«Bandoki» !, littéralement «sorciers», le mot a suscité des commentaires allant dans tous les sens, depuis qu’il a été prononcé par le chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo lors de son face-à-face avec la population à Lubumbashi. Pour certains, le président de la République a insulté ses compatriotes; pour d’autres, il n’y a rien d’insulte dans cette expression communément utilisée par tous pour qualifier ceux qui se soustraient de la logique de l’intérêt collectif.
Pour parler du contexte actuel dans lequel le mot a été utilisé par Fatshi, d’une part, il s’en prend à ceux qui fustigent son choix de nommer à la tête des provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu les gouverneurs militaires et anciens rebelles ; d’autre part, à ceux qui ne jurent que par la balkanisation du pays, en l’occurrence les partisans de la sécession du Katanga. Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit des personnes qui se mettent en marge de l’intérêt collectif dont la paix à l’Est du pays et l’unicité du territoire national.
Pourquoi certains compatriotes se sentent lésés alors que le président n’a nommé personne ? Comment qualifie-t-on des personnes qui se nourrissent et veulent constamment se nourrir du sang des autres, si ce n’est que «bandoki», «bena mupongo ou bena tshianda», «balozi», les sorciers ? Il y a lieu de croire ici qu’il y a des gens qui se reconnaîtraient dans la catégorie de ces «Bandoki» et qui s’agitent. Comme qui dirait : Qui se sent morveux, se mouche !
Non sans raison, la guerre et les conflits armés dans l’Est de la RDC sont d’ordre économique. Les tireurs des ficelles se recrutent certains Congolais même des politiques, qui travaillent avec des multinationales dans le seul but de leur permettre d’avoir une mainmise sur les minerais, les exploiter illégalement et s’enrichir illicitement. Et pour la sauvegarde de leurs intérêts égoïstes à eux tous, ils payent. Comment ? Avec le sang des autres malheureusement c’est facile…
Dans l’histoire politique de ce pays, le terme » bandoki » a été utilisé sans que personne ne s’en plaigne. Nous citerons : «Comité Central, bokeba na bandoki ; Mobutu, bandoki basili te!», chantait le grand maître dans «Candidat na biso». Lui même Mobutu parlait des «Badongolo miso». Mzee Laurent-Kabila qualifia les ennemis de la paix, ses anciens alliés de l’AFDL qui attaquèrent la RDC en 1998, de «Conglomérat d’aventuriers». Révolté par la coupure d’électricité et d’eau en 1998 à cause du dysfonctionnement créé au barrage d’Inga par les rebelles du RCD/Goma appuyés par les Rwandais, le Vieux Wendo Kolosoy les traita de «banyangalakata». Quant à Papa Wemba, il les aurait qualifiés de « Banda yese », de «Bantusa esprit» et de «Bangotobobo». Et tout Kinois qualifiera ces buveurs du sang, Bakata Katanga soient-ils, de «Ba ntshior».
C’est autant dire que chercher à transformer les circonstances dans lesquelles le terme a été utilisé relève tout simplement de la mauvaise foi. À moins que l’on veuille à ce que le chef de l’État fasse des yeux doux aux journalistes étrangers partisans, aux ONG de droits de l’homme aux agendas cachés et aux compatriotes qui ont choisi de trahir leur pays. Car appeler le chat par son nom ne peut aucunement constituer une insulte.