L’affaire ressemble à une comédie de mauvais goût qui ne fait rire à cause de la gravité de ses conséquences. Un réseau mafieux bien organisé et bénéficiant de l’appui de certains magistrats et juges tente d’exproprier les investisseurs chinois de leur immeuble nouvellement construit à Kinshasa, au numéro 60 de l’avenue Uvira dans la commune de la Gombe.
Tenez, c’est en 2016 que le Chinois Ding Guomin rencontre le Congolais André Omba Djombi lui recommandé par ses amis chinois, pour des facilitations et certaines orientations. Ding Guomin tenait à investir dans les mines mais finalement les entraves et autres complications d’obtention des documents ont pu le décourager et l’ont poussé à revoir ses ambitions d’investissements parce qu’il avait déjà dépensé plus de 600 mille UDS partis en perte. Mais pour toutes les courses et facilitations obtenues de André Omba Djombi, ce dernier avait bénéficié de ses commissions.
Dans la révision de ses ambitions, le Chinois Ding Guomin décide d’investir dans l’immobilier. C’est ainsi que fin 2016 il achète la parcelle située au 60 de l’avenue Uvira, non loin de Pullman Grand Hôtel Kinshasa et les travaux de construction débuteront en juillet 2017 pour produire cet imposant immeuble ci-dessous de 18 niveaux avec parking souterrain et piscine au 18ième étage, baptisé «Aimée Tower».
En septembre 2020, sans qu’il le sache, son ancien «commissionnaire» André Omba Djombi se fait fabriquer un protocole d’accord visiblement antidaté d’un partenariat entre la Société chinoise pour le développement du Congo SARL de Ding Guomin et sa société à lui, Bercongo Europa SARL. Dans ce faux document de deux pages, André Omba Djombi qui estime que pour le fait que la Société chinoise pour le développement du Congo soit créée grâce aux facilitations de Bercongo Europa, s’est faussement attribué 25% de la somme global de tout investissement généralement quelconque effectué par la Société chinoise pour le développement du Congo.
Pire, dans ce faux protocole d’accord où André Omba a imité la signature du Chinois Ding Guomin, il est fait obligation à tout associé de Société chinoise pour le développement du Congo qui de manière individuelle ou collective achètera une concession minière, achètera ou construira un bien immobilier, effectuera toute importation ou exportation des marchandises, de payer individuellement ou collectivement les 25% à Bercongo Europa.
Mafia judiciaire et combines tribales à contribution pour l’expropriation
C’est avec ce faux protocole d’accord que André Omba s’amènera au Tribunal de commerce de Kinshasa-Gombe et assignera le Chinois Ding Guomin pour réclamer 21 appartements de cet immeuble au regard du protocole d’accord en sa possession. Sans que la partie accusée ne soit saisie, le Tricom rendra un jugement par défaut, sans appel et sans opposition. C’est en décembre 2020 que le Chinois a pris connaissance de ce jugement rendu par un juge tetela, en faveur d’un plaignant tetela défendu par un avocat tetela. La fibre tribale a bien fonctionné…
Déjà le Huissier qui faisait des significations cavalières, tenait à déguerpir les occupants de 21 appartements pour les mettre à la disposition de sieur André Omba. Ce à quoi les avocats du Chinois saisis, se sont opposés. Ils ont interjeté appel à la Cour d’appel de Kinshasa-Gombe qui a sursis l’exécution du jugement. Dans la réouverture du procès, la cour constatera que l’adresse d’habitation à Kinshasa communiquée par sieur André Omba est fausse, même celle de sa fameuse société à Lubumbashi, au Haut-Katanga, l’est aussi. Avec le concours de la police scientifique, il a été prouvé que la signature du Chinois Ding a été imitée.
Mais pour des raisons évidentes de promesses alléchantes de cession de quelques appartements aux juges, la Cour a miraculeusement confirmé le jugement du premier juge. Du coup les avocats du Chinois ont interjeté l’appel. En même temps ils ont saisi l’Inspectorat des services judiciaires qui a demandé en communication les dossiers. Mais curieusement, pendant que le dossier est pendant, c’est l’implication personnelle du procureur général près la Cour d’appel qui inquiète. L’on accuse Bonheur Luntaka Madi de s’être investi et d’être derrière André Omba d’ailleurs recherché par la justice pour «faux en écriture et usage de faux» dans ce dossier, et qui vivrait en clandestinité. Le PG Bonheur Luntaka serait descendu lui-même sur terrain pour faire exécuter le jugement alors que celui-ci est frappé d’opposition. Intervention louche…
Combines politiques en appui pour trafic d’influence
Outre la justice, André Omba s’est appuyé sur l’influence politique. Membre de la Convention de Congolais Unis (CCU) de Lambert Mende, il utilise ce label évidemment à l’insu de son autorité morale, pour faire bien marcher ses coups. Dommage que dans sa démarche d’exproprier les Chinois de 21 appartements à l’Immeuble Aimée Tower, il jouerait ce coup avec Thierry Monsenepwe, cadre influent de la CCU. C’est ce dernier qui, grâce à ses relations politiques, s’actionnerait pour que le butins n’échappe pas. Certains cadres de la Présidence seraient mis à contribution.
Comment peut-on avec ce genre de comportement décourageant, attirer les investisseurs au pays ? Quelqu’un qui n’a déboursé aucun rond pour un immeuble qui a englouti plus de 65 millions USD, veut par la magie d’escroquerie appuyée par la justice, s’octroyer 21 appartements dont le loyer mensuel est estimé pour chacun à 5 mille USD. Dossier à suivre !