Le mercredi 9 juin, le Tribunal de Dakar a auditionné la direction de BBC Afrique, dans l’affaire qui l’oppose à Jacques Matand’ Diyamby, ancien journaliste de la BBC d’origine congolaise. C’est depuis plus d’un an que dure la procédure en justice.
Le juge voulait entendre les arguments des deux parties sur les conditions du licenciement. La BBC précise que Jacques Matand’ a été licencié après un message WhatsApp envoyé par une autorité rwandaise à un des responsables de la BBC à Londres, suivi d’un appel téléphonique de mécontentement. Cette version servie par la BBC est très loin des termes de la lettre de licenciement qui se fondaient sur une plainte du gouvernement rwandais qui accusait la BBC d’avoir été injuste, biaisée et inexacte ; et qu’il se réservait le droit de prendre des sanctions à l’encontre de la BBC.
La BBC poursuivait dans les motifs de licenciement qu’il y avait des manquements potentiels de la part de Jacques Matand’ Diyamby pour non-respect des lignes directives de la politique éditoriale globale de la BBC, parce que le journaliste aurait décidé de son propre grès et à l’insu de ses supérieurs de procéder à l’interview du Professeur Charles Onana sur l’opération Turquoise ainsi que de la diffusion du sujet qu’elle dit être « controversé ».
Durant plus de deux mois, l’interview a été diffusée plus de trois fois sur la radio et est restée sur le site internet de la radio. Pourtant la BBC tente de faire croire au juge que tout cela était passé inaperçu alors que chaque média a un conseil de rédaction, un secrétaire et un rédacteur en chef garant et responsable de tout ce qui se fait dans la rédaction.
Jacques Matand’ se dit surpris de voir que c’est seulement après l’appel d’une autorité rwandaise que l’interview est devenue subitement « controversée » pour cette chaîne qui affirme travailler avec professionnalisme et en toute indépendance.
L’avocat de Jacques Matand’, Me Ciré Clédor Ly, soutient que son client avait bien présenté le sujet en conseil de rédaction. Ce conseil étant l’instance première de décision dans une rédaction, n’avait trouvé rien à dire sur l’interview qui revêtait un caractère, journalistique, d’intérêt public, mais surtout basé sur un travail scientifique. Pour lui, la BBC cherche à noyer le procès en changeant intelligemment les motifs du licenciement basés sur une plainte, jamais prouvée, du gouvernement rwandais. Maître Ciré Clédor Ly précise qu’aucune instance ou autorité ne peut porter atteinte au droit à l’information du public sur des sujets et des œuvres d’intérêt général et historique.
La prochaine audience est annoncée pour le 5 juillet en vue de poursuivre l’enquête avec la production de preuves et auditions de témoins de part et d’autre.