdc.net, il ne croyait en rien de tout ce qu’il lisait. Il avait tenté de laisser cette charge sans succès à Christian Mulumba Kalumba, rédacteur en chef  de cette Radio devenu plus tard son collègue à Radio Okapi au desk sports. Le Ministre tenait à sa voix.

C’est donc dans cette péripétie qu’une initiative de lancer un journal est née. Faute de financement disponible, Kabeya Pindi Pasi et lui-même sollicitèrent Kibambi Shintwa pour financer l’opération. Ce dernier accepta leur proposition et adhéra au projet. Ce n’est pas tout, ils vont chercher l’une des meilleures plumes du pays mais surtout agencier de renom, André Ogobani Masudi dit Andoch  pour les intimes (NDLR : c’est leur condisciple de l’ISTI et feu père du journaliste Jean-Didier Ogobani de Radio Okapi).

Après une courte discussion, André Ogobani adhéra au projet.  La première réunion se tiendra le 26 juillet 1998 au bureau de CMCT. Le journaliste Paul Matendo était présent sans voix délibérative. Alors que la tension politique était observée sur la capitale Kinshasa, le Groupe Numérica naquit le 02 août 1998.  Julien Nyamwenyi en devient Co-fondateur, membre du Comité éditorial et Directeur en charge de l’administration et des Finances.

Quatre ans plus tard, Toussaint Tusavuvu, Directeur Général de TKM lui proposera d’assumer les charges de Directeur de la Radio et télévision RTKM-Kananga. Cela qu’il rencontrera Alain Biduaya, jeune technicien de cette radio et télévision, actuellement technicien de Radio Okapi. Ce dernier, témoigne Julien Nyamwenyi, l’impressionnera  dès la première semaine dans la maîtrise  des questions techniques alors qu’il venait de terminer une année plutôt au Collège Saint Pie X de Kananga. C’est donc après ce petit tour des médias qu’il a dû atterrir à Radio Okapi.

A la suite de l’expression de son scepticisme d’accepter le poste, Rebecca Martensen lui dira : «Julien, tu auras une autre expérience au bout du compte». Aujourd’hui, avec le recul de temps, cela s’avère vrai . Julien Nyamwenyi réalise qu’il a passé 19 ans et 7 mois au sein de la Mission des Nations Unies en RDC contre 15 ans dans les médias privés. Ça va très vite : près de 35 ans de vie journalistique.

«Comme vous le savez, faire ses adieux à ses collègues, avec qui on a partagé de beaux moments, est un exercice généralement émotionnel. Je voudrais éviter, en ce moment précis, juste ce côté émotionnel et sentimental pour vous dire, avec douceur que je suis très heureux d’avoir été parmi vous.  Le temps est donc venu pour moi de vous dire au revoir. Il me permet, en effet, de prendre mon repos après 35 ans de métier. Je dois vous l’avouer que c’est avec une joie immense que je vous adresse ce mot pour plusieurs raisons : des liens se sont créés et des visages,  hier  complètement inconnus,  sont aujourd’hui  devenus familiers et donc indissociables à présent de mon histoire personnelle, dont une page se tourne en ce jour. Je garderai cette belle page de mon passage ici», avait-il déclaré à la réception à Barbecue.  

Que de bons souvenirs…

Gardant de bons souvenirs de Radio Okapi, Julien Nyamwenyi témoigne : « J’ai eu également l’immense opportunité de parcourir ce vaste territoire de notre pays dans le cadre de ma profession grâce à Radio Okapi. De Kananga à Bunia en passant par  Kinshasa, Bukavu, Goma, Butembo, Kisangani, Lubumbashi, Kabinda, Tshikapa, Mbujimayi, Mwene-Ditu, Bandundu bref : j’ai parcouru  notre pays pour apporter ma petite pierre à l’édifice en vue de la construction  de la paix mise en mal  par la guerre opposant des différents belligérants pour  la conquête du pouvoir politique à Kinshasa. Mais comme on ne gagne jamais la guerre sans conquérir la capitale, j’étais devenu un oiseau voyageur comme bien d’autres collègues parmi vous».    

Il dit que dans ce contexte, il a rencontré des gens en détresse, des déplacés de guerre à Kisangani, en Ituri, notamment à Bunia, Mahagi, Kpandroma et à Fataki avec M. Lacy Swing. «C’était une opportunité de comprendre ce pays vaste dans toute sa diversité. J’étais à Kamina dans l’ex-grand Katanga et ailleurs. Dans ce parcours, j’ai rencontré des groupes armés complètement démunis vivant sur les dos des pauvres citoyens chassés de leur terre.   Je n’ai jamais oublié cette mission de Kamana dans l’actuelle province de la  Lomami avec Elysée Tshikota. Une zone qui était sous contrôle du Rassemblement Congolais pour la démocratie, RCD. Je me rappelle que nos interviews sur des questions sociales de la région  particulièrement celles de l’éducation étaient réalisées  dans une grande salle devant des hommes armés du RCD,  des canons pointés vers nous-mêmes et nos  interlocuteurs. Je n’ai pas non plus oublié mon reportage sur l’évacuation des ex-combattants ougandais qui avaient combattu aux côtés de Laurent-Désiré Kabila et de l’AFDL,  cantonnés pendant plusieurs années dans le territoire d’Ilebo dans la province du Kasaï. Un reportage qui m’avait valu des félicitations de la Rédaction centrale. Léonard Mulamba, à l’époque, secrétaire de Rédaction, me transmettait le message du Rédacteur en chef,  tard dans la soirée alors que j’étais déjà sur mon lit de l’hôtel du Kwilu à Kikwit».

Pour Julien Nyamwenyi, Bunia, ce centre de brassage,  restera aussi mémorable pour lui. Il l’avait permis de rencontrer plusieurs de ses collègues d’autres stations de Radio okapi mais aussi  produire des reportages dont un papier sur le rétablissement du courant sur la ville après trois jours d’obscurité. «La Rédaction en chef commanda un papier à diffuser à 20 minutes du journal de midi. C’était le papier le plus court mais le plus  complet 45 secondes qui m’a valu un long mail de Pierre Guillot. Isabelle Abric qui m’apportait ce mail me dira  en conférence de rédaction que c’est ce que nous attendons de vous», témoigne-t-il en déclinant en passant l’aveu d’Isabelle Abric selon lequel elle était donc ravie de cette expérience qui l’avait enrichi sur le plan professionnel. «Je garderai toujours un très bon souvenir de mon passage à Radio Okapi. C’est pour la première fois que j’ai assisté à ce vent de l’expression de la liberté dans les conférences de rédaction où l’on pouvait mettre en minorité le Rédacteur en chef, ses adjoints ou encore le chef de Projet de la Fondation Hirondelle et même le Directeur de la Radio», avait déclaré ISabelle Abric.

Julien Nyamwenyi avoue avoir énormément appris de lui sur le plan strictement personnel au contact de chacun d’entre ses collègues au cours de toutes ces années passées partout dans sa carrière en tissant bien plus des relations d’amitiés avec la plus grande majorité d’entre eux au fil des années.

«A travers le monde, la vie professionnelle dans les rédactions,  n’est pas un long fleuve tranquille. Les tensions, les incompréhensions et les conflits font partie de notre quotidien. Il faut les prendre  du bon côté.  Et c’est ce que j’ai essayé de faire pendant toutes ces années. Malgré des incompréhensions, naturellement liées aux enjeux et parfois au stress professionnels, pour ma part, je garderai une  très belle image de mon passage ici, d’avoir travaillé avec des  équipes  fantastiques, voire altruistes qui ont donné les meilleurs d’elles-mêmes malgré des vicissitude, et qui ont  fini par placée la Radio Okapi au sommet de l’art», tels sont les derniers mots de Julien Nyamwenyi à ses collègues de Radio Okapi.

Le directeur général de Scooprdc.net, Innocent Olenga, qui est sorti de cette école de radio onusienne avec la fonction de secrétaire de rédaction dit à Julien Nyamwenyi : «Heureuse fin de carrière journalistique bien méritée et bon repos MBUTA».

  • Bendélé Ekweya té

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